Sur StreetPress, le caporal Nissim Boucai et le soldat Sarah Barenbaum expliquent pourquoi l'armée israélienne va s'adresser dans la langue de Molière aux journalistes et aux blogueurs : « Le soldat israélien n'est pas une brute épaisse
Donc vous lancez un site en français… Mazal Tov !
Caporal Nissim Boucai : Merci
Euh… pourquoi l’armée israélienne avait-elle besoin d’un site en français ?
Soldat Sarah Barenbaum : Jusqu’à il y a quelques années, on avait un porte-parole de Tsahal [chargé des relations avec la presse, ndlr] qui parlait français. C’était Olivier Rafowicz . Depuis son départ, il n’y avait plus du tout de communication de Tsahal en français, alors que c’est un sujet qui passionne les médias et le public francophone.
Le site s’adresse à qui ?
N. B. D’abord, ça ne vise pas que les Français, mais aussi les Belges, les Canadiens, les Suisses, les Africains. Et ensuite, ça s’adresse à la fois aux journalistes, au grand public, aux blogueurs.
Ca posait problème de ne pas avoir de communication en français ?
S. B. Oui. Quand il se passait quelque chose de chaud, on n’était pas en mesure de communiquer. Ca laissait la porte ouverte à tous nos ennemis. On n’avait aucune possibilité de défendre nos points de vue.
N. B. Le site va permettre de faciliter le travail des journalistes dans leur langue. Aujourd’hui, l’essentiel de la recherche d’info se passe en ligne. On prend des infos à droite et à gauche, on cherche des liens… On veut que nos points de vue soient compris et repris.
Pour l’instant, ça va, l’armée israélienne a près de 20.000 followers sur Twitter quand le Hamas en a à peine 600…
N. B. Oui mais ça c’est le compte twitter en anglais.
Il va y avoir un feed twitter de Tsahal en français ?
N. B. A terme, on espère avoir des comptes twitter et youtube en français.
Qu’est-ce que vous espérez auprès du grand public…
N. B. Dans le grand public, notre image n’est pas bonne. On n’est pas une armée d’occupation. On fait tout pour aider les populations palestiniennes à vivre mieux, en Judée-Samarie comme à Gaza. On est une armée impliquée dans des missions humanitaires. On est une armée jeune.
S. B. Je dirais qu’on veut ré-humaniser le soldat, qui n’est pas une brute épaisse. Montrer qu’il y a une vraie morale au sein de l’armée. Que ça n’est pas une brute, quoi !
Vous parliez d’un espace sur le site pour les recrues francophones… le site va vous servir à recruter de nouveaux soldats ?
N. B. Ah non, on n’est pas une agence de recrutement ! Ca sera une petite partie sur le site, qui sera destinée aux francophones qui vont ou viennent de s’engager dans l’armée. C’est un passage important et ils cherchent de l’info.
Rassurez-moi, les francophones qui s’engagent dans l’armée, ils parlent hébreu quand même…
N. B. Oui mais lorsqu’ils arrivent, certains ne parlent pas très bien. Et il y a une différence entre parler et lire et écrire.
Il y a eu récemment pas mal de hackings de sites israéliens, d’un parti politique ou de sites de grandes entreprises. Vous êtes préparés à ça ?
N. B. La décision de l’hébergement du site n’est pas encore prise. Il y a des unités de Tsahal qui s’occupent de cela et dans ce cas, c’est très sécurisé.
S. B. Nous on ne s’y connaît pas, on s’occupe des articles ! Mais dans notre unité, il y a des développeurs qui s’occupent de ça.
Bon. Et le site sort quand ?
S. B. Lundi prochain [20 juin, ndlr]. Pour l’instant, on est ouvert en essai [privé, ndlr] depuis une semaine.
Vous avez une stratégie de communication pour le lancement ?
S. B. Oui, on a fait un voyage en France d’une semaine en avril. On a rencontré des journalistes de la radio [juive, ndlr], des responsables des organisations juives. On leur a demandé ce qu’ils attendraient du site et on s’est servi de leurs conseils.
Du côté du public français non-juif, il y aura peut-être des gens qui seront surpris…
N. B. J’espère qu’ils seront surpris… en bien !
Je veux dire, ça ne serait pas impossible que certains s’en étonnent ou soient agacés.
N. B. Qui ? En tout cas, on les invite à faire un tour sur le site.
Nissim Boucai: «Le site s’adresse à la fois aux journalistes, au grand public, aux blogueurs»
Ca n’est « pas particulièrement une surprise », répond à StreetPress Marc Hecker. D’abord parce que les armées modernes « ont de plus en plus tendance à communiquer sur internet ». Ensuite parce qu‘« il y a depuis longtemps des communicants francophones à Dover Tsahal [le service de porte-parole de Tsahal, ndlr] » : « Pendant la seconde intifada, il y avait 19 desks régionaux à Dover Tsahal », complète Marc Hecker. A ceci, s’ajoute le fait qu‘« il y a une forte communauté francophone en Israël » et que « les adversaires de l’armée israélienne s’expriment en français », comme par exemple le Hezbollah qui dispose de programmes en français sur sa chaîne de télévision .