09/08/2012

Mocassins, sandales et baskets collés à un ordi

Mon été de merde : « le truc cool de l'été 2012, c'est d'être au travail »

Par Paola Schneider

Sur StreetPress, Anthony et Edouard racontent la genèse du Tumblr de l'été (de merde). Lassés de contempler les photos de leurs potes pieds dans le sable, ils créent ce blog où chacun peut envoyer la photo de ses pieds… coincés au taf.

Comment vous est venue l’idée du Tumblr ? Vous passiez un été de merde ?

Anthony : Il faisait moche, c’était fin juin. Une pote, qui est aussi dans Flaaak Magazine, Tiampa, m’a appelé et m’a dit « il faut qu’on fasse un blog, ça commence à être énervant tous ces gens qui postent des photos de leurs pieds en vacances. » On l’a fait très vite [en une heure], et on l’a sorti début juillet. Avec Flaaak, on avait déjà fait plusieurs Tumblr. Comme Homeless are copywriters ou La pub c’était mieux avant.

Après un peu plus d’un mois, y’a déjà 37 pages de photos. On peut dire que ça a marché ?

Anthony : On savait que ça allait marcher vu qu’il faisait super moche. Après, on n’a pas vraiment cherché à communiquer… on l’a juste envoyé à nos proches et on a une pote qui est chez Sarenza. On avait demandé à notre entourage de nous faire des photos avant de le balancer, on en avait à peu près dix quand on a été retwitté par un blogueur, David Chiche je crois, dès le premier jour. C’est monté à 6.000 visites en une journée.

Pourquoi les gens participent ?

Edouard : Ils se font chier !

Anthony : C’est une sorte de réponse ! C’est un ensemble de personnes qui se réunissent pour dire « moi aussi je passe un été de merde ».

E : Le paradoxe dans tout ça, c’est que ça part quand même d’un truc de loseurs. On se fait chier l’été mais finalement, ça a tendance à devenir cool. Ça nous a fait rigoler, on a vu de la créativité, tout le monde invente des nouvelles poses, il y en a qui font carrément des mini-scènes.

A : Une fille a mis des petits dinosaures par exemple !

J’ai vu pas mal de mocassins devant un écran Mac géant. Stagiaire chez Saatchi ou TBWA, c’est ça un été de merde ?

A. : Ouais, ouais, justement…

E : C’est pour ça qu’on dit que ça a dérivé un peu en mode « mon été de merde mais pas tant que ça » !

A : Pour pas mal de gens, c’est un peu du personal branding. J’ai retrouvé sur Twitter des gens qui postaient leurs photos en disant « vous avez vu on est sur Mon été de merde, nous aussi on se fait chier ! » Il y en a pas mal aussi, là je fais surtout référence à des gens de la pub, qui aiment bien exhiber leurs belles chaussures. Je pense que c’est pour ça que chez Sarenza, ils sont complètement tombés sous le charme.

Quand quelqu’un poste une photo, elle est soumise à votre approbation j’imagine. Vous censurez ?

A : Absolument, t’as des trucs c’est n’importe quoi ! Mais on est quand même vachement cool là-dessus. À partir du moment où c’est drôle, ça a le mérite d’être posté. Par exemple, t’as un mec qui est sur un site porno au bureau, pour la prise de risque j’étais obligé de le mettre. Autre anecdote marrante, un mec avait posté sa photo tout content et puis nous a renvoyé un message : « s’il vous plaît les mecs, mon boss est tombé sur le blog je voudrais pas qu’il me crame. » On l’a enlevé, du coup.

Votre paire de pieds coup de cœur ?

A & E : Les dinosaures ! Les dinosaures on les aime beaucoup !

A : Elle avait mis « Claire, tyrannosaure et tricératops, tous les trois chefs de projet web. »

Vous bloguiez déjà, avec Flaaak magazine. “Mon été de merde” vous a amené des lecteurs ?

E : Au début, y’avait assez peu d’effet parce que les gens qui allaient sur le Tumblr ne se doutaient pas que derrière, c’était Flaaak Magazine. Au final, quand on a vu qu’on avait beaucoup de visites, on s’est dit autant faire d’une pierre deux coups ! Donc on a mis plus en valeur le fait que ça venait de Flaaak et oui ça nous a rapporté pas mal de visites.

A : On a été dans Libération, dans le Figaro. Tout ça on ne s’y attendait pas, mais alors pas du tout !

C’est quoi alors l’idée, l’esprit de Flaaak ?

A : C’est une bonne question ! Flaaak Magazine je pense que c’est… le LOL.

E : C’est avant tout du second degré voir du troisième degré. Prendre un peu en dérision bon nombre de blogs qui se prennent pour ceux qui impulsent les trends.

A : Ce qu’on essaie de faire, c’est prendre n’importe quel sujet plus ou moins dans l’actualité et le mettre à notre sauce. On ne peut pas aller en vacances, alors on va faire quelque chose pour vous prouver que finalement le truc cool de l’été 2012, c’est d’être au travail !

Après “Mon été de merde”, vous pensez remettre ça avec un autre thème, un autre concept ?

A : C’est sûr ! C’est sûr qu’il y en aura un autre !

E : Mon hiver de merde…

A : Mon automne de merde…

E : On va faire toutes les saisons…

A : Mais c’est sur le coup, on cherche pas à en faire un absolument.

E : Justement c’est à partir du moment où tu te dis, il faut que je fasse quelque chose, que ça ne marche pas. On ne s’y attendait pas, le truc a pris. Si on a une autre idée, on le fera et ça prendra ou pas.

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C’est quoi ce blog ?

Mon été de merde, c’est le Tumblr qui boycotte les photos de pieds sur la plage et invite tous ceux qui ne sont pas en vacances à poster une photo légendée de leurs pieds pour partager leur galère estivale. Au travail, en pleine préparation de concours, en stage, en convalescence… en tout, il y a déjà plus de 350 billets !

On va faire quelque chose pour vous prouver que finalement le truc cool de l’été 2012, c’est d’être au travail


“Après, on fera un automne de merde, puis un hiver de merde…”

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Anthony et Edouard : la vie cachée

Ils ont tous les deux 24 ans. Anthony termine un stage à Paris et s’apprête à s’envoler pour Montréal pour y terminer ses études. Edouard travaille dans l’administration. On n’en saura pas plus, les deux garçons restent bien mystérieux sur leur vie hors de la toile.

bqhidden. il faut qu’on fasse un blog, ça commence à être énervant tous ces gens qui postent des photos de leurs pieds en vacances.