Plus fort que le télémarketing, Olivier est devenu Manolo le temps d'un été pour faire fantasmer les célibs au téléphone: «Pour environ 8h par semaine, je me faisais presque 300€ !» Sinon vous pouvez toujours vous galérer à être caissier.
1 Le job le plus X – Animateur de téléphone rose, par Olivier, 31 ans, prof d’histoire
C’était quoi ton job d’été ? Animateur de téléphone rose. À la base, je voulais écrire un article sur le sujet pour un journal local. Je pensais y rester deux semaines, je l’ai fait pendant tout l’été. Puis… toute l’année. Et je n’ai finalement jamais écrit mon article.
Tu l’as trouvé comment ? En cherchant des contacts pour mon article, j’ai obtenu le numéro de « Madame Valérie ». Je l’ai appelé, elle m’a demandé direct « de l’exciter » pour voir si j’étais capable de faire le boulot : « fais en sorte que j’ai envie de t’offrir un voyage à Rio en amoureux… enfin, amoureux, tu m’as compris quoi… » Elle a trouvé ma voix « gutturale et ingénue » et j’ai dû inventer 2 rôles, l’un pour la clientèle homo, l’autre pour les femmes hétéros. 3 jours plus tard, j’étais devenu Manolo, acrobate de cirque basque, jeune homme cherchant à rencontrer des femmes « qui savent ce qu’elles veulent ». C’est le personnage qui m’a rapporté le plus d’argent, même si c’est l’autre personnage, Lucas, jeune étudiant en école de commerce découvrant son homosexualité, qui m’a permis de rire le plus…
Combien tu gagnais ? Environ 12 euros de l’heure, dont une large partie au black, sans compter les primes quand tu restes longtemps au téléphone avec les clients et celles quand un client te demande directement. Pour environ 8h par semaine, je me faisais presque 300€. Soit un smic mensuel, sans être particulièrement doué – certains en vivaient très bien : l’un deux s’est acheté un appart cash après seulement 18 mois…
Le gros plus ? Des horaires super (en gros, 21h-2h) et la rémunération. Et puis, il y a des situations cocasses, quand tu reconnais ton voisin qui adore les petits mecs imberbes « et surtout souples. » Au début ça m’a amusé, de quoi alimenter les « haaan, tu sais pas ce que j’ai appris au sujet d’untel ? » Mais, au bout d’un moment, j’ai flippé : ma plus grande phobie était de tomber sur mon père, ma mère ou je ne sais qui de très proche.
Et le côté vraiment négatif, hormis cette peur ? Les vrais soucis sont éthiques et personnels. Parce qu’on finit par confondre son personnage et soi et qu’on se surprend à devenir (un peu) déviant dans sa sexualité : je me mettais à dire des trucs salaces pendant l’amour alors que c’était pas mon genre. Je devenais très cynique envers le sexe : pour plaire à quelqu’un, tu finis par dérouler mécaniquement un scénario et tu en perds toute la magie. Et puis, éthiquement, c’est gênant : au début on s’amuse beaucoup, mais on se rend vite compte que si les clients nous prennent pour des pénis sur pattes, on finit par les prendre pour des CB vivantes. Et bien souvent, ce sont les plus faibles, les plus pauvres qui nous appellent. J’ai arrêté ce boulot quand j’ai fini par ne plus pouvoir me regarder dans la glace sans penser que je n’‘étais qu’un salopard, et que mon boulot était de mentir de bout en bout.
Parfois on ne sait pas qui on a au bout du fil
2 Le job le plus paradisiaque – Gardien d’île Par Oan, 20 ans, en bac pro Gestion des milieux naturels et de la faune
C’était quoi ton job d’été ? Gardien d’une île, au large de la côte de granit rose, en Bretagne. Bon, gardien, ça veut un peu rien dire, en réalité j’effectue plein de tâches : j’entretiens le site (je débroussaille, par exemple), je fais des visites guidées, je nettoie les 3 gîtes construits sur l’île…
Tu l’as trouvé comment ? Par (un heureux) hasard : j’avais déposé mon CV à la mairie de Trébeurden sans même savoir que le poste existait. Vu mon parcours orienté environnement, ils ont pensé à moi. En plus, ils m’ont dit « on vous paie le permis bateau », j’ai même pas réfléchi une seconde.
Tu dors sur l’île ? Non, je dors chez moi. Par contre, on ne peut pas accéder à l’île par la terre à partir d’une certaine heure, à cause des marées, donc ça m’est déjà arrivé de rentrer en bateau. C’est hyper dépaysant.
