Bienvenue chez IPESUP, la prépa aux concours des écoles de journalisme où « les pourcentages d'admissibilité totaux dépassent les 100% ». Ici on débourse 2.400€ l'année pour 5 heures de cours par semaine et on bachote sévère. Mais chut !
On a mouillé la chemise pour tout vous raconter. Oui, car pour intégrer IPESUP, il nous en a coûté la modique somme de 2.400€. Bienvenue dans la seule prépa de France où la somme de travail hebdomadaire s’élève à … 5 heures ! Oui, 5 malheureuses heures compressées sur une après-midi par semaine. Sans compter les 2 semaines de vacances gracieusement accordées en février et à Pâques, histoire que les élèves se remettent de l’accumulation de boulot. Ici l’heure de cours revient à 27€. Soit 135€ l’après-midi de cours. On y réfléchit à 2 fois avant de sécher.
Un oral blanc offert à partir de 2400€ d’achat Mais attention, il ne faudrait pas en conclure qu’IPESUP est une boîte à fric: « Afin de convertir l’admissibilité de ses étudiants en succès définitif, l’IPESUP offre – donc sans aucun surcoût – à tous les candidats admissibles la préparation à l’oral ». Trop généreux! La prépa n’hésite pas à en remettre une couche quelques lignes plus bas « Cette préparation à l’oral est offerte ». Les directeurs d’IPESUP passeraient presque pour des bons Samaritains.
Succès supérieur à 100% IPESUP affiche « des taux de succès exceptionnels » et se classe « régulièrement aux toutes premières places des palmarès dans chacun de ses secteurs d’activité », revendique la prépa. Pas convaincu ? Statistiques à l’appui, ça balance : « Les résultats de nos candidats sont la meilleure preuve de notre efficacité. Les pourcentages d’admissibilité totaux dépassent les 100% ».
Ici l’heure de cours revient à 27€
Inside la prépa La recette du succès ? 3 heures de cours de journalisme et 2 heures d’anglais. Le cours commence toujours par un test enchaînant noms et événements qui ont fait l’actu de la semaine. Concrètement, on vous file 50 mots listés sur une feuille quadrillée et quelques photos grossièrement coupées/collées à la main. Et voilà, un beau test bien brouillon. L’unique prof de journalisme, fidèle au poste depuis le début, semble tenir à sa méthode.
« Radins comme la mort » La deuxième partie du cours est souvent rythmée par l’intervention d’anciens élèves d’IPESUP qui ont intégré une école de journalisme. Au passage, on affiche l’air de rien le succès de la prépa ! Les étudiants refilent leurs tuyaux pour écrire de bons articles et présentent un peu le métier. Je retiendrai toujours la vanne d’un ancien élève qui à force de blablater sur l’estrade, cherchait désespérément quelque chose à boire sur le bureau. « Ils sont radins comme la mort, ils peuvent pas vous foutre une bouteille d’eau ».
Le cours commence toujours par un test enchaînant noms et événements qui ont fait l’actu de la semaine
Devenir une bête de concours en 3 leçons
Comment apporter aux élèves « une bonne maîtrise du français écrit », de « l’anglais écrit et oral », « une solide culture générale, historique et géopolitique », ainsi qu’une connaissance pointue de l’actualité, le tout en 5 heures par semaine ? On vous dit tout !
1 Lire Le Monde
Lire le Monde (en long, en large et en travers) TOUS les jours. Véritable bible d’IPESUP, c’est la référence du prof pour élaborer ses tests d’actu de la semaine. Aussi, il est fortement recommandé de lire tous les articles sans exception (les filles doivent ainsi devenir incollables sur le foot !). Ensuite on fiche le précieux journal dans un classeur où tout sera rangé par thématique : sport, médias, politique, art et culture… Enfin, top du top : le petit répertoire où l’on s’acharne à noter tous les noms propres que l’on trouve dans le journal, même les plus improbables. Ne surtout pas sous estimer cette étape, il n’est pas rare de tomber sur un test d’actu où l’on vous demande le nom d’un architecte péruvien dont on fête le centenaire, ou encore le nom d’un chien auquel des scientifiques ont appris plus de 1.200 mots ! En clair, prévoir au moins 3 bonnes heures quotidiennes pour venir à bout de tout ça.
2 S’entraîner aux épreuves
IPESUP prévoit des séances de concours blancs sur 3 dimanches, au grand désespoir de tous les fêtards du samedi soir. Des sujets type ESJ, IPJ, CFJ, Celsa ou CUEJ sont proposés (les écoles « de province » comme Marseille, Toulouse ou Grenoble étant boudées car de niveau soi-disant moyen). Libre à l’étudiant de choisir le sujet qu’il veut. 4 heures pour composer. Les plus sérieux plancheront sur 2 ou 3 articles alors que d’autres se contenteront d’un rapide synopsis pour rejoindre leur lit au plus vite.
3 L’entretien oral, ça se prépare
2 rendez-vous sont fixés avec le prof pour faire le point sur le CV et les lettres de motivation à envoyer aux écoles. Bonne initiative d’IPESUP pour briefer les élèves sur les choses à dire ou pas, comme le fait de sortir d’IPESUP par exemple : « si vous l’écrivez, vous êtes grillés. » Voilà pour la théorie. Dans la pratique l’entretien dure 5 minutes à tout casser : « décalez la date, mettez un alinéa, corrigez cette faute, changez la tournure de la phrase… » Merci. Au revoir.
Verdict, la « prépa » encadre mais rien ne remplacera le nombre d’heures incalculables enfermé à la bibliothèque, les interminables parties de Trivial Pursuit, les quiz de culture Gé enchaînés sur Internet et les milliers de pages lues sur Wikipedia, votre nouveau meilleur ami pendant ces 4 mois de prépa. Et n’oubliez pas, la règle d’or quand vous passerez l’oral : « Surtout, à l’oral, ne dites JAMAIS que vous avez fait IPESUP!».
Top du top, le répertoire où l’on s’acharne à noter tous les noms propres trouvés dans le journal
Les séances de concours blancs le dimanche matin, au grand désespoir des fêtards du samedi soir
bqhidden. « Surtout, à l’oral, ne dites JAMAIS que vous avez fait IPESUP!»