16/10/2012

Critique envers le bilan de Benjamin Lancar, elle pourrait briguer sa succession si Copé l’emporte

Camille Bedin (UMP) : « Il faut que les Jeunes Pops arrêtent de faire le Petit Journal »

Par StreetPress

Invitée de notre émission politique, hier, sur Radio Campus : Camille Bedin, secrétaire nationale de l'UMP (décomplexé) en charge de l'égalité des chances et auteure de Pourquoi les banlieues sont de droite.

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L’essentiel

Vous signez “Pourquoi les banlieues sont de droite”, sorti au début de l’année chez Plon. Vous y expliquez que la droite, c’est la foi dans l’individu, la réussite par le travail et le mérite, les valeurs de famille, d’autorité, et surtout que les habitants de ces banlieues partagent ces valeurs. C’est vraiment la première chose qui vous a marquée en banlieue ?

Ce qui est sûr, c’est que ça m’a frappée. Mais évidemment, “les banlieues sont de droite”, ce n’est pas la première chose qui doit venir en tête des gens. (…) Ce que je veux dire c’est que les banlieues sont électoralement à gauche, mais que les valeurs que ces jeunes portent sont profondément des valeurs de droite. Ce sont des valeurs libérales sur le plan économique : ils veulent gagner de l’argent, ils veulent réussir, ils veulent s’en sortir, ils ne veulent pas de l’assistanat de l’Etat, ils ne croient plus dans le système social français. (…) Et ce sont aussi des valeurs conservatrices sur le plan de la société : ils sont contre le mariage homosexuel, ils ont besoin d’autorité – par exemple, quand je vais parler d’uniforme dans les quartiers, ça plaît. (…)

Les gens répondent souvent qu’ils votent à gauche parce que c’est comme ça, parce que dans leur famille, on a toujours voté à gauche, parce que la gauche c’est le social et la droite c’est les riches, toute une série de clichés qui pèsent très lourd. (…) Or, le social, c’est aussi la droite. [La droite et la gauche], ce sont simplement deux visions de société : pour résumer, la gauche, c’est “l’État a de l’argent – mais ce n’est plus le cas aujourd’hui – et doit le donner à tout le monde”, et la droite, c’est “l’État n’a plus d’argent et il faut créer de la richesse”. Et nous, on croit en le potentiel de chaque individu à réussir par l’école, selon ses propres moyens, et on croit au fait de donner plus à celui qui travaille et qui mérite plus. (…) Et ça, c’est une valeur partagée par les gens en banlieue, sauf qu’ils ne le mettent pas en mots ni ne le ressentent de cette manière-là, parce que nous, la droite, ne le leur avons jamais expliqué.

Concrètement, le caïd, le dealer de banlieue qui s’en sort par lui-même, il a un système de valeurs de droite ?

Il a un système de valeurs ultra-libérales, mais évidemment perverties. Ce qu’on souhaiterait, c’est qu’il veuille gagner de l’argent, mais qu’il le fasse légalement. Tout ce qui est illégal est évidemment à bannir.

Est-ce que les policiers de la BAC, qui se font 1000 € de plus par mois en créant leur propre business, est-ce qu’ils ont eux-aussi intégré ces codes de la banlieue ?

Non, ça n’a rien à voir avec ce que je disais. Celui qui veut s’en sortir, et qui le fait par le trafic de drogue par exemple, c’est évidemment condamnable. Simplement, il a intégré une chose : c’est que c’était un moyen de s’en sortir. Bien sûr, on condamne tout ça, c’est ce que Sarko appelait « la racaille et les voyous », il n’y a pas d’excuses. La seule chose, c’est qu’il faut les prendre bien avant qu’ils en arrivent là, et leur permettre de réussir par leurs propres moyens, et par le biais de la légalité.

Pour être bien sûr de tout comprendre sur les valeurs de droite et de gauche, on vous a préparé deux citations, et on voudrait savoir si les personnes qui s’expriment sont des gens de gauche ou de droite. Première citation : “L’homme se créé lui-même, il se construit dans son travail”…

Je dirais que c’est de droite, mais je ne sais pas de qui…

C’est Karl Marx.

Ah bien joué… Mais vous savez, quand Nicolas Sarkozy citait Jaurès en disant qu’aujourd’hui, c’est la droite qui porte ses valeurs, je crois qu’effectivement, la gauche ne porte plus ce discours-là.

Ensuite : “Le pays regorge de talent, bloqués derrière le mur d’argent.” Petit tuyau, il était candidat à la présidentielle.

Ça doit être Mélenchon, un truc comme ça. [En effet, c’est lui, ndlr]

Vous faites partie du courant de la droite forte animé par Guillaume Peltier, vous vous décrivez comme des jeunes décomplexés, et vous vous réclamez d’une droite qui peut débattre avec le Front National. Est-ce qu’être de droite et décomplexé, c’est porter en même temps des polos Ralph Lauren et des Doc Martens ?

Non, mais je le dis souvent aux journalistes : vous donnez une idée des jeunes de l’UMP type “16ème arrondissement et fils à papa” – et il y en a – sauf que les jeunes de l’UMP, ce n’est vraiment pas que ça. Il suffit de sortir un petit peu de Paris, de venir à Nanterre par exemple, ou en dehors de l’Ile-de-France, et vous le verrez.

Et d’où ça vient cette image ?

De Paris, parce qu’il y en a qui sont comme ça, il ne faut pas se le cacher. Et je viens de ces milieux, donc je ne vais pas cracher dessus. Simplement, il faut voir l’UMP dans tout sa diversité, et l’UMP est un mouvement populaire.

Et concrètement, être de droite et décomplexé, est-ce que c’est par exemple avoir dans ses rangs d’anciens des Jeunesses du Front National ?

Être de droite et décomplexé, c’est pour moi à peu près être sarkozyste. J’ai adhéré en 2004 à l’UMP, pour Nicolas Sarkozy. je viens d’une famille de gauche, et ce qui m’a plu chez lui, c’est justement ce côté décomplexé : on brise les tabous, on met les pieds dans le plat, on ose dire les choses, on choque même dans sa propre famille politique – par exemple quand il parlait des ZEP, ça faisait bondir les gens à droite – et puis on ose se dire de droite, alors qu’avant, quand on était de droite, on disait qu’on n’était “pas de gauche”, mais on ne disait pas “je suis de droite et j’en suis fier”, ça n’existait pas. Donc dire qu’on est de droite et que la gauche doit se construire par rapport à nous, et pas l’inverse, c’est grâce à Nicolas Sarkozy en grande partie.

Et quand on est décomplexé, on préfère déjeuner avec Harlem Désir ou avec Marine Le Pen ?

Pas l’un plus que l’autre, on parle à tout le monde.

Benjamin Lancar, actuel président des Jeunes Populaires, arrive au terme de son mandat. Est-ce qu’il a fait du bon boulot ?

Il a eu un grand mérite : grâce à lui, les jeunes Populaires existent et sont connus. Mais il est temps de passer à la deuxième étape : crédibiliser les jeunes de l’UMP, pour qu’on arrête de s’en moquer et de faire le Petit Journal, et qu’au sein même de l’UMP, on puisse avoir du poids et être élus sur des listes, c’est ça notre vocation. C’est comme ça qu’on renouvellera la vie politique française.

Est-ce que vous serez candidate à la succession de Benjamin Lancar ?

Ça dépendra vraiment de ce qui se passera au congrès de l’UMP le 18 novembre, entre Jean-François Copé et François Fillon. Pour le moment, je ne sais pas, ça dépendra avec qui et dans quelles conditions on travaillera par la suite.

Dans l’hypothèse où Jean-François Copé remportait la présidence de l’UMP, seriez-vous candidate ?

Il faudrait qu’on en parle. J’ai beaucoup de respect et d’amitié pour des responsables jeunes qui souhaiteraient que je m’engage avec eux. À priori, c’est quelque chose qui m’intéresserait, mais uniquement si l’on donne aux jeunes de l’UMP les moyens de devenir des représentants, des élus crédibles sur le terrain, de vrais militants, et qu’on ne fasse pas juste risette dans les meetings ou à la télévision.

Serez-vous candidate à la mairie de Nanterre en 2014 ?

J’aimerais bien. C’est un vrai objectif. Ce serait vraiment un de mes rêves, d’agir localement, car c’est là qu’il y a le plus à faire.

Pourquoi les banlieues sont de droite

Les valeurs que les jeunes de banlieue portent sont profondément des valeurs de droite

Le dealer a un système de valeurs ultra-libérales, mais évidemment perverties

Être de droite et décomplexé, c’est pour moi à peu près être sarkozyste

bqhidden. Il est temps de passer à la deuxième étape : crédibiliser les jeunes de l’UMP, pour qu’on arrête de s’en moquer et de faire le Petit Journal