Sur StreetPress, le Mister basket du Paf n'est pas nostalgique de l'Age d'Or période Jordan. Ce week-end il commente la finale de l'Euroligue dont la Fédération Française devrait s'inspirer pour ne pas couler. Ça dégaine : mettez vos casques !
- 16 Juin 1956 : Naissance en Floride, d’une mère française et d’un père américain.
- Années 70 : Joue à l’Université de Floride, où il se fait chaque année évincé de l’équipe première. En profite pour obtenir un diplôme en criminologie.
- 1977 : S’installe en France dans sa famille maternelle à Chatou (78). Il joue à l’Alsace de Bagnolet, en première division à l’époque. C’est le 2ème joueur américain pro à évoluer en France. Il devient pote avec Jacques Monclar.
- 1985 : Entre au service des sports de Canal + comme spécialiste du basket et du football américain.
- 1992 : JO de Barcelone, George trouve sa personnalité de commentateur sportif sous l’influence de Thierry Rey. Les premières briques sont lancées, messieurs-dames !
- 2010 : Totalise plus de 11.000 heures d’antenne télé, 18 Superbowls, et 14 finales NBA en direct.
Salut George, bon première révélation l’accent n’est pas postiche ?
Oh non !
Pourtant quand j’étais au collège la légende urbaine c’était que tu t’entrainais à parler américain en écoutant des cassettes…
C’est une plaisanterie que j’ai sorti il y a longtemps disant que tous les matins j’écoutais des cassettes de Jane Birkin dans la douche pour entretenir mon accent ! Au début c’est clair que mon accent m’a aidé, mais ce n’est pas grâce à ça qu’on te laisse travailler pendant 25 ans à la télé. D’ailleurs j’ai progressé par rapport à mon français depuis mon premier match en 1985.
Comment tu as fait ?
Lire l’Équipe, ça m’a beaucoup appris !
Tu as pas mal appris de vocabulaire pour passer de l’Équipe à des expressions telles que « le lancé de briques » ?
Oui, et j’ai même eu un effet sur l’évolution de la langue française. On a importé des expressions des grands commentateurs américains: Slam Dunk, Coast to Coast, Money Time… Tout un tas d’expressions qui sont entrées dans le langage courant du sport français.
L’expression dont tu es le plus fier c’est laquelle ?
Money Time, je la vois utilisée partout. Et surtout quand j’allais sur les playground parisiens j’entendais les gamins utiliser ces mots là. On a eu une influence sur une génération, on est un peu fiers de ça.
George Eddy
Bon sinon ce week-end c’est le Final Four de l’Euroleague à Paris. Tu as quelque chose de prévu ?
Comme d’habitude je commente les matchs en alternance avec Jacques Monclar. On fait une demi-finale chacun le vendredi et je commente la finale dimanche.
Ça sera sur Canal ?
Non c’est sur Sport+.
Voilà où je veux en venir, le Final Four de 2000, déjà à Paris, était sur Canal +. J’ai l’impression que pour cet événement majeur du basket, il n’y a même pas de couverture médiatique ou de promo…
Mais il y en a eu ! De toute manière c’est sold-out, donc ils n’ont pas besoin de faire de la pub ! Bon il n’y a pas de club français aussi. Mais je pense que dans l’Équipe il va y avoir une grosse couverture, et sur Sport+ on est partenaires d’Euroleague depuis des années, malgré les résultats des clubs français.
J’ai quand même l’impression que ce Final Four il est organisé comme une convention de vendeurs de chaussettes. En catimini…
Disons que séduire le tout-Paris n’est absolument pas la priorité des dirigeants d’Euroleague. Eux ils veulent que les grands clubs en présence soient bien accueillis et que leurs fans soient contents d’avoir payé un prix presque plus cher que pour les matchs de play-off NBA ! L’essentiel c’est qu’ils soient contents de leur investissement, mais à la fin c’est logique !
Tu penses qu’il y aura beaucoup de Français samedi à Bercy ?