T’es payé combien ? 1.300 euros par mois, sachant que je travaille 4 heures par jour, 6 jours sur 7 (et que je bosse le dimanche et les jours fériés). Mais franchement, pour moi, c’est parfait. Je ne demande pas mieux.
Il a bien un défaut ce job ? Euh… Franchement, c’est exactement le boulot dont je rêve. Allez, pour trouver un défaut, je dirais les conditions climatiques, parfois c’est pas évident de débroussailler sous le cagnard. Mais c’est vraiment histoire de dire. Pour moi, c’est le job d’été parfait.
Bienvenue sur la côte de Granit Rose
3 Le job le plus fui par les hypocondriaques - Cobaye de médicaments Par Marion, 28 ans, urbaniste
C’était quoi ton job d’été ? Tester les éventuels effets secondaires de médicaments contre le sida : les médecins voulaient voir comment un « corps sain » allait réagir. Du coup, avec une quinzaine d’autres, j’ai été hospitalisée pendant 11 jours dans une clinique parisienne et tous les jours, j’avalais plusieurs médicaments.
Tu l’as trouvé comment ? C’est un ami qui m’en a parlé, je me suis dit que c’était un moyen de gagner facilement de l’argent. Je gagnais 150 euros par jour – 1.650 pour tout le séjour, je n’ai jamais été aussi bien payée pour un job d’été. Même si, honnêtement, aujourd’hui, je ne le referai pas.
Pourquoi ? Déjà parce que je me sentais assez kaputt, nauséeuse, sans appétit. Et, surtout, tu t’ennuies. C’est très très long, 11 jours d’hospitalisation sans bouffe correcte, sans sortir (sauf dans la petite cour de la clinique et à certaines heures), sans fumer, (presque) sans téléphoner… Faut avoir le moral sinon c’est déprimant.
T’as eu des effets secondaires, ensuite ? Moi non, j’ai eu de la chance, mais un ami, oui. Depuis, il vomit très facilement. D’ailleurs, c’est assez flippant, mais quand tu entres dans la clinique, on te fait signer une décharge comme quoi, s’il t’arrive un truc, ils se déchargent de toute responsabilité.
T’en as quand même un souvenir rigolo ? Oui, les papis pervers à côté qui testaient du viagra en matant des pornos ! T’as vraiment plein de gens différents qui viennent faire ces tests. C’est un peu l’ambiance colonie de vacances, t’essaies de feinter les médecins pour aller manger au Quick !
Viens voir le docteur
4 Le job le plus capillaire – Faiseuse de tresses Par Marie, 23 ans, étudiante en sciences politiques
C’était quoi ton job d’été ? Faire des tresses indiennes dans les cheveux des petites filles, tu sais les tresses qui entourent le cheveu avec de la laine. Avec une amie, j’ai fait les marchés du côté de Bergerac, en Dordogne. Ça, c’était le matin et le soir on allait faire le tour des campings 4/5 étoiles. On vendait des bijoux, et à côté, en complément, j’avais un petit stand de tresses.
Tu l’as trouvé comment ? Toute seule ! J’avais envie de voyager, de rencontrer du monde et avec mon amie, on a eu l’idée de faire les marchés. Après pour les tresses, une amie m’a appris à les faire et comme c’est pas très compliqué, je me suis dit « pourquoi pas ».
Et ça gagne bien ? Oui ! Bon, normalement, la laine coûte très cher mais là, une dame sur un marché m’en a quasi-offert des kilos. Je vendais 6 euros la tresse pour les cheveux mi-longs, 12 euros pour les cheveux très longs. Mais j’aurais pu les vendre plus cher : les petites filles en étaient dingues, y’en a même qui attendaient une demi-heure ! En une soirée, je me suis fait jusqu’à 200 euros.
Le truc en plus ? Le retour sur investissement, assez incroyable ! Et puis c’est rigolo, les horaires sont sympas, les petites filles adorables.
Le truc plus relou ? Le mal de dos ! Et puis le mauvais temps – comme l’été était assez pluvieux, beaucoup de marchés ont été annulés. Quand t’as un parasol à 300 euros qui menace de te tomber dessus parce qu’il pleut et qu’il y a du vent, tu te sens assez mal.
