Pour eux, la casquette est un objet précieux. Elle s'assortit aux chaussures et même « au slip zèbre » favoris du rappeur Gérard Baste. Des casquettes : les fans en ont des dizaines, mais s'ils en perdent une, ils ont «vraiment la haine» !
Mathieu – 26 ans – Responsable du stand New Era à Citadium
Entre 100 et 150 casquettes, vit seulement « 3 jours par an sans [sa] casquette, ceux où il y a un mariage ou un événement important »
Comment est née ta passion pour les casquettes ?
Depuis tout petit, j’ai toujours été intéressé par tout ce qui se rattache au sport. Qui dit sport dit équipement de sport. Donc j’achetais entre autres des casquettes. On en a une et après on en veut d’autres. C’est un enchaînement, ça devient un vice quoi ! On en veut toujours plus.
Le sportif porte forcément une casquette ?
Le sportif a forcément une casquette à un moment donné. Pour se protéger, soit de la pluie soit du soleil. Contre le froid et contre la chaleur aussi, pour éponger la transpi, pour ne pas que ça tombe sur les yeux quand il fait un effort. Puis aussi par sponsoring : même s’il n’en a pas l’utilité, un sportif devra forcément mettre une casquette pour montrer son appartenance à une équipe ou à une marque.
Quand tu fais du sport avec une casquette, c’est quoi le résultat ?
Forcément, elle prend la transpiration. Le tissu s’imbibe de sueur. Du coup après, c’est assez difficile de la récupérer parce que tu ne peux pas la laver, c’est cartonné. Donc tu changes régulièrement de casquette. D’où le fait d’en acheter beaucoup et d’en avoir de plus en plus.
Tu te souviens de ta première ?
Ouais ! En général, c’est toujours la première fois qui nous marque, comme la première fille. Je me souviens, quand j’étais petit, lorsque mon oncle allemand m’avait ramené une casquette Adidas du Bayern de Munich. Je devais avoir six ans. J’aimais bien cette équipe à l’époque donc j’étais super content.
Tu as des casquettes customisées ?
J’ai collé des patches ou j’ai fait des broderies sur certaines. Je peux ajouter des logos que j’aime bien. Souvent, j’essaie de rajouter un petit truc qui est cohérent avec la casquette. Par exemple, sur une casquette Pittsburgh, il y a juste un « P » en majuscule. J’ai créé un mot en écrivant « anam » à la suite du « P ».
Est-ce que ce n’est pas mauvais pour la calvitie ?
Bah de toute façon, je pense que si l’épiderme et les cheveux ne sont pas aérés, forcément ils ne respirent plus et ce n’est pas bon. Après la casquette n’est pas l’élément déclencheur pour la calvitie. C’est une histoire d’hérédité. Les teintures et les gels ce n’est pas mieux.
Est-ce que ça t’arrive de les prêter ?
Très rarement ! Je suis parti en vacances à Barcelone cet été, j’ai pris six casquettes et forcément il y a un de mes potes qui m’en a taxé une. A la plage, entre le soleil et l’eau de mer, elle a été délavée. Je lui ai un peu gueulé dessus après.
Tu portes une casquette différente pour chaque occasion ?
Une casquette selon les occas’, je ne sais pas. Mais une tenue selon les occas’ oui. Et après je suis obligé d’assortir la casquette à la tenue. Donc indirectement oui. Mais je ne vais pas choisir ma casquette avant mes fringues. En général je privilégie la paire de chaussures que je vais mettre, et après je porte la casquette qui va avec.
On en a une et après on en veut d’autres. C’est un enchaînement, ça devient un vice quoi !
Si l’épiderme et les cheveux ne sont pas aérés, forcément ils ne respirent plus et ce n’est pas bon
Gérard Baste – 40 ans – rappeur des Svinkels et animateur de l’émission Morning Star sur D17
365 jours et 200 émissions par an avec une de ses 100 casquettes sur la tête
Comment est née ta passion pour les casquettes ?
J’avais 14-15 ans. Mon daron travaillait un peu avec les Etats-Unis, donc il m’en ramenait. C’était les débuts du hip hop, années 86-87. A partir de là, j’en ai toujours porté. Quand j’ai commencé à faire beaucoup de concerts avec les Svinkels, je suis vraiment tombé dedans. Je suis devenu un peu boulimique des casquettes.
Tu avais un modèle en particulier qui te faisait kiffer ?
Non, mais quand j’étais gamin, c’était vraiment à mort les Beastie Boys. Après, eux ils avaient surtout des casquettes de trucker. C’était une autre époque. J’en ai beaucoup porté des comme ça. Sinon j’ai toujours kiffé les logos des équipes américaines, genre baseball, basket, football. Du coup, certains modèles que j’aime bien, comme les caps des Baltimore Orioles, je dois en avoir 7 ou 8.
C’est quoi ta première casquette ?
Quand j’étais gamin, les Los Angeles Raiders c’était vraiment le top. C’est NWA (Niggaz Wit Attitudes) et Ice Cube qui les avaient popularisées. Mes premières Raiders je les ai vraiment kiffées. Après je suis passé aux Boston Red Sox avec le « B » comme Baste. Celles-là elles m’ont fait craquer, j’en ai pécho plein. Je dois en avoir au moins 30.
Tu mets quelles casquettes à la télé ?
A la télé, comme on est sur fond vert, avec toutes les casquettes qui ont du vert, ça fait transparent. Je ne peux pas les mettre, alors que les casquettes vertes sont parmi mes préférées. J’en achète du coup un peu moins de cette couleur. Mais j’ai de la chance parce qu’à l’écran, ça ne se voit pas trop quand les casquettes sont crades. On ne se rend pas compte si elles sont abîmées, trop petites, un peu dégueulasses… ou qu’elles puent !
Tu en portes à chaque émission ?
Au début, je me faisais un point d’honneur d’en avoir une différente chaque jour, pour la matinale. Sinon, je mets des casquettes tous les jours, ça fait partie de ma personnalité. Souvent même j’en change dans la journée. Je vais partir avec une au travail parce qu’elle va bien avec mon tee-shirt, puis quand je sors pour faire les courses, j’en prends une autre qui correspond bien à mon blouson.
La casquette, ça ne fait pas hipster ?
Non, ça ne fait pas hipster. A la limite sur moi, ça peut faire vieux qui se croit jeune. C’est pour ça que maintenant je prends plutôt des casquettes sobres. Ce qui fait hipster, c’est peut-être d’y prêter trop d’attention, de vouloir absolument certaines marques ou certains modèles. Moi j’en ai vraiment rien à foutre ! J’ai fait une cinquantaine de concerts avec ma casquette zèbre. Je la mettais parce que j’ai un slip et un caleçon assorti. Comme souvent on finit en slip à la fin du show : slip zèbre casquette zèbre, ça envoie !
Ça te sert à quoi une casquette en dehors du look ?
Des fois, ça me sert à me cacher. Quand je m’en vais tôt du taf, si je n’ai pas envie de parler aux collègues que je croise. Souvent je baisse la tête avec la visière de la casquette, façon Sefyu quoi. Je peux aussi mettre une casquette pour que les gens ne me reconnaissent pas. En même temps, ils me reconnaissent plus quand j’en ai une sur la tête.
Un conseil à donner à tous les fans de casquettes ?
Non, il n’y a pas de conseil à donner, si ce n’est de ne pas laisser traîner sa casquette sur le canapé pour que les gens ne s’assoient pas dessus… ce qui est quand même un classique. Ou sinon de choisir celles qui te plaisent plutôt que celles qui sont à la mode.
Clip – Du PQ pour mon trou trou
A la télé, comme on est sur fond vert, avec toutes les casquettes qui ont du vert, ça fait transparent
Comme souvent on finit en slip à la fin du chaud : slip zèbre casquette zèbre, ça envoie !
Samia – 27 ans – vendeuse chez Platinium
Elle « cache sa timidité [sous sa casquette] environ 300 jours par an »
Quand est née ta passion pour les casquettes ?
Avant l’adolescence, dès l’école primaire en fait. C’est mon frère Rachid qui m’a offert ma première casquette. Il est fan aussi.
Est-ce que tu en as déjà jeté une ?
Jeter non, donner oui. Donner à des petits de mon quartier, dans le 18e. Parce que j’en ai trop en fait, j’essaie de m’en débarrasser. Ça m’envahit. Quand les modèles sont passés, j’en donne.
Pourquoi tu mets une casquette ?
J’aime bien. Ça me cache un peu aussi. Je suis timide. On voit moins mes yeux avec une casquette. Et puis c’est très utile pour masquer mes cheveux quand je ne suis pas trop coiffée. Il y a des matins où j’enfile juste ma casquette avec une grosse tresse en dessous, et voilà.
Si tu perds une casquette à laquelle tu tiens vraiment, tu fais quoi ?
Bah ça m’est arrivé au ski déjà. J’avais perdu une casquette couleur bordeaux à l’hôtel et on me l’a ramenée à la réception. J’étais trop contente ! Sinon j’en n’ai jamais perdu. Si un jour ça arrive, je rechercherais exactement la même.
Tu as un modèle people qui porte bien la casquette ?
Booba il met bien en avant ses casquettes dans ses clips. Après ce n’est pas non plus mon modèle.
Ton entourage, il en pense quoi?
Mon collègue me dit d’arrêter d’en porter parce qu’il trouve que j’en mets trop. Selon lui, comme je suis une femme, je devrais m’habiller de manière plus féminine. Pour moi les casquettes c’est mixte, mais mes potes disent qu’il faut que j’en mette moins.
Toi tu penses que ça fait garçon manqué ?
Ouais, un peu. Mais je vis dans un univers un peu street. Ça ne me gêne pas. Je suis beaucoup entourée de garçons.
J’en ai trop en fait, j’essaie de m’en débarrasser. Ça m’envahit.
Booba il met bien en avant ses casquettes dans ses clips.
%(upper)Maturin – 25 ans – vendeur au Printemps de l’homme /
Jérémy – 23 ans – businessman de la casquette%
A la mode new-yorkaise 300 jours par an et 230 casquettes au total
Pourquoi êtes-vous fans de casquettes ?
Maturin : Ca a commencé avec le basket. Sur les casquettes il y a beaucoup de logos d’équipes de NBA. Comme j’étais fan, c’est l’accessoire que j’achetais le plus quand j’étais petit.
Jérémy : A force d’être toujours aux Etats-Unis. Là-bas, c’est un peu comme les écharpes des équipes de foot en Europe, tout le monde porte des casquettes, qu’on soit blanc, noir, asiatique, qu’on aime le football, le basket, le hockey, le baseball. J’ai grandi avec ça.
Ça sert à quoi de porter une casquette ?
Jérémy : Porter des casquettes, c’est vraiment dans la culture américaine. Même un mec blanc de 35 ou 40 piges qui n’a rien à voir avec le milieu du hip hop et qui a grandi dans un milieu très aisé, va porter des casquettes. Il faut être allé aux Etats-Unis souvent ou y vivre pour comprendre.
Maturin : A la base, les casquettes sont associées à des équipes, que ce soit en football (US) ou basket. Aujourd’hui c’est plus large, il y a des marques comme Marc Jacobs, Carhartt, Supreme, etc, qui s’y sont mises.
Est-ce qu’il y a des casquettes que vous ne mettez jamais de peur de les abîmer ?
Maturin : Dès qu’on achète quelque chose il faut le porter et le montrer. Quand on a un bel ensemble, on s’habille bien, on est content. Ça fait un beau combo.
Jérémy : Il y a des casquettes auxquelles je fais beaucoup plus attention, comme des modèles exclusifs ou collector que je ne porterais jamais quand il va pleuvoir. En fait j’en ai tellement que je ne peux pas toutes les mettre. Il y en a que je n’ai jamais porté.
Est-ce que vous pourriez en prêter une ?
Maturin : Ca dépend à qui. Il y a des personnes qui, je sais, font pas mal la fête et qui peuvent renverser des verres dessus. A celles-là, je leur dis non, direct !
Jérémy : Si quelqu’un insiste pour me demander une casquette pour une soirée, et que je sais que c’est une personne qui fait vraiment attention à la chose, je pourrais lui prêter. Mais après ce ne sera vraiment pas n’importe quelle casquette. Si c’est une casquette à laquelle je tiens ou rare, ce sera non.
Vous avez déjà jeté une casquette abîmée ?
Maturin : Franchement non, je les garde vraiment toutes. Même les plus sales elles passent à la machine, il n’y a pas de soucis. Et puis comme en ce moment il y a une vague rétro, j’ai ressorti mes casquettes de quand j’avais 6-7 ans, comme celle des Chicago Bulls de 94.
Jérémy : Moi ça m’arrive assez souvent, surtout avec la casquette classique des New York Yankees, la bleue marine. En même temps c’est la casquette que tous les touristes rapportent quand ils vont à New York.
Pourquoi porter une casquette en dehors du look ?
Maturin : L’été ça protège pas mal du soleil. Après, on n’a parfois pas envie de se coiffer donc on met une casquette. Même chez moi je mets une casquette. Je suis bien avec. C’est quelque chose que j’apprécie d’avoir sur ma tête.
Jérémy : Quand j’étais petit c’était plus pour me protéger et bien sûr parce que je trouvais ça stylé aussi. Maintenant j’en porte beaucoup pour faire, comme on dit à New York, du matching. C’est la casquette qui correspond à la paire de chaussures, avec l’association des couleurs parfaites.
Si un jour vous perdez une de vos casquettes préférées, il se passe quoi?
Maturin : Je regarde direct si je peux en acheter une autre et si le modèle existe encore. S’il n’y est plus, là j’ai vraiment la haine ! Je pense que pendant une semaine il ne faut pas me parler.
Jérémy : La première chose que je me dirais : est-ce qu’il y a moyen de la racheter ? Et si c’est non, je serais vraiment dégoûté.
Il faut être allé aux Etats-Unis souvent ou y vivre pour comprendre.
bqhidden. J’ai ressorti mes casquettes de quand j’avais 6-7 ans, comme celle des Chicago Bulls de 94
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