14/04/2010

La politique étrangère britannique impacte sur leur quotidien à Kaboul, ils voteront aux législatives de mai

Législatives britanniques: le collectif Give Your Vote va faire voter des Afghans à la place des abstentionnistes

Par Laura Aguirre de Carcer

Au Royaume-Uni, un collectif met en relation via SMS des abstentionnistes britanniques avec des Afghans, des Ghanéens et des Bangladais. L'objectif: Permettre à ces citoyens concernés par la politique étrangère anglaise de peser sur le scrutin.

Donnez votre vote à un Afghan, à un Bangladais ou à un Ghanéen. A un mois des élections législatives au Royaume-Uni, ils seraient déjà des milliers de citoyens d’outre-Manche à avoir été séduits par cette idée, lancée par le collectif Give Your Vote .

Un texto avec le nom du candidat pour qui voter

Les trois pays ont été choisis pour leur valeur symbolique: Les politiques britanniques influent sur la guerre en Afghanistan, le climat au Bangladesh et le commerce en Ghana.

Le procédé est simple: les participants recevront le 6 mai par SMS le nom du candidat pour lequel voter, en fonction des résultats à la proportionnelle d’élections overseas, tenues quelques jours plus tôt dans les pays concernés.

“Si je ne votais pas pour un Afghan, je ne serais pas allée voter”

Parmi les participants, beaucoup d’abstentionnistes. Jointe par StreetPress, Onyeka Igwe, productrice de 23 ans, ne pensait pas aller voter. Le 6 mai, elle prendra le chemin des urnes pour donner l’opportunité à quelqu’un d’autre de s’exprimer. Pour elle, participer à ce projet, c’est d’abord une façon de protester. “J’ai toujours l’impression que voter ne change rien”.


James Sadri, co-fondateur de Give Your Vote

“Les gens ne veulent pas de votre charité”

Une idée née en Syrie, en regardant les élections US avec des réfugiés irakiens

“Les gens des pays riches et puissants, en votant, prennent des décisions qui affectent fortement les citoyens de pays de l’autre côté du globe, laissés sans voix, sans possibilité de choisir. C’est ce que nous cherchons à dénoncer”, explique à StreetPress James Sadri, à l’initiative du mouvement.

Ce jeune trentenaire, documentariste pour la BBC, se souvient précisément du moment où il en a eu l’idée. En 2006, alors qu’il vit en Syrie, il regarde à la télévision les élections américaines en compagnie d’un groupe d’amis réfugiés irakiens. “Le candidat démocrate parlait de retirer les troupes d’Irak alors que les Républicains parlaient d’y rester plus de 100 ans. Mon ami irakien m’a dit : mais pourquoi ce sont des gens de l’autre côté de la planète qui sont en train de décider, par leur vote, de mon futur.”

L’été dernier, de retour à Londres, James Sadri monte le réseau Egality entourés de huit amis. Le projet est lancé. Ils sont une soixantaine à y travailler aujourd’hui.

Donner des voix plutôt que des sacs de riz

“Notre but n’est pas d’influencer l‘élection en terme de voix. On ne va pas tous participer à toutes les élections mondiales, ça serait absurde”, insiste au téléphone la bénévole Ayca Rodop, lorsqu’on la titille.

Ce que veulent les organisateurs c’est surtout promouvoir une nouvelle forme de solidarité, différente des programmes humanitaires. Sur les affiches de campagne, on peut lire “Nous leur avons donné des chèvres, des moustiquaires et des livres d’école, il est temps de leur donner une voix”. James Sadri poursuit: “Cette campagne ce n‘est pas : donnons un peu plus d’argent, un peu plus d’aide aux pauvres en Afrique. Les gens ne veulent pas de votre charité, de votre pitié”.

Les affiches de Give Your Vote

Des affiches de David Cameron dans les rues d’Accra

L’initiative plaît aux associations et élites locales qui sont nombreuses à s’impliquer dans le projet. Elles y voient une nouvelle forme de dialogue équitable entre pays nord-sud.

Le premier avril pour faire un coup de pub le collectif a posté sur son site web un photomontage des rues bondées d’Accra, pleines d’affiches électorales pour David Cameron . Un communiqué annonçait quant à lui l’ouverture de permanences électorales par les partis politiques dans les trois pays. En revanche on ne sait pas si des tracts du British National Party ont été distribués dans les rues de Dhaka.

Source: Laura Aguirre de Carcer | StreetPress

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