10/12/2012

6 d'entre vous ont accepté de nous raconter ce que le chômage a changé dans leur vie sentimentale

Fait-on moins l'amour quand on est au chômage ?

Par Elodie Font

Pour Pierre, être au chômage «décuple son envie». Guillaume se sent «moins inventif» quand Adeline préfère, elle, mettre un stop à ses relations avant qu'elle ne s'attache : «d'abord la vie pro, la vie sentimentale, ce sera pour après.»

Vous avez sûrement déjà lu une étude qui relie stress et baisse de l’activité sexuelle, voire stress et crise du couple, voire stress et fin du monde. Mais quelle est l’influence du chômage sur la vie sentimentale et sexuelle ? Plus ou moins d’envie ? Plus ou moins de temps pour y penser?

Évidemment, impossible de généraliser, comme toujours quand on touche à votre vie avec votre ange/votre cœur/votre amour/votre bébé/chaton (rayez la mention inutile), mais voici plusieurs témoignages pour éclairer les futurs experts qui se pencheront sur la question.

1 Remettre en question son couple

Pierre, 27 ans, au chômage depuis août 2012, cherche dans le social. Est en couple avec le même garçon depuis 8 ans, et ils habitent ensemble.

« Perso, le chômage a changé pas mal de choses dans ma vie sentimentale. Déjà parce que, comme j’ai beaucoup plus de temps, j’y pense beaucoup plus et ça décuple mon envie ! Toute la journée, j’attends le retour de mon prince charmant – d’ailleurs, je me compare souvent à une Desperate Housewife qui attend son mec en faisant le ménage ! Sauf que mon copain, lui, il bosse et quand il rentre le soir, il est crevé, il a pas forcément autant envie que moi. Du coup, ça crée un déséquilibre… Je compense en me faisant plaisir tout seul, mais bon, t’as vite fait le tour de la question.

En fait, je trouve qu’être au chômage a décuplé les problèmes de base de mon couple. Avant, quand je bossais, on ne faisait pas beaucoup l’amour dans une semaine, et là, avoir le temps pour y penser a remis à plat certaines choses. Mais c’est une remise en cause positive, c’est normal et c’est bien de se remettre en question quand ça fait 8 ans que t’es ensemble. C’est pas pour ça que le rapport que l’on a l’un à l’autre a changé. »

2 Se « toucher moins »

Gaëlle, 23 ans, au chômage depuis septembre et qui cherche dans le marketing. Célibataire avec quelques sex friends.

« Pour moi, la grosse différence, depuis que je suis au chômage, c’est que j’ai moins de temps ! Entre les démarches pour chercher du boulot, tous les problèmes administratifs annexes à gérer… je suis encore plus stressée que lorsque j’ai un travail ! Du coup, j’ai moins de temps pour faire l’amour.

Mais sinon, moi, je suis pas dans une relation stable, donc je me pose pas la question de comment gérer ma vie sentimentale au quotidien. Y’a deux mecs que je vois régulièrement, dont un qui habite loin, et quand je le vois, c’est vraiment une pause dans mes recherches, je peux passer 3 jours sans quitter le lit ! C’est vrai que, de base, je suis quelqu’un qui aime le sexe.

Et l’autre changement, c’est que je me touche moins ! Tu dois me prendre pour une folle, mais avant, limite c’était une fois par jour, et là comme je me sens stressée par pas mal de trucs, j’y pense moins. Mais ça m’empêche pas d’avoir toujours autant de désir quand je suis avec un mec. »

3 Moins inventif et moins de piquant

Guillaume, 26 ans, au chômage depuis avril 2012. En couple depuis deux ans et demi, habitant avec sa copine.

« Clairement, depuis que je suis au chômage, on fait deux ou trois fois moins l’amour par semaine qu’avant. C’est pas que j’ai moins envie, c’est plutôt que j’y pense moins, parce que je suis concentré sur ma recherche d’emploi. Et puis, quand on fait l’amour, ça reste très bien, mais je suis moins inventif, je mets moins de piquant. Truc tout con : quand on fait l’amour, c’est quand on se couche, ça va moins être dans la cuisine ou avec des petits trucs en plus.

C’est assez étrange comme sensation, parce que j’ai toujours aimé plaire, aimé séduire, mais là, je suis moins dedans. Je suis pas trop réceptif, en fait. Je pense que c’est aussi parce que, quand tu travailles pas, tu perds confiance en toi…Mais dès qu’on se fait des petits week-end ou qu’on part en vacances, alors là, ça revient très bien.

Mais là où j’ai de la chance, c’est qu’on en parle avec ma copine, qu’elle est très compréhensive. Et surtout, on sait tous les deux que ça reviendra quand j’aurai un boulot. Elle, ça la tracasse pas trop, moi un peu plus. Parce que j’aimerais bien être au top pour ma copine. »

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Fuck le chômage

Le taux de chômage des jeunes frôle les 25 %. Des mois que ça dure, mais difficile de s’y habituer. L’Europe, un tantinet inquiète sur le sujet, vient même de lancer un programme rempli de stages et de formations pour redresser la barre. Et pendant ce temps-là, vous êtes des centaines de milliers à chercher un boulot. À StreetPress, on a publié il y a quelques mois une série sur le quotidien des jeunes chômeurs. On avait envie aujourd’hui de savoir si la vie sentimentale et sexuelle pâtissait du manque d’emploi.

4 Flipper d’être moins désirable

Juliette, 26 ans, cherche dans le lobbying, au chômage depuis un mois et demi. Avec son copain depuis presque un an, habitant sous le même toit.

« Perso, le chômage a pas changé grand-chose, en tout cas ça ne change pas mon envie. Le seul truc qui a évolué, c’est que je suis plus sur lui que d’habitude. Le soir, quand il arrive du boulot, disons qu’il est plus fatigué que moi…

L’autre truc un peu ennuyeux, c’est que, quand il rentre, il me voit en train de glander et je préférais quand il me voyait très active. Surtout que j’avais un boulot avec beaucoup de responsabilités. Lui, ça peut peut-être faire évoluer son désir… D’autant qu’il est très impliqué dans son boulot, de plus en plus, même. Ça créé quelques petites tensions, mais pas non plus de disputes phénoménales. »

5 Plus compliqué de draguer

Quentin, 30 ans, au chômage depuis fin mai 2012, dans la com’. Était en couple depuis un an et demi, célibataire depuis août.

« Ce que ça a changé ? Ben avant, j’avais une copine, et plus maintenant ! Je dis ça, mais on n’a pas cassé parce que j’étais au chômage, c’était pas la raison. Mais peut-être que d’avoir plus de temps pour réfléchir a joué… Et puis on était en décalage : pour elle, fallait que je prenne le premier boulot qui se présentait, et moi, j’avais envie de trouver un boulot dans lequel je m’éclatais plus.

Mais depuis quelques semaines, j’ai à nouveau envie de draguer et je me suis rendu compte que c’était difficile d’attirer quelqu’un en étant au chômage. Déjà, t’as moins de possibilités de rencontres, et quand t’abordes quelqu’un, la première question, c’est « tu fais quoi dans la vie ?», et évidemment dire « je cherche du taf », c’est pas très engageant. Même si y’a 6 mois, t’étais un chef d’entreprise multimillionnaire, sur le coup, quand tu te présentes, t’es rien. Je trouve que t’as moins d’aura quand t’es au chômage, tu dégages pas la même énergie parce que tu passes 90 % de ton temps seul. Et là, ça commence à être lourd, parce qu’il fait froid et ce serait sympa d’avoir quelqu’un qui soit dans mon lit ! »

6 Ne surtout pas s’engager

Adeline, 28 ans, au chômage depuis 2 ans, cherche dans les relations internationales, vient de retrouver un temps partiel, mais continue à chercher et à « se sentir au chômage ». Célibataire, avec des sex friends passagers.

« Comme je postule à droite, à gauche, et même à l’étranger, j’ai pas envie de m’engager. C’est prendre trop le risque de s’attacher. Du coup, au début de mon chômage, je me mettais des stops direct dans ma tête dès que je commençais une relation. Je me disais, faut que je m’occupe d’abord de ma vie professionnelle, la vie sentimentale, ce sera pour après. J’ai pas fait 6 ans d’études pour gâcher des opportunités de boulot pour un mec.

Mais maintenant, je me sens un peu coincée… J’ai toujours pas le boulot de mes rêves, mais je commence à en avoir marre des plans cul, j’essaie de réduire les stops que je me mets dans la tête, mais c’est pas évident. C’est dur de relâcher la pression, quand t’es pas encore apaisée. »

bqhidden. J’ai pas fait 6 ans d’études pour gâcher des opportunités de boulot pour un mec.