Kilt ou mini-jupe ? Les «hommes en jupe» se disent «discriminés» et se posent en héritier des féministes et de leur combat pour le pantalon. StreetPress a testé une après-midi shopping au masculin entre H&M et boutiques de jupes de créateurs.
On retrouve Alain Gueret, le président des Hommes en Jupe devant la Fontaine des Innocents, dans le quartier des Halles (Paris). Le président de l’association qui a choisi pour slogan cette année « 2011, cool la jupe ! » nous attend en kilt marron : « C’est mon utility kilt », confie-t-il.
Sous un beau soleil, on en apprend plus sur ces militants de la mode masculine :
« Nous sommes une cinquantaine en tout, répartis dans toute la France et quelques uns à l’étranger […] les buts de l’association est de promouvoir le port de la jupe chez les hommes et de diversifier la mode masculine. »
Fier de rappeler que la jupe se portait très bien depuis l’antiquité, Alain Gueret compare sa démarche à celle des « femmes des années 1960 qui revendiquaient la démocratisation du pantalon et l’égalité des sexes. »
kilