Sur StreetPress Henri Dès est plutôt sympa avec René La Taupe et Bébé Lily : « Ces chansons sont rigolotes et dansantes. » Le songwritter prend aujourd'hui son pied quand les adultes reprennent ses chansons à ses concerts. Les temps changent.
Après 35 ans de carrière et 17 albums, quelles sont les chansons de votre répertoire qui sont encore les plus demandées ? « Les bêtises à l’école », « La petite charlotte », « Le beau tambour », « Le petit zinzin »… Mais pour chaque disque, il y a des fans ! Par exemple, aujourd’hui, j’entendais les gens me demander « polyglotte ». Si je l’avais joué, on m’en aurait demandé une autre… C’est toujours comme ça !
Aujourd’hui, sur scène, qu’est-ce qui vous amuse le plus ? Que ce soit les enfants… ou les parents qui chantent sur vos chansons ? C’est vrai que je pense être plus un chanteur familial qu’un chanteur pour enfants… J’ai l’impression que mon public s’est élargi avec des enfants qui sont devenus des adultes et qui amènent leurs enfants. Quand je fais mes anciennes chansons dans le spectacle, c’est très intéressant de les voir et de les entendre chanter, avec le même plaisir que leurs enfants ! Je pense que ça leur fait hisser les poils, que ça les émeut, car ils ont connu ça quand ils étaient petits.
[Ca c’est une moustache]
Vous avez des souvenirs de chansons de votre jeunesse que vos parents vous chantaient ? A l’époque, on ne chantait pas tellement de chansons pour enfants. Eventuellement, il y avait « la maitrise » de la RDF (la radio des années 40, avant la RTF et l’ORTF, ndlr) où on entendait des chansons populaires traditionnelles. Mais ça ne m’intéressait pas ! La présentation de ces chansons n’était pas très gaie… Honnêtement, aucune des chansons de l’époque ne m’a marqué !
Vous n’avez pas grandi dans un univers très musical ? Si, si… En Suisse, tout le monde joue plus ou moins d’un instrument ! Il y a beaucoup de chorales populaires et de fanfares. Ma mère jouait du piano pour son plaisir et mon père jouait de la clarinette dans une fanfare. J’ai un peu baigné dans cette musique-là, mais je n’ai jamais été tiré par ça…
En fait, vous avez d’abord écrit ces chansons pour vos enfants… Oui, ce sont mes enfants qui m’ont donnés envie d’écrire pour les enfants. Je n’aurais jamais fait ça si je n’avais pas eu d’enfants !
Vous pensez que vos chansons ont évolué en voyant vos enfants, puis aujourd’hui vos petits-enfants, grandir ? En les observant, j’ai pu faire un puits pour aller chercher des choses. Ce n’est pas l’esprit de l’enfant qui m’intéresse, c’est sa façon d’être. Je garde le regard d’un adulte qui essaie de comprendre comment les enfants réagissent. En fait, je suis en empathie permanente.
Dans votre enfance, quelle a été votre plus grande « bêtise à l’école » ? Je crois que je n’en ai pas fait beaucoup ! Je suis quelqu’un d’assez réservé. On me voyait pas trop, je ne faisais pas de bagarre, pas de bazar. Mais je n’étais pas pour autant un bon élève. Disons que j’étais un peu discret et distrait…
Vous imposez-vous une certaine discipline dans l’écriture de vos chansons, comme Georges Brassens le faisait ? Brassens a toujours été un phare, notamment dans la façon dont il écrivait. Mais personne n’écrit comme lui ! J’écris avec rigueur, oui : en gardant le nombre de pieds, de rimes riches et en arrivant à dire des choses à travers… Ce n’est pas de la discipline, mais j’écris le matin, car la tête est libre.
Certains extrémistes de l’Église catholique m’en ont voulu pour la morale de « la petite charlotte »
[Quand Groland s’attaque à Henri Dès]
« Le petit zinzin », est-ce que ce n’était pas un texte un peu osé ? Il vous arrive de vous censurer lorsque vous écrivez ? Ce sont les parents qui disent cela. Mon entourage me dit parfois : « tu n’as pas le droit de dire ça dans une chanson. » Ensuite, certains extrémistes de l’Église catholique m’en ont voulu pour la morale de « la petite charlotte ». Tout ça parce qu’elle n’avait pas donné son gâteau !
Je n’aurais jamais fait ça si je n’avais pas eu d’enfants !
Vous avez aussi fait « Polissongs », des reprises de standards en changeant le texte. Vous êtes amateur de classiques ? Oui, je suis amateur de bonnes chansons françaises et d’Elvis Presley. Les chanteurs des années 60-70 ont marqué tout le monde. Je pense qu’il y a eu une période de grands auteurs français. Et puis j’attends la suite, mais ça ne vient pas ! Pour « Polissongs », j’ai eu envie de faire ces adaptations en français, en tenant compte de la sonorité. J’ai cherché une sonorité équivalente en français, plutôt qu’une traduction. Il y a des enfants, qui en écoutant la radio, pouvait se dire : « Tiens ! Elle a été traduite en anglais ! »
Vous êtes aujourd’hui en concurrence avec des chansons très commerciales comme Bébé Lily ou René la Taupe. Qu’est-ce que vous en pensez ? Oui, ça existe. En fait, ces chansons n’ont pas plus de succès que les miennes. C’est juste des pointes dans les hits ! C’est à leurs parents de leur permette d’écouter autre chose. Ces chansons sont rigolotes et dansantes. Mais c’est comme dans les chansons pour adultes : il y a les grands auteurs et les chansons d’amusement. Donc si les enfants aiment ça, ils le prennent. Mes petits-enfants les écoutent aussi, ils aiment bien Shakira !