Choisir de ne pas choisir, quitte à ne pas être pris en compte – c'est la décision de ces déçus des politiques que StreetPress a rencontré. Laetitia explique : "J'ai envie de voter, mais pas par dépit."
1. Amélie, 28 ans, responsable commerciale, de Fréjus
Tu votes blanc par conviction ? Non, pas vraiment, c’est plutôt un choix par défaut. Je m’intéresse à tous les candidats, je lis leur programme et rien ne me correspond. Mais ça reste un choix, j’insiste là-dessus.
Tu es récidiviste ou ce sera une première fois ? Je récidive ! J’ai déjà voté blanc au deuxième tour des présidentielles, en 2007, mais aussi chez moi, à Fréjus, pour les municipales. Je ne pouvais pas encadrer le maire (Élie Brun), ni son parcours, ni sa personnalité. Les autres ne valaient pas mieux, alors j’ai voté blanc. »
Ton dernier vote « couleur », c’était plutôt bleu ou plutôt rouge ? Plutôt rouge, c’était Besancenot ! Au premier tour de 2007, surtout parce que le personnage me plaisait. En général, j’aime bien les outsiders. D’ailleurs, si je devais choisir pour 2012, ce serait plutôt Eva Joly ou Jean-Luc Mélenchon. Surtout parce qu’ils sont favorables à la reconnaissance du vote blanc !
T’es plutôt du genre à te rendre au bureau de vote en prenant le premier papier que tu trouves ou à le préparer minutieusement ? Ah non, je prépare rien du tout, je fais toujours tout à la dernière minute ! De toute façon ça change rien ! Un papier blanc, c’est un papier blanc !
Si tu laissais un message sur ton bulletin, ce serait quoi ? À bon entendeur ! Une façon de dire que j’espère qu’un jour mon vote soit pris en compte.
Le vote blanc, c’est un vote négatif ? C’est ce qu’on dit. Pour moi, au contraire, c’est une démarche positive. Je comprends pas pourquoi les absentéistes ne votent pas blanc et ne se servent pas du pouvoir qu’ils ont. S’ils faisaient l’effort, on pourrait prétendre à être considérés. Parce que ça craint qu’on soit pas reconnu.
Je comprends pas pourquoi les absentéistes ne votent pas blanc
2. Pierre-Jean, 24 ans, étudiant en master 2 de cinéma à Paris
Qu’est-ce qui t’as dégoûté de la politique ? Une première expérience en politique ! J’ai été colistier du maire sortant de Boulogne-Billancourt, Jean-Pierre Fourcade (divers droite). Pendant la campagne, j’ai rencontré des partisans de tous bords. Ils sont passionnés, mais au point de vouloir en découdre, quitte à oublier humanité et respect, quitte à être d’une bassesse incroyable. Ça m’a dégoûté. S’investir comme ça, c’est pas mon truc. Quand t’as vu une campagne locale, tu vois la politique nationale d’un autre angle : aussi pourrie.
C’était quoi ton dernier vote ? J’ai tenu un bureau de vote pendant les primaires socialistes, à Boulogne, mais j’ai pas voté. Le parti me ressemble pas forcément, ni aucun des candidats d’ailleurs. Sinon, j’ai voté extrême gauche au 1e tour des présidentielles de 2007 – pas par conviction mais parce que j’avais envie de montrer qu’à Boulogne, super à droite, y a quand même une minorité de gauche ! Et au 2e tour… je sais même plus si j’ai voté. J’ai dû voter Royal, parce que mes parents votaient Sarkozy.
Ton vote blanc, il signifie quoi ? Je sais pas trop, c’est nouveau pour moi… Pour moi voter ça allait de pair avec un candidat, se reconnaître dans un homme. Aujourd’hui, j’ai envie que mon vote dise : « vous m’avez tous tellement déçus, tous ! MERDE ! » Je ne pardonnerai jamais à Sarkozy la haine qu’il a insufflée dans le pays ni de nous avoir imposé Claude Guéant et Nadine Morano ! Après, le problème, c’est que le vote blanc n’est pas comptabilisé ! Y a des fois où je penche pour l’abstention.
Si tu pouvais laisser un message avec ton vote blanc, ce serait… «Coupez ! C’était nul. On va la refaire. » Ça, ce serait un clin d’œil à mon métier, cinéaste. Sinon, je mettrai de la nitroglycérine !
Tu as déjà préparé ton petit papier ? Ah oui, j’ai vu qu’on pouvait mettre tout ce qu’on voulait ! Même une photo. Du coup j’y réfléchissais. Et je réfléchis encore. Je mettrais bien la Liberté guidant le peuple, de Delacroix. Ça pourrait être un beau message, en rapport avec les indignés.
Les militants sont passionnés, quitte à être d’une bassesse incroyable
En 2007, j’ai dû voter Royal, parce que mes parents votaient Sarkozy.
J’ai envie que mon vote dise : « vous m’avez tous tellement déçus, tous ! MERDE ! »
3. Laetitia, 24 ans, coach dans une formation à distance
Depuis quand tu votes blanc ? Depuis cette année. Avant, je n’ai jamais voté. C’est seulement maintenant que je m’intéresse à la politique, je lis les programmes, je suis attentive aux infos politiques. Jusque-là, ça ne me concernait pas vraiment, j’y comprenais pas grand-chose.
Tu votes blanc pour ta première élection ? En fait, je trouve certaines propositions intéressantes, mais elles sont dispersées dans tous les programmes ! Et puis globalement, la présidentielle c’est surtout beaucoup de cinéma, de mise en scène, des belles paroles. Après l’élection, rien. J’ai envie de voter, mais pas par dépit. Si j’étais vraiment obligée de choisir, ce serait Sarko. Il me semble plus crédible. Encore que…
Et si tu pouvais laisser un message sur ton petit papier blanc ? Arrêtez de parler et commencez à bouger !
Un système comme celui des primaires, ça te convainc pas ? Honnêtement, je n’ai pas accroché. C’est la loi du plus médiatique de toute façon, aux primaires comme ailleurs, les élections c’est people ! On n’a jamais vraiment le choix finalement.
On n’a jamais vraiment le choix finalement
bqhidden. J’ai envie de voter, mais pas par dépit.
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