C’est clair que ce sera surtout des supporters des 4 clubs en présence. Je crois qu’il y aura 8.000 spectateurs de l’Olympiakos pour une salle de 15.000 personnes. C’est déjà la moitié ! Bon après il y aura le petit microcosme du basket français. D’ailleurs je les pousse à venir car c’est en allant à la rencontre de plus fort que nous que nous apprenons. Ça a été vraiment triste de voir si peu de dirigeants français aller aux Finals NBA ou au All-Star Week-End.
Le Final Four est la finale à 4 de l’Euroleague, la compétition majeure en club du basket européen. Inspirée des finales du championnat universitaire américain NCAA, la finale se déroule sur un week-end, où les 4 meilleures équipes de la ligue s’affrontent lors de matchs à élimination directe.
Cette année les demi-finales opposent le CSKA-Moscou à Barcelone et l’Olympiakos au Partizan Belgrade. Le Barça fait office d’ogre de la compétition, emmené par le petit génie du basket espagnol Ricky Rubio. Les deux représentants français, l’Asvel et Orléans, ne sont pas sortis de la phase de poule. C’est la 4ème fois que Paris accueille le Final Four.
Tu penses que les dirigeants du basket français ont beaucoup à apprendre ?
Le problème c’est qu’on a jamais trouvé notre Max Guazzini pour faire la promotion du basket français au plus haut niveau. Nos dirigeants n’étaient pas à la hauteur ! C’est le mauvais côté de notre système associatif avec la Fédération sous la houlette (sic) du gouvernement. Ce sont des fonctionnaires, absolument pas businessmen, alors qu’ils gèrent un très gros business. Il faut des businessmen pour le basket et des fonctionnaires pour l’administratif. C’est ce qui a manqué sur la dernière décennie. En plus on avait le modèle espagnol à côté de chez nous qui est une référence. On aurait dû s’inspirer d’eux.
Par rapport aux médias, toi tu n’as même plus d’émission comme avant NBA Time ou Eddy Time. Maintenant l’après-midi sur Canal, c’est Burnley-Stoke City. Canal a-t-il lâché le basket ?
Non, non ! Beaucoup de jeunes me disent ça ! Ils me demandent : « Mais qu’est-ce que vous faites maintenant ? » En fait ce sont des jeunes qui aimaient la NBA quand ils étaient ados mais maintenant ils sont passés à autre chose. Et puis le monde audiovisuel a tellement progressé avec la prolifération de chaînes, d’Internet. L’offre est colossale ! Au début de Canal je commentais un match par semaine. Maintenant j’en fais 4 ou 5 ! On n’en fait pas moins, mais beaucoup plus au contraire.
Tu ne penses pas qu’il y a eu un Age d’Or quand même ?
C’était l’Age d’Or, parce que la NBA a commencé à signer d’énormes contrats avec les chaînes de télé. Ça a gonflé les salaires des joueurs. Jordan avait une aura à l’international. C’est clair que l’époque où il y avait plusieurs magazines sur la NBA qui cartonnaient est révolue. Quand on faisait un match sur Canal dans les années 80 c’était un événement, parce qu’il n’y avait que 4 chaines. C’était comme le film porno !
Au niveau des joueurs tu ne trouve pas que les Barkley, Malone, Pat Ewing ou même Greg Ostertag, ça avait plus de gueule ?
Mouais… Je pense que des joueurs comme Lebron ou Kobe ont beaucoup de charisme. Ta génération, parce qu’elle est moins disponible pour regarder, croit que certaines choses ont disparu. Après c’est clair que pour moi la référence c’est l’époque de Jordan, avec les premières finales en direct en 1991. C’était l’époque glorieuse du basket. Mais c’est une question de génération ! Moi je ne suis pas du tout dans la nostalgie.
Tu t’identifies à la génération hip-hop/tatouages du basket des années 2000 ?
Pas vraiment. Mais c’est une musique que j’ai appris à apprécier avec le temps.
« Il fait la pluie et le beau temps Clarence Weatherspoon ! »
« Ce Darwin Ham nous rappelle qu’il ne faut pas le prendre pour un jambon ! »
« Raja Bell sonne les cloches »
« Magnifique action du petit Lue »
« Shaq a pédalé dans la neige face à Eric Snow »
« Longley a balancé tellement de briques qu’il pourrait construire un maison pour sa maman »