03/05/2011

«Y'en a un qui se cache avec son Flashball !»

Police VS élus: Dans le 19e arrondissement les autorités se disputent sur le sort des migrants

Par Mathieu Molard

Lundi matin, les 200 migrants tunisiens qui squattaient un immeuble dans le 19è arrondissement de Paris ont été délogés par la Police. Les élus de la mairie PS tentent de jouer les négociateurs: n'est pas Kevin Spacey qui veut.

10 heures – 51 avenue Simon Bolivar à Paris: Une centaine de personnes attend devant un bâtiment de la municipalité. Un cordon de police bloque l’accès. Derrière les portes, deux cents tunisiens barricadés depuis la veille au soir. Passés par Lampedusa, ils dorment dans les parcs du XIXème depuis deux semaines. Épuisés par ces conditions plus que précaires, ils ont décidé de squatter le local inoccupé depuis deux ans, propriété de la ville de Paris. Accoudés aux fenêtres ils lancent à la police le « casse-toi » scandé pendant des jours place Tahrir.

Sucre Dans un premier temps la police refuse de laisser passer le ravitaillement. Le système D s’organise. Quelques-uns lancent des carreaux de sucres aux sans papiers. Les forces de l’ordre, victimes collatérales de certaines tentatives infructueuses haussent le ton. La tension monte d’un cran quand les forces de police décident de repousser les manifestants pour former un périmètre autour du bâtiment. Pour calmer le jeu ils décident de les laisser monter de la nourriture par des paniers accrochés à des fils. Les Tunisiens n’ont pas mangé depuis la veille au soir.

Explusion) « Que fait la mairie? Je croyais que Delanoe soutenait les Tunisiens! » lance un manifestant. Plusieurs élus socialistes et écologistes tentent de calmer le jeu tout en précisant que « la police c’est l’état », pas eux. Pascale Boistard, adjointe au maire chargée des étrangers non communautaires, répète à qui veut l’entendre que la mairie ne demandera pas l’expulsion même si « le bâtiment est en très mauvais état ». 

La mairie s’engage 14 heures, une délégation sort du bâtiment. Elus, gradés et Tunisiens partent négocier dans le café Simon Bolivar, tout un symbole. Une demi heure plus tard les migrants retournent dans l’immeuble occupé, armés de propositions. La municipalité s’engage à ouvrir cinquante hébergements supplémentaires et à trouver un bâtiment, géré par une association, capable d’accueillir une centaine de personnes. « Nous voulons pouvoir discuter, réfléchir pour savoir ce qu’on envisage pour la suite », témoigne un des Tunisiens.


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