Le secrétaire général du PCF Pierre Laurent « ne veut pas de formules qui montrent que l'on est dégouté de la politique », donc pas de « coup de balai ». Il l'a expliqué mardi 16 avril, devant 500 militants communistes. StreetPress y était.
Paris 19e – « Tout le monde a besoin de tout le monde dans le Front de Gauche » lance le très consensuel secrétaire général Pierre Laurent, juste après avoir entonné l’Internationale en cœur avec les militants communistes. Ils étaient nombreux à être venus l’écouter au gymnase Jaurès dans le 19e arrondissement de Paris ce mardi 16 avril. Une phrase du secrétaire général du Parti Communiste Français (PCF) qui fait référence aux dissensions entre Jean-Luc Mélenchon, et ses alliés communistes. Le tribun du Parti de Gauche (PG) avait réclamé un coup de balai en réaction à l’affaire Cahuzac. Du côté des militants, on est plutôt d’accord sur le fond, mais ça coince sur la forme.
Grand ménage – « Contre la loi du fric », c’est ce qu’on peut lire sur l’imposante affiche qui sert d’arrière plan à la scène. L’affaire Cahuzac, le grand déballage des patrimoines, et « le coup de balai » réclamé par Mélenchon, sont au cœur des discussions. Du côté de la nouvelle génération, la secrétaire fédérale des Jeunes Communistes de Paris, Shirley Wirden, lunettes et cheveux courts déclare soutenir clairement l’appel au grand ménage de printemps du leader du Front de Gauche. «Mélenchon ? C’est un coup de balai pour arranger les choses ! Alors que Marine Le Pen veut les empirer », lance la jeune femme, dans une jolie pirouette sémantique.
Tensions « On est contre la personnalisation, mais pour la VIème République » explique Shirley à propos de l’ancien candidat à la présidentielle 2012. Un bon résumé des débats qui traversent le Parti. Des différences que l’on retrouve aussi du côté de la base militante. Discrète dans le fond du gymnase, une prof de français entourée de ses deux enfants en bas âge, commente la situation: « On ressent des tensions au niveau local entre les communistes et le Parti de Gauche. Au niveau des municipales de l’année prochaine, il va y avoir des débats ».
Les communistes, pour garder leurs sièges aimeraient nouer des alliances avec le PS, ce qui n’est pas du goût du Front de Gauche. Elle, penche plutôt pour l’ancien socialiste, plus charismatique que Pierre Laurent, l’orateur du soir. Pour la prof de français, « le PC a un orgueil blessé de parti historique en déclin ». Tout cela ne serait qu’une histoire de jalousie, en fait.
Provoc’ Le PCF s’est réveillé avec la gueule de bois mais refuse de dessaouler. Comme Roger, le visage recouvert par une barbe façon Marx, qui apparemment a un coup de trop dans le nez « – C’est vous, Pierre ? », demande-t-il à un militant qui passait par là, croyant apercevoir Pierre Laurent. Dur, si même les cocos ne reconnaissent pas leur secrétaire national ! Un problème que ne connait pas Jean-Luc Mélenchon, habitué des plateaux télés, malgré les scuds qu’il lance aux journalistes. « Les médias aiment la provocation et Mélenchon sait l’utiliser pour être entendu » commentent Shirley et son amie, autocollants PCF sur le torse. Un côté provoc’ qui contraste avec Pierre Laurent, un peu effacé.
Roger, un coup dans le nez, a bien du mal à reconnaître Pierre Laurent
Nerveux vs. Timide pour Martine, 58 ans, militante PCF depuis 2 ans, issue d’une famille gaulliste picarde, la figure de proue du Front de Gauche est un homme selon son cœur : « C’est le genre de bonhomme que j’aime. Il est nerveux, mais il dit ce qu’il pense ». Elle qui officie à la sécurité pendant le meeting regrette d’un autre coté que Pierre Laurent soit timide : « Il a du mal à dire bonjour » affirme-t-elle. Le principal intéressé explique à la descente de la tribune qu’il a eu « des débats sur la forme avec le leader du Parti de Gauche. » Après avoir prononcé un discours de plus d’une heure, Pierre Laurent explique qu’il « ne veut pas de formules qui montrent que l’on est dégouté de la politique ». Une réponse au coup de balai que son camarade du Parti de Gauche appelle de ses vœux.
Manif Des dissensions sur la forme et la personnalité de Jean-Luc Mélenchon qui n’empêcheront pas tout ce petit monde de se retrouver le 5 mai pour « une marche citoyenne pour la VIe République ». Jean, jeune encarté communiste de Paris 8, qui connaît Marx sur le bout des doigts, pardonne les excès de l’ancien socialiste : « Il a eu une sorte de regain de conscience. Je lui fais confiance, pas comme ce traître de Robert Hue ». Et Jean de s’agacer de la hausse des prix… pendant le meeting : « Ils abusent un peu sur le prix de la bière quand même. » Espérons que la buvette sera plus abordable le 5 mai. En attendant, les jeunes communistes, à l’image de Shirley, promettent d’être présent « Le 1er mai, le 5 mai, dès qu’il faut descendre dans la rue, on est là ! »
Matthieu Bidan & Youness Rhounna
« Je fais confiance à Mélenchon, pas comme ce traître de Robert Hue »
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