Open tribunal pour tout le monde ! Saviez-vous que n'importe qui peut assister aux procès ? Mathieu et Liz, par exemple, sont entrés parce que « Beaubourg » n'était pas encore ouvert. Fabien voulait, lui, confronter sa fille « à la réalité. »
Liz et Matthieu, 17 et 18 ans, étudiants en éco/gestion à Grenoble, en route pour la cour d’assises (salle n°3)
C’est votre première fois au Palais ?
Matthieu : Oui !
Vous êtes rentrés pour vous réchauffer ou pour une audience en particulier ?
Liz : On est venus par hasard. Au départ, on voulait aller à Beaubourg, mais ça ouvrait à 11 h, puis on voulait aller à l’hôtel de ville, mais ça n’ouvrait qu’à 10 h. Du coup, on est passés par là et on s’est dit pourquoi pas… C’est notre sortie culturelle !
Vous avez assisté à beaucoup d’audiences depuis ce matin ?
Matthieu : Ce matin, on est rentrés dans la première salle ouverte, au hasard ! C’était une correctionnelle, donc on n’a pas vu des trucs mirobolants, mais c’était sympa quand même ! Les assises étaient fermées. On est partis déjeuner et on est revenus cet après-midi pour ça ! L’audience est suspendue mais elle reprend dans 1 heure !
Liz : C’est très intéressant, c’est marrant de voir comment ça se passe en vrai.
Ça donne envie de bosser dans le milieu de la justice ?
Liz : Pas vraiment ! Pour faire du droit, il faut être passionné, et c’est pas mon cas. Mais être juré, oui, j’aimerais trop ! Ça doit être une super expérience !
Matthieu : Moi je suis en admiration par rapport à ces métiers-là, mais il y en a d’autres qui m’intéressent plus. Pour être juré, je suis complètement d’accord avec Liz.
Qui vous rêvez de croiser dans ces couloirs ?
Liz : Un grand criminel ! C’est peut-être bizarre mais j’aimerais bien voir une affaire de tueur en série, un truc un peu hard.
Matthieu : Oui, un truc un peu dramatique !
div(border). Le Palais ouvert à tous ?
Situé sur l’île de la Cité, le Palais de justice est ouvert à tout le monde, du lundi au vendredi, de 8h30 à 18h30. L’entrée du public est au 10 boulevard du Palais, dans le premier arrondissement. Contrôlée par des gendarmes, elle a des airs d’aéroport : appareil pour passer aux rayons X les sacs, portique de détection et fouille corporelle pour le public. Passée cette étape, un long couloir en bois mène directement aux chambres correctionnelles (la 16ème et la 17ème). L’intérieur est majestueux, 24 kilomètres de balade vous sont offerts. Et libre à vous de rentrer dans une salle d’audience.
C’est peut-être bizarre mais j’aimerais bien voir une affaire de tueur en série, un truc un peu hard.
Fabien, enseignant, 41 ans, près de la 16ème chambre correctionnelle
Vous avez assisté à quelle audience ?
Deux jugements pour coups et blessures volontaires. Je suis venu avec mes deux filles parce que c’est bien, ça impressionne un peu les jeunes. Il y a une banalisation de la violence aujourd’hui, et ça permet de se confronter à la réalité.
Vous venez souvent ici ?
Non, pas vraiment, mais je suis déjà venu. Aujourd’hui, je suis là pour ma fille, qui va peut-être s’orienter vers des études de droit. Les dernières fois, j’étais venu avec des amis. Disons que je suis curieux, que ce milieu m’intéresse. Après, je ne me dis pas, tiens si j’allais assister à un procès, mais si je suis dans le quartier, je viens volontiers !
Vous avez déjà assisté à un « gros » procès ?
Non, j’ai jamais assisté à un jugement d’assises, mais j’aimerais bien. Ça doit être plus impressionnant, l’approche est tellement spectaculaire qu’on se prend à entrer dans l’histoire. Une vraie dramaturgie. En correctionnelle, les choses s’enchaînent très vite, le côté psychologique est survolé, on en vient vite à la peine. Même si, même en correctionnelle, ça donne l’impression d’être au théâtre !
Justement, que pensez-vous de cette mise en scène théâtrale ?
Elle joue un rôle sur le public. Ça rend les choses passionnées et passionnantes, mais je ne suis pas certain que ces effets de manche aient un impact sur le fond de l’affaire. En tant que public, c’est plus attrayant, ça rend les débats plus dynamiques. Si les choses étaient monocordes, il y aurait moins de monde.
Êtes-vous un fan de séries policières ?
Je suis régulièrement les émissions qui dissèquent les procès. Les émissions policières, les enquêtes, les séries aussi… En fait, je suis assez bon public, facile à distraire !
Je suis venu avec mes deux filles parce que c’est bien, ça impressionne un peu les jeunes
Si les choses étaient monocordes, il y aurait moins de monde.
Doriane, 25 ans, assistante d’édition, sortant de la 12ème chambre correctionnelle
T’es une habituée du Palais ?
Non, c’est la première fois que je viens.
Pourquoi tu es venue ici ?
Deux choses. J’ai fait un master de droit de la culture, et cela a développé chez moi une curiosité, une curiosité citoyenne, par rapport au milieu juridique. En tant que citoyen, on a un droit de regard sur les affaires juridiques – même si j’ai attendu d’avoir 25 ans pour venir, pour avoir du recul. Et mon ami est très intéressé par le droit pénal. Toutes les discussions qu’on a eues sur le sujet m’ont donné envie d’en savoir plus.
Alors, premières impressions ?
Je m’attendais à une bien meilleure élocution ! C’est vrai qu’aujourd’hui, je me suis surtout attachée à la forme (les lieux, les gens etc…), mais quand même : dans le procès que j’ai suivi, j’ai été assez choquée par des petites blagues entre le procureur et l’avocate de la défense, juste avant le verdict. Il y a eu une petite minute de rigolade entre eux. Puis le verdict est tombé, « un an d’emprisonnement ». C’est un manque de respect vis-à-vis de la personne concernée.
L’affaire à laquelle t’aimerais assister ?
Une qui toucherait aux viols, aux agressions sexuelles sur mineur ou aux violences conjugales… Le problème c’est qu’on ne sait pas en arrivant devant une salle quel est l’objet de l’audience. Du coup, aujourd’hui, j’ai suivi une audience où il était question d’usurpation d’identité, rien à voir !
Pourquoi, selon toi, il y a autant de public aux audiences ?
Il y a une grande majorité d’étudiants, je pense. Ou des gens qui ont, peut-être, déjà été confrontés à la justice et qui ont envie de revivre leur procès. Ou de voir comment la justice est rendue.
Je m’attendais à une bien meilleure élocution !
Karim, 26 ans, interne en médecine, en pause café entre deux audiences
C’est la première fois que tu bois un café au Palais ?
Oui ! J’accompagne ma compagne qui est étudiante en droit et qui doit faire un travail pour la fac.
Tu t’attendais à cela ?
Oui, globalement. Je m’étais imaginé plein d’affaires qui vont vite, et, comme j’étais en chambre correctionnelle, c’était le cas. Mais peut-être qu’une prochaine fois, j’irai assister aux assises.
Tu comptes revenir alors ?
Peut être, oui ! Par curiosité, et aussi pour le côté théâtral, notamment les plaidoiries. Après, il y a autre chose qui m’intéresse, c’est le côté psychologique d’un procès d’assises.
Cette mise en scène t’inspire quoi ?
Quoiqu’il arrive, c’est utile, il y a un côté solennel qui est important pour que le prévenu prenne conscience de ce qui lui est reproché. Dans un bureau, en chemise, ça perd de sa solennité.
Tu es fan de séries policières ?
J’aime bien, mais je ne suis pas un grand fan. Plus que le côté juridique de ces films, c’est le côté « enquête » qui m’intéresse. Après, je ne suis pas du tout les grands procès. Quand on regarde le journal, on y est confronté, comme l’affaire DSK par exemple, mais je ne les suis pas en détail.
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