Tous les mois, StreetPress t'emmène en terre inconnue, dans ces villes-terminus de RER dont tu connais les noms mais que tu n'as jamais visitées. Première étape : Dourdan - La Forêt et sa gare spécialement conçue pour les établissements scolaires.
« Quand il n’y a pas de problème sur les voies, on met une heure entre Austerlitz et Dourdan ! » s’exclame une Dourdannaise, habituée des transports en commun. Il faut donc s’armer d’une bonne dose de patience pour atteindre la gare de Dourdan – La Forêt, terminus du RER C. Pendant le trajet, les barres d’immeubles disparaissent pour laisser place aux maisons de banlieue puis aux champs de blé. Charles Ingalls, es-tu là ?
Tout le monde descend Une fois arrivés au terminus, pas un chat. Il faut dire que cet arrêt dessert deux lycées, un collège (pas étonnant que les lieux soient vides pendant les vacances scolaires) et… la forêt domaniale, située à environ 100 mètres sur la droite. D’ailleurs, les rails s’enfoncent vers les bois. Ambiance.
On me souffle que le reste de l’année, les élèves sont nombreux à attendre le RER sur le seul et unique quai, ou leurs bus sur les parkings. En effet, le lycée de Dourdan étant un des seuls à 20 kilomètres à la ronde, beaucoup d’élèves viennent des villes et villages des alentours. Cet arrêt étant spécialement conçu pour les établissements scolaires, mieux vaut descendre à l’arrêt précédent pour arriver en centre-ville. Eh oui, cette ville d’un peu plus de 9.000 habitants compte deux gares de RER.
Ville médiévale Une fois sortis de ce no man’s land, nous passons le long de l’Orge, ruisseau qui traverse la ville. On y croise en vrac : des canards, des ragondins, des sacs plastiques et des pêcheurs qui ont déjà bien entamé leur cubi de rosé. Rien d’atypique. Puis viennent les rues pavées, l’église et le château, fierté des Dourdannais comme Jean-Claude, qui habite ici depuis soixante ans.
« Le charme de Dourdan ? Pas grand-chose…sauf peut-être le château et la piscine ! »
[Dourdan, je veux y aller !]
En RER C, un toutes les demi-heures. Environ 1h de trajet entre Gare d’Austerlitz et Dourdan. Le billet coûte 7,80 euros.
En voiture, seulement 45 minutes depuis la Porte d’Orléans pour faire les 46 kilomètres qui séparent Dourdan de la capitale.
Construit au XIIIème siècle par Philippe Auguste, le château fort abrite désormais un musée. S’il ne reste que les fondations, il est possible de monter en haut du donjon qui offre une vue imprenable sur la ville, les forêts qui l’entoure et l’église Saint-Germain, atypique avec ses deux clochers. C’est d’ailleurs ce charme qui peut attirer certaines familles comme Marie, venue s’installer il y a vingt-trois ans « pour faire construire » dans cette ville « calme, pittoresque et verdoyante. »
Retraités Si les monuments chargés d’histoire sont appréciés par les touristes, les habitants, eux, voient d’autres avantages, plus concrets, à habiter Dourdan. Marie-Rose, retraitée d’une soixantaine d’années, affirme que rien au monde ne pourrait la faire partir :
« Ben oui, il y a tout à proximité ici ! Tu peux faire tes courses à pied sans avoir besoin de sortir ta voiture, Paris est à une heure en RER, la campagne est au bout de la rue. »
Dans Dourdan-la Forêt, il y a forêt
Un avis qui n’est cependant pas partagé par tous. Une ancienne voisine de Marie-Rose, qui venait de s’installer en ville, a vite plié bagages car « elle s’ennuyait trop et ne savait pas où sortir le soir ». L’âge de l’apprenti clubbeuse ? 80 ans ! C’est vrai qu’hormis un bar et quelques restaurants, la ville n’est pas tellement pourvue pour accueillir les noctambules.
Noctambules fuyez ! « Non mais on ne sort pas à Dourdan ! Le seul bar potable, le patron est un con alors on n’y va plus. » Une phrase que beaucoup de jeunes de la ville pourraient avoir prononcée. « Sinon il y a le Booster si tu as quarante ans, que tu aimes Johnny et la déco faux cactus », ajoute Amélie, amusée. Pour la bière en terrasse en fin d’aprem, il faudra donc repasser. A moins de risquer le PMU. Le kit de survie du jeune, et moins jeune, Dourdannais ? Un véhicule ! « Il faut prendre sa voiture pour s’habiller, se chausser… Il y a des restaurants mais si vous voulez des trucs plus exotiques, il faut tout de suite sortir de la ville », complète Marie, mère de famille. Quoi, ce n’est pas une mégalopole ?
Une toile à Dourdan ?
Infrastructures Malgré ses 9.000 habitants, Dourdan dispose tout de même de cinq écoles, trois collèges, deux lycées, un hôpital, un centre équestre, un club de tennis et un tissu associatif assez dense avec pas moins de 29 asso sportives allant de la GRS au VTT en passant par l’escrime. Par ailleurs, un nouveau centre aquatique a ouvert il y a un an, et le cinéma d’art et essai Le Parterre propose aussi bien les derniers blockbusters que des films étrangers à petit budget. Avec ses deux salles de 144 et 67 places, mieux vaut s’y prendre à l’avance en cas de sortie d’un gros film au risque de se faire refouler.
Le 11 septembre, Dourdan va connaitre une grande révolution, un véritable chamboulement. Du genre qui pourrait changer le cours de l’histoire déjà bien remplie, de la ville. Et oui…un McDonald’s va ouvrir ses portes ! Situé dans la zone industrielle « et c’est pas plus mal pour les petits commerces du centre », près du « périph‘ », son ouverture fait déjà polémique dans le dernier journal municipal à cause des emballages qui pourraient vite polluer la ville. Va y’avoir du sport !
Insécurité La ville-monde (oui oui), apparemment paisible et sans histoires cache cependant bien son jeu. Pour certains, « ça a bien changé ces dernières années. » Le sentiment d’insécurité serait de plus en plus présent et certains quartiers deviennent « in-fré-quentables » à la tombée de la nuit, même pour des hommes robustes comme Jean-Claude et Michel :
Dourdan, ville médiévale
« Le soir, on ne va pas plus loin que le centre culturel, ça craint là-bas. »
Une habitante nous confie d’ailleurs ne pas oser aller au ciné le soir, de peur de tomber sur de jeunes branleurs. « C’est pas encore la banlieue, mais à ce niveau-là, c’est en train de changer. Il y a de plus en plus d’agressions dans le RER. » Un sentiment qui détonne avec l’ambiance ville-village que la plupart des habitants défend et apprécie. « Depuis que je travaille ici, j’ai compris qu’il y avait des expressions de Dourdannais comme aller ‘‘chez Palmantier’‘. Je croyais que c’était le nom du magasin mais non, c’est celui de l’ancien proprio qui est parti il y a 10 ans. Tu vois, c’est vraiment un village ici. Et tout le monde se connaît », sourit Pauline, adossée à son comptoir. Si ça te donne pas envie d’aller à Dourdan – La Forêt, ça…
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