Depuis 2006 et ses vidéos de concerts à emporter la Blogothèque s'est imposée comme une référence rock-indé sur le web. Mais après 5 ans d'activité dur de garder la flamme: «On a tous à un moment l'envie de faire des trucs plus ambitieux.»
Les « concerts à emporter » de la Blogothèque (ou « Blogo » pour les intimes) mettent en scène des groupes de la scène indie mondiale sommés d’interpréter leurs compos dans des contextes inhabituels. Sous la caméra des réalisateurs du site, c’est une petite ruelle parisienne, un ascenseur, une rame de métro ou même ton appart qui se trouve transformé en salle de concert.
François Clos, responsable de production des concerts à emporter (il a été présent sur le tournage de près de 150 d’entre eux), nous en dit plus sur ce qui fait la particularité de ces petites vidéos, dont certaines ont fait le tour du web:
« Faire jouer des gens dans la rue ça n’a rien de révolutionnaire, je ne crois pas qu’on ait inventé ça. Mais les sessions de la Blogothèque sont arrivées à un moment où il n’y avait rien ou presque. Les Concerts à Emporter ont imposé une esthétique un peu particulière. Il y cette traque du réel, avec la caméra toujours en mouvement et ces petites séquences qui racontent les circonstances du tournage de manière plus ou moins poétique ».
Micro cachés Ingé son de formation, François défend son travail et nous parle longuement de ce qui constitue l’autre point fort des concerts à emporter : un son irréprochable qui permet d’apprécier les pièces musicales dans toute leur richesse. « On ne le voit jamais mais il y a de petits micros sans fil qui captent le son des instruments et des voix. C’est un peu notre fierté, il faut réfléchir énormément pour prendre au mieux la musique dans les circonstances les plus extrêmes. On cherche vraiment à rendre un moment, qu’il soit intime ou énergique. Cacher le micro c’est une posture de fiction mais ça permet de laisser la magie opérer. Les gens doivent avoir l’impression que le groupe est là et qu’il joue, en face d’eux. La technique n’a pas sa place là-dedans.»
Et pour ce qui est du show offert par les artistes, « ça dépend du feeling avec les musiciens, il y en a à qui il faut donner des idées de trucs marrants à mettre en place ; et d’autres qui sont tellement oufs que tu les laisses juste faire ce qu’ils veulent. C’est vraiment une rencontre, le truc se crée au fur et à mesure. Mais globalement on intervient très peu et on les laisse s’exprimer, sans les gêner. »
v4.0 Cet aspect un peu foutraque et improvisé, c’est certainement ce qui fait le charme et l’intérêt des sessions musicales organisées par la Blogothèque. Alors que le travail de studio pousse à un certain lissage de l’œuvre, ici les mélodies et l’énergie des artistes se trouvent mises à nu. Et même si l’acoustique n’est pas un dogme, ceux-ci ne peuvent compter que sur un accès restreint aux artifices électroniques dont le musicien du 21ieme siècle use et abuse.
Mais la révolution a lieu en 2006 grâce à la collaboration entre Chryde et le réalisateur Mathieu Saura, aka Vincent Moon. Les deux compères ont la bonne idée d’inviter leurs groupes préférés à jouer quelques morceaux dans des cadres insolites et avec un recours limité à l’amplification. Audacieux, le concept encore balbutiant des concerts à emporter fait mouche. Quelques buzz plus tard (Grizzly Bear dans une salle de bain, Arcade Fire entassé dans un monte-charge…), La Blogo a conquis un statut d’incontournable pour les formations musicales issues de la scène indé.