Comment faire des tresses pour les nuls
5 Le job le plus bling-bling – Figurant dans une grosse production Par Ashley, 20 ans, en BTS tourisme
C’était quoi ton job d’été ? Faire de la figuration dans le film Les beaux gosses, de Riad Sattouf. Pendant 10 jours, j’ai joué le rôle d’un collégien. C’était très drôle, j’avais pas grand-chose à faire, juste à être là. On émargeait le matin vers 9h, on repartait vers 18h. Bon, par contre, on était tellement que je pense pas qu’il y ait mon nom qui défile à la fin du film !
Tu l’as trouvé comment ? Y’avait une annonce dans mon lycée. En fait, je n’y avait pas vraiment prêté attention, mais tous mes potes ont été pris donc j’ai postulé aussi.
Être un bébé acteur, ça rapporte ? 60 euros la journée ! En 10 jours, j’ai gagné 620 euros nets. Et, en plus, on était nourris le midi et toute la journée, il y avait un réfectoire installé sur le lieu de tournage où on pouvait aller boire et manger. J’ai jamais eu un autre job aussi bien payé !
Le gros point positif ? La rémunération et l’ambiance sur le tournage, très sympa.
Celui plus négatif ? Que ça s’arrête au bout de 10 jours : c’est pas un job sur la durée. Même si c’est sympa de faire de la figuration, une fois que ça s’arrête, faut rechercher d’autres castings. Et c’est pas simple !
Mais où est Ashley ?
6 Le job le plus Cartier-Bresson – Photographe dans un resto Par Agnès, 26 ans, masso-thérapeuthe
C’était quoi ton job d’été ? Photographe dans un resto. Chaque week-end, le vendredi et le samedi soir, j’allais dans un resto brésilien à Bastille, à Paris. Je prenais les clients en photo, puis j’allais les développer à quelques arrêts de métro, et je revenais ensuite pour leur vendre les clichés. Fallait que je les séduise un peu, que je les drague presque, pour qu’ils m’en achètent. Sauf quand ils étaient alcoolisés, là c’était plus simple…
Tu l’as trouvé comment ? Par un ami, c’est lui qui m’a embauchée. J’étais pas particulièrement bonne photographe, il a dû m’apprendre les rudiments de la photo. Et il m’a surtout dit de ne jamais toucher aux réglages !
Ça rapportait pas mal ? 200 euros la soirée (au black), peu importe le nombre de photos que je vendais. Donc oui, c’était cool.
T’étais pas trop timide ? Au début, si, j’en vendais que 5 ou 6 par soirée, mais tu prends vite le coup, il suffit de se débloquer. Et puis jamais personne n’a refusé que je le prenne en photo, les gens étaient plutôt cool.
Le défaut du job ? C’est crevant et t’as aucun week-end. Et puis t’es sous pression : très vite on m’a dit qu’il fallait que je vende bien plus de photos, sinon j’allais me faire virer.
C’est lui Raymond Depardon ?
7 Le job le plus musclé – Distributeur d’annuaires Par Sarah, 28 ans, paléontologue
C’était quoi ton job d’été ? Livrer des annuaires chez les abonnés à France Télécom – l’ancêtre d’Orange. Je chargeais ma voiture avec des dizaines et des dizaines d’annuaires et puis je faisais le tour des adresses indiquées – pour en porter plus et aller plus vite, j’en déplaçais avec un diable, comme je ne suis pas très costaud, c’était drôle.
Tu t’es fait les muscles ? Oui, c’était un des avantages ! J’ai aussi appris à mieux me garer (enfin, en théorie). Plus sérieusement, j’aimais surtout l’idée de gérer mes horaires comme je le voulais. Et puis c’est sympa de rencontrer plein de gens, j’ai découvert la cambrousse autour de chez moi, plein de coins dont je ne soupçonnais même pas l’existence.
T’étais bien payée ? Non, pas vraiment, c’était le point faible de ce job. J’étais payée au nombre d’annuaires distribués : en centre-ville, c’était 21 centimes l’annuaire et en campagne, 50 centimes – sachant que je devais déduire de cette somme mes frais d’essence. Du coup, c’était plus rentable de le faire en ville. En 3 semaines, pour que t’aies une idée, j’avais gagné 300 euros.
Tu l’as trouvé comment ? Y’avait une annonce à l’ANPE, je crois. Je ne sais même plus honnêtement, c’était il y a déjà 7 ans !
Braquage d’annuaires à La Poste
8 Le job le plus mal de crâne – Liseuse pour mal-voyant Par Adeline, 28 ans, libraire
C’était quoi ton job d’été ? Faire la lecture pour une femme malvoyante. Je lui lisais des articles, surtout des affaires juridiques de tribunaux, parce que c’était une ancienne juriste et que ces dossiers la passionnaient toujours.
Tu l’as trouvé comment ? Y’avait une annonce au Crous, et je trouvais l’idée sympa. J’ai passé un entretien avec cette femme, j’y connaissais rien en droit, mais elle a bien aimé ma voix alors elle m’a prise.
C’était bien payé ? Oui, pas mal, 12 euros de l’heure, et je faisais ça 3 heures par semaine. Ça ne peut pas être ton job principal, mais c’était un complément sympa, qui prenait pas trop de temps.
C’était intéressant ? Franchement, oui, c’était une expérience pas mal. Je l’avais même mis sur mon CV il y a quelques années, quand je cherchais du boulot. J’ai fait plein d’autres petits jobs, serveuse, vendeuse et à chaque fois, je me disais, surtout fais des études pour ne pas faire ce genre de boulot plus tard. Quand je faisais la lecture à cette femme, je ne me disais pas ça.
Le moins ? Trois heures non-stop où tu lis des trucs qui ne te passionnent pas… Je me faisais clairement mal à la tête. Et puis la dame pour laquelle je lisais était un peu antipathique, méfiante. Bon, je comprends, elle était malvoyante et elle avait peur que je lui pique quelque chose sans qu’elle le voit, mais ça donnait une ambiance bizarre, elle m’écoutait, son sac caché entre elle et la chaise.
Lui aussi, il sait lire ?
9 Le job le plus enfants-qui-hurlent (de joie) – Chef de manège Par Brice, 22 ans
C’était quoi ton job d’été ? Tenir un manège toute la journée, en plein bois de Boulogne, accueillir les clients, les faire payer, les orienter… Moi, j’étais au “dragon” et aux “tacots”, deux gros manèges.
Tu l’as trouvé comment ? Par piston mais le seul moyen d’être pris au jardin est de s’y rendre avec CV + lettre de motiv’ et de rencontrer un des responsables.
L’avantage principal ? Le cadre du job ! On est dans Paris, en plein bois de Boulogne, donc l’environnement est vraiment cool… des arbres, des petites allées… J’aimais bien aussi rencontrer plein de gens, surtout les touristes du monde entier ! Les jours de grand soleil, y’a quand même 20.000 personnes…
C’est toujours sympa, tout ce monde ? Non, parfois la clientèle est vraiment très très conne. On voit de tout, des banlieusards, des touristes, des campagnards et des vieux Bourges du 16e… L’autre truc relou, c’est la météo : dès qu’il pleut, les journées sont très longues.
T’étais bien payé ? Le Smic mais si t’es compétent et sérieux, tu peux faire plein d’heures sup’ et du coup gagner plein de tunes. Et en plus, si t’es motivé et dynamique, ils sont prêts à te reprendre les week-ends de l’année normale.
Tournez manège
10 Le job le plus agricole – Castreur de maïs Par Joanne, 34 ans, inspectrice des finances
C’était quoi ton job d’été ? Le castrage de maïs, c’est un peu technique, mais en gros ça consiste à supprimer les fleurs mâles des rangs destinés à être femelles pour pouvoir créer du maïs hybride. Concrètement, on enlève les fleurs à la main, c’est plus ou moins simple, mais le geste s’apprend vite.
Tu l’as trouvé comment ? Une connaissance de ma famille. Mais c’était assez facile : pour castrer du maïs, t’as pas besoin de compétence particulière, ça demande juste un peu de concentration et de précision les premiers jours.
C’était bien payé ? Dans mes souvenirs (c’était il y a presque 20 ans alors ils sont un peu flous), je crois que j’avais gagné 600 francs pour 10-15 jours, en plus d’être logée dans une caravane et nourrie. J’avais trouvé ça correct à l’époque.
L’avantage principal ? L’ambiance, on rigolait bien dans les champs. Un peu dans l’idée qu’on se fait des vendanges. Et puis je me souviens qu’on mangeait bien à midi, on était chouchoutés. Les propriétaires faisaient gaffe aussi de ne pas nous faire bosser entre midi et 15h pour éviter la chaleur.
C’était pas trop dur le soleil ? Si, pour moi, c’était le plus difficile même si avec chapeau, manches longues et foulard léger pour protéger la nuque, ça va. Sinon, on se faisait un peu mal aux mains, parce que les feuilles sont coupantes, c’est comme quand on se coupe avec une feuille de papier, rien de méchant non plus.
C’est comme ça qu’on castre du maïs ?
bqhidden. Pour castrer du maïs, t’as pas besoin de compétence particulière