Le sang de jeunes vierge comme lotion anti-rides, une cougar du 16ème siècle, Julie Delpy a trouvé la recette idéal pour plaire à StreetPress.
Pas un nanar à la sauce vampire
La comédienne Julie Delpy a eu le nez creux : elle a compris toute l’intensité dramatique contenue dans l’histoire vraie et tragique de la comtesse hongroise Elizabeth Bathory (1560-1614). Ce fait divers historique est à lui seul un scénario idéal dont on s’étonne qu’il n’ait jamais fait l’objet d’une adaptation sérieuse et appliquée. Au contraire, ce personnage a souvent été intégré dans des téléfilms ou de vrais nanars à la sauce vampire (comme Dracula’s Curse 2006).
L’histoire vraie d’une Dracougar
Le film retrace la vie sanglante de la comtesse hongroise Elizabeth Bathory. Celle-ci aurait pris goût au massacre de vierges dont elle tirait du sang frais utilisé comme lotion anti-rides. Plus d’une trentaine de jeunes filles auraient ainsi été sacrifiées au profit de l’épiderme de la dite comtesse. L’angle choisi par la comédienne-réalisatrice est simple et efficace : il n’y a que l’amour pour conduire la comtesse quarantenaire à un tel niveau de folie. Et c’est la passion destructrice qu’elle aurait éprouvé pour le trop jeune Istvan Thurzo de presque vingt ans son cadet (incarné par Daniel Brühl, vous savez, le jeune et « sympathique » officier nazi de Inglorious Basterds) qui l’aurait logiquement menée sur la voie du crime en série et de la quête de la jeunesse éternelle.
LA COMTESSE de Julie Delpy, avec Julie Delpy, Daniel Brühl et William Hurt. 94 minutes
Vu Gaumont Parnasse Samedi 15h50 salle 5 pleine (mais petite)
Public: CSP ++ dont une mamie irascible
Bu un Pulco citron
Note: 4/5
Julie Delpy s’en sort avec élégance
Ce parti pris est tenu par un scénario solide et des dialogues ciselés. Et tout est juste dans ce film dont la réalisatrice a su élégamment éviter les écueils trop gore (quoi que… âme sensibles s’abstenir), la mièvrerie romantique ou la reconstitution historique étouffante. Julie Delpy a su tirer profit du budget limité dont elle disposait pour se concentrer sur l’essentiel. Elle a également bénéficié d’une distribution idéale avec le renfort du prestigieux William Hurt. Seul reproche : une mise en scène qui reste dans des sentiers trop académiques pour nous surprendre. Mais c’est un moindre mal dont on se contenterait volontiers plus souvent.
La bande-annonce de La Comtesse
Source: Benjamin Gans | StreetPress