Après 10 ans et 3 colocataires successifs, David fourmille d'anecdotes croustillantes. Même s'il le sent bien, il est à la fin de son « ère coloc » : « J'ai plus trop envie de demander avant d'amener un pote pour boire l'apér
David détonne dans notre série de portraits de colocs : comme vous pouvez facilement le constater, il apparaît seul sur la photo (avec son double). Et pour cause : David est en train de changer de colocataire – Lise, son ex-coloc, vient de trouver un job dans le sud de la France. Et le jour où il nous accueille à l’heure du café (libre à vous d’imaginer laquelle), alors qu’il pleut des trombes d’eau, il est tout seul dans l’appart.
Mais si son portrait nous intéresse, c’est parce que David a une sacrée expérience de la colocation : voilà presque 10 ans qu’il habite à la même adresse, dans le 15e, à proximité de Convention. Et il a une bonne dose d’anecdotes à nous raconter.
T’as eu combien de colocs en 10 ans ? Bientôt trois ! Et pour la première fois, je vais habiter avec un mec – mes deux précédentes colocs, c’était des filles. J’ai habité avec Emilie, d’abord, pendant 7 ans. On se connaissait bien, on s’est rencontrés à l’école de Chaillot – je précise qu’on n’a pas couché ensemble, hein, c’est une règle de base en coloc ! Elle est partie parce qu’au bout d’un moment, elle a eu assez d’argent pour s’acheter un appart. Mais on se revoit encore régulièrement.
Du coup, en 2010, quand elle est partie, je me suis demandé si je me barrais ou pas, et puis finalement, j’ai remis ça, à nouveau avec une fille, Lise. Quand elle est arrivée, on a changé toute la déco du salon pour qu’elle s’approprie l’espace, et j’ai changé de chambre. C’est drôle, en y pensant, je me dis qu’ une coloc avec une fille, c’est une sorte de palliatif au couple, t’as les inconvénients d’une vie à deux sans les avantages mais sans la pression. C’est peut-être parce que j’ai habité si longtemps avec des filles que je suis toujours célibataire !
> Lise, gérante d’une boutique de fringues%
Pourquoi avoir continué à vivre en coloc ? Honnêtement, pour des raisons matérielles… Quand je regarde les prix de l’immobilier, et que je vois le prix de mon appart actuel (moins de 1.000 € pour 50 m2, ndlr), j’ai envie de rester encore un peu ici ! Je me voyais pas dans un appart minuscule – d’autant que je suis en train de monter ma boîte donc je bosse pas mal de chez moi.
Je me suis dit « allez, je reste » en 2010, et là, maintenant que Lise part à son tour, je me suis reposé la question et je me suis répondu de la même manière ! Après, faut pas se mentir, je suis sur la fin de mon ère coloc. Je sens que j’ai besoin d’autre chose, même si toutes mes colocs se sont bien passées. Je pense rester ici encore un an, pas plus.
Toi qui habite en coloc depuis tant d’années, quels sont les pièges à éviter ? Haha, je pense qu’il faut trouver une organisation qui convient aux deux. Moi, par exemple, je ne fais quasi jamais le ménage, c’est Lise qui prenait en charge tout ce qui est produits ménagers et moi, en échange, je payais Internet et Canal.
Là, avec mon coloc qui arrive, Mathieu, on s’est déjà avoués qu’on n’était pas portés sur le ménage, du coup, on va embaucher une femme de ménage. Là, on a déjà évité 80 % des conflits potentiels !
Et sinon, je pense que la coloc idéale, celle avec la meilleure énergie – même si ça fait des années que je vis à 2 – c’est une coloc à 3. J’en ai fait une quand j’étais bien plus jeune, et j’en ai des souvenirs géniaux.
Et avec Lise, vous aviez mis en place des règles ? Non… les deux premiers mois, on se faisait des réunions de coloc pour voir si tout allait bien, mais après ça se fait tacitement. Ni l’un ni l’autre, on avait la volonté de changer l’autre. Ce qui est rigolo, c’est qu’on s’est dit, et l’un et l’autre, que d’habiter comme ça, à deux, ça nous faisait nous sentir plus prêts à habiter en couple, on arrive mieux à accepter les petits trucs exaspérants de l’autre. Genre moi, ça fait un peu ridicule raconté comme ça, mais je mets toujours mon gant de toilette à sécher sur le lavabo de la salle de bains, et ça agaçait Lise. Mais je fais ça depuis que je suis tout petit, c’est ancré en moi ! Du coup, elle a fini par passer au-dessus !
Ça, j’ai pas réussi à le changer en moi, mais même si on n’a pas mis en place de règles, inconsciemment, tu modifies quand même des détails chez toi. Ça fait partie des alliages intéressants de la coloc, je trouve. Genre, Lise regarde beaucoup de clips à la télé le matin, j’avais jamais fait ça, mais maintenant… j’aime bien !
Je ne fais quasi jamais le ménage, c’est Lise qui prenait en charge tout ce qui est produits ménagers et moi, en échange, je payais Internet et Canal.
A force, est-ce qu’il t’arrive de manquer d’intimité ? Parfois, ça manque, oui, mais ma chambre est assez grande. Ça me fait penser à une anecdote rigolote : c’était pas dans cette coloc, mais quand j’habitais à Montréal, il y a bien longtemps. Un soir, on avait tous ramené une meuf ou un mec et on pensait tous être seuls dans l’appart. Sauf qu’à un moment, tous nos coups d’un soir sont allés aux toilettes au même moment, à moitié nus. Ils se sont mis à crier, c’était très drôle.
Je pense à ça, mais globalement, j’ai pas beaucoup d’exemples dans le style. Lise était discrète et elle avait le sommeil super lourd. Pour te dire, je me souviens, une nuit, j’avais oublié mes clés, et j’ai dû sonner pendant 45 minutes avant qu’elle m’entende. Tout l’immeuble était réveillé, sauf elle !
Mais s’il faut un mot de la fin, je me suis toujours senti libre dans mes colocs, c’est pour ça que je n’ai pas quitté cet appart d’ailleurs. Mais je crois que j’arrive juste à un âge, ou à un moment de ma vie, où j’ai plus trop envie de demander à quelqu’un avant d’amener un pote chez moi pour boire l’apéro.
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