Emanuel Loeb, président de l'Isnih, était l'invité de l'émission politique de StreetPress et Radio Campus Paris. Il explique comment la France risque de s'orienter vers système de santé à 3 vitesses.
A quoi ressemblera le système de santé du futur ? Pourquoi les internes s’opposent-ils à la mise en place des réseaux de soins ? Voilà quelques unes des questions évoquées avec Emanuel Loeb , président de l’Isnih , qui représente les internes du milieu hospitaliers, pendant la « Matinale Politique », l’émission de StreetPress et Radio Campus Paris, que vous pouvez retrouver en intégralité ici :
Pour le représentant des Internes, la loi sur les « réseaux de soins », votée en première lecture en novembre dernier dessine le futur d’un réseau de soin à 3 vitesses, en ce qu’il permet déjà aux mutuelles de mieux rembourser leurs adhérents lorsqu’ils passent par des réseaux de soins agréés :
« Si la loi sur les réseaux de soin est mise en place, sur quoi cela va-t-il déboucher à terme ? Nous sommes en 2030 et ce qui risque de s’être développé, c’est un système de santé à 3 vitesses :
1. La France a une tradition universelle qui fait qu’on s’occupera toujours des patients les plus vulnérables. On aura donc toujours un système équivalent à la CMU actuelle , qui est finalement une sorte d’ « ObamaCare » . Les patients qui n’ont pas de moyens auront toujours la capacité de se faire soigner, néanmoins dans des centres publics. Et on sait que les centres publics en France sont déficitaires, donc dans des conditions d’accueil qui seront aussi précaires. Donc on soignera des personnes en situation précaire dans des conditions précaires.
2. Ensuite, il y aura la médecine pour les salariées. La plupart des personnes qui auront un emploi auront de fait une [mutuelle, ndlr] complémentaire liée à leur emploi. Mais une complémentaire qui [imposera] un réseau de soin. Donc il ne pourront pas aller consulter le médecin qu’il souhaiteront parce qu’un proche leur aura conseillé ou qu’ils auront une bonne relation avec ce praticien, non ils devront aller voir tel médecin [qui fera partie du réseau de soin]. Ils ne pourront pas avoir le type d’intervention qu’ils souhaitent, parce qu’on leur dira « si vous voulez avoir tel type d’intervention, il faut payer ». Donc ils auront une médecine conditionnée. Une médecine peut-être de qualité, mais conditionnée.
3. Enfin, il y aura une médecine hors-classe, qui sera probablement prise en charge par des assurances privées. Il faudra cotiser très cher, vous aurez accès à la médecine de pointe, mais par contre cela coûtera très très cher. Ce sera réservé à quelques uns… D’ailleurs peut-être à ceux qui nous dirigent. »