Sur StreetPress Antonio Incorvaia conseille aux jeunes précaires de « ne jamais se croire dans un reality-show » s'ils veulent réussir. Pour d'autres préceptes, lisez Génération 1.000 euros qui sort enfin en France.
Génération 1.000 euros est paru en 2006 en Italie. Depuis, il y a eu un blog, un film, des traductions en espagnol, en japonais ou en français… L’histoire d’un mec fauché, ça intéresse tant de monde que ça ?
Quand nous avons décidé d’écrire ce livre, personne ne parlait de la génération 1.000 euros. Après la parution les gens ont pris conscience du problème : les jeunes italiens diplômés sont sous payés et travaillent en dessous de leurs compétences. Le succès vient peut être aussi du ton employé dans Génération 1.000 euros : on utilise le même langage que ces jeunes. On fait parti de cette génération, on sait de quoi on parle ! Mais si le sujet est aujourd’hui traité par les médias, rien n’a vraiment changé depuis 2005. La situation est de pire en pire chaque année car personne ne faire rien pour résoudre la crise.
Vous même avez été dans cette situation précaire ?
Bien sûr. Avant ce roman, Alessandro et moi étions journalistes free-lance. Génération 1.000 euros c’est notre histoire mais aussi celle de notre génération. On a écrit à partir de conversations entendues dans le métro, les bars, les soirées… Dans ce livre tout est réel !
Claudio, est un héros fauché. A l’inverse, sa riche petite-copine Eleonora dépense sans compter. Pourtant, tous les deux ne parlent que d’une chose : l’argent. C’est une obsession en Italie ?
Il y a 10 ou 20 ans, quand les gens comptaient leurs sous, c’était pour étaler leur richesse. Aujourd’hui, les Italiens parlent d’argent pour montrer qu’ils sont pauvres. La situation a complètement changé. Parler d’argent est devenu une vraie obsession ! Conséquence curieuse, trouver un meilleur travail est devenu un second job: une fois le boulot terminé, on rentre chez soi éplucher les offres d’emploi en espérant trouver mieux. Les gens travaillent donc 24h sur 24 !
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Milan, les années 2000. Jeune diplômé, Claudio travaille pour une grande entreprise italienne, la MRW International. Avec 1.000 euros par mois et un contrat précaire, pas question de se payer des costards Armani et de rouler en Maserati. Le jeune homme est obligé de vivre en colocation : ambiance bon enfant jusqu’à l’arrivée des factures. Stages, boulots mal payés, frustrations et plans galère… Génération 1000 euros raconte avec humour et réalisme le quotidien précaire de la jeunesse italienne.
Surtout ne pas perdre espoir et ne jamais se croire dans un reality-show
Les Indignados espagnols ça a du vous faire plaisir ?
La situation de ces jeunes est la même : chômage, précarité, bas salaires… Mais la comparaison s’arrête là. En Italie, il n’y a pas de mouvement général de protestation. La Génération 1.000 euros n’a pas fait la révolution. Chacun se bat dans son coin pour ses problèmes, mais pas pour ceux des autres.
Comme votre personnage Claudio qui râle et compte ses billets plutôt que de manifester
Comme nous tous, Claudio est assez égoïste. Il aimerait que ça change mais au fond, il ne croit pas à ce changement. Voilà pourquoi il est si passif face aux ennuis. Quant à la manifestation, c’est quelque chose de très français ! Manifester ne fait pas parti de la culture italienne. Pour protester, les jeunes utilisent les réseaux sociaux. Descendre dans la rue c’est considéré comme dépassé, voire inutile.
Pourquoi est-ce si difficile pour votre héros de prendre une décision ?
Quand tu ne sais pas de quoi sera fait demain, ça devient difficile de prendre une décision. Que ce soit au boulot ou dans la vie privé : tout peut s’écrouler, d’un coup. Aujourd’hui, les jeunes vivent avec des angoisses de vieux. Ils ne savent pas si un jour, ils pourront réaliser leurs rêves.
“Générations 1.000 euros, A. Incorvaia et A. Rimassa, La fosse aux Ours, 181 pages, 17 euros”:http://www.amazon.fr/G%C3%A9n%C3%A9ration-1000-euros-Antonio-Incorvaia/dp/2357070218/ref=sr_1_2?ie=UTF8&qid=1317050782&sr=8-2
Dans une interview, Alessandro [l’autre auteur du roman] disait que « de cet état d’urgence on tirera une vertu, celle de l’adaptabilité. De fait, la plupart des individus en tirerons plus de frustration. » La frustration fera forcément parti de l’avenir ?
La frustration pour les jeunes, c’est de devoir s’adapter en dessous de leurs compétences. On leur propose des évolutions mais jamais pour un mieux, toujours pour un mois. Parfois ce sont des expériences qui n’ont rien à voir avec leurs études, leurs compétences ou leurs envies. Donc oui, la frustration fera parti de leur avenir.
Pensez vous que la situation changera pour la Génération 1.000 euros ?
A une condition : que les vieux dirigeants en poste laissent la place aux jeunes. Les personnalités de notre pays ont plus de 60 ans et s’accrochent à leur poste. Voilà pourquoi très peu de jeunes entrent en politique ou dirigent une entreprise. Tant que les jeunes n’auront pas accès au pouvoir, rien ne changera.
Un conseil pour trouver un super job à la rentrée ?
Rester confiant, même quand la situation est difficile ! Surtout ne pas perdre espoir et ne jamais se croire dans un reality-show, à attendre que quelqu’un change votre existence. Si j’avais un conseil, ce serait celui là : vous pouvez être le personnage principal de votre vie.
Aujourd’hui, les jeunes vivent avec des angoisses de vieux
bqhidden. Descendre dans la rue c’est considéré comme dépassé, voire inutile
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