Sur StreetPress Vanessa et Cedric racontent comment ils ont pu quitter «leur tente sur les bords du périph'» en 2 ans grâce à un accompagnement. Aujourd'hui ils ont un Jack Russell et un écran plasma. En attendant la Renault Evasion ?
30% des SDF à Paris ont entre 16 et 30 ans. Vanessa, 25 ans aujourd’hui et son compagnon Cédric, 29 ans, ont galéré pendant 2 ans et demi pour trouver un logement. De l’impossibilité de trouver un garant, au quotidien dans la rue, alors que Vanessa est pourtant en CDI. Ceux qui les ont sauvés : Des jeunes comme eux, bénévoles dans une association de réinsertion par le logement, qui les ont sorti de la spirale infernale des loyers exorbitants.
Paris – 11e arrondissement – Juillet 2011 : Au 1er étage sur rue, Cédric et Vanessa nous ouvrent la porte d’un petit deux pièces de 20 mètres carrés rue Basfroi. Dans cet intérieur chaleureux, tous les agréments de la vie de couple moderne : chien, télé, niche, machine à laver. Dans le couloir, des photos de famille et de Vanessa en première communion. C’est parti pour le récit de trois ans de vie, dont deux ans de galère pour trouver un toit.
Avril 2009 – Mai 2010: La galère
25 avril 2009: Une semaine après avoir signé un CDI, Vanessa, 22 ans, se fait jeter de sa coloc après une dispute. Elle et son ami, Cédric, 27 ans, atterrissent direct dans la rue. Du squat de jardins publics aux bancs en passant par le métro, tous les jours le couple galère pour trouver un toit. Le 115, numéro d’urgence pour les sans-abris, ne peut pas les prendre en charge : « Quand on appelait, il n’y avait jamais de places. En couple, c’est plus compliqué.» Et tous les matins, Vanessa retourne à son boulot d’auxiliaire de personnes âgées comme si de rien n’était.
Mai 2009: Cédric et Vanessa décident de s’acheter une tente et de s’installer dans l’herbe sur les bords du périph, à Porte d’Ivry dans le 13e, « juste à côté des voitures. » Se laver dehors, manger avec une gazinière, et le bruit des voitures en fond sonore. « Moi je dormais bien avec les voitures » avoue Vaness. Pour Cédric, par contre, impossible de fermer l’oeil « ça nous a crevé.» Un jour, un policier vient pour les expulser. Il pense avoir à faire à des roumains, leur demande d’ouvrir leur tente. A côté de leur matelas gonflable, un couteau, en cas d’agression nocturne par des voleurs ou des squatteurs. Bim, expulsés.
Novembre 2009: Pendant deux mois, Vanessa et Cédric dorment dans une cave, prêtée par un pote. Ils squattent dans un lit une place au sous-sol, sans fenêtre ni chauffage. Ils font leurs besoins dans un sac plastique qu’ils vont ensuite jeter dans la poubelle de l’immeuble. Le père de leur ami, qui veut récupérer la clef de sa cave, leur suggère gentiment de partir.
Février 2010: Une tante de Vaness, à Meaux propose de les loger pendant un mois.
Mars 2010 : En cherchant dans les pages jaunes, ils finissent par atterrir dans un hôtel au mois à Trilport (77). « Tout mon salaire y passait » avoue Vanessa, soit 900 euros par mois. A l’époque, Vanessa est en CDI, Cédric touche le RSA. Revenu mensuel du couple : environ 1400 euros par mois. Ils n’ont toujours ni garants ni argent sur leur compte pour déposer une caution. L’hôtel, sur les bords de la Marne est agréable, mais trop cher. « Et puis petit a petit on s’est rendu compte que c’était rempli de cas sociaux, de fous. »
div(hash). Cédric et Vanessa qui êtes-vous ?
Cédric a 29 ans et un niveau CAP de peintre en bâtiment et ravalement. Il a effectué de nombreux petits boulots (restauration, peinture) avant de se retrouver au chômage.
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Juin 2010 – Décembre 2010: Avec l’association SNL
30 juin 2010 : Le couple reçoit un coup de fil de Natasha, “l’assistante sociale de l’association Solidarités Nouvelles pour le Logement (SNL) qui prend en charge certains dossiers Dalo (droit au logement opposable) de la préfecture et offre un accompagnement personnalisé. SNL propose au couple d’intégrer un logement passerelle, un 2 pièces de 30 mètres carrés dans le 11e arrondissement, à condition d’être suivis par deux bénévoles de l’association, Irène et Barbara.
Début juillet 2010: Arrivée de Cédric et Vanessa dans l’appart, quartier Voltaire, avec pour bagages : « aucun meubles, juste un matelas dépanné par un ami, un peu de vaisselle et 2 chaises ». Le loyer est de 248 euros par mois avec les allocations au lieu de 600 à 800 euros normalement pour ce quartier.
Novembre 2010 : Pour meubler leur nouveau home sweet home, le couple se débrouille. Cédric trouve un billot de cuisine en bois et marbre dans la rue métro Faidherbe. Complété par de nouvelles trouvailles: un meuble de télé flambant neuf et un lit, acheté sur Le Bon Coin. Chaque mois, ils mettent un peu d’argent de côté pour acquérir un frigidaire, un canapé. Au bout d’un an, leur appart est meublé.
Décembre 2010 : Cédric perd la CMU . Vanessa panique : « je pensais que c’était ma faute. Que je gagnais trop et qu’à cause de ça, c’était à moi de payer toutes les dépenses maladie pour le couple. » Curieuse France que celle qui nous fait angoisser de trop gagner. Les bénévoles de l’association SNL leur apprennent que tout le monde en France a droit à la sécu. Cédric se greffe sur la mutuelle de Vanessa. Grâce à SNL, ils découvrent qu’il n’y a pas que les urgences en cas de maladie. « Je ne me soignais pas, j’avais peur que ça coûte trop cher » avoue Vanessa.
1.200 bénévoles sont mobilisés en Ile de France. Plus de 770 logements ont déjà été créés, plusieurs milliers de personnes accueillies puis relogées.
Pour Irène, bénévole, « L’avantage avec SNL c’est qu’on paie à la fin et pas en début de mois » Autre atout du système SNL : le dépôt de garantie, prélevé un peu chaque mois et non en une seule fois. L’accompagnement des personnes en difficultés est très important : il permet de les soutenir, de les aider concrètement au jour le jour, de « les familiariser avec tous les petits soucis du quotidien.» Barbara, autre bénévole précise : « L’accompagnement ne peut pas plaire à tout le monde et ce n’est pas un logement ad Vitam Aeternam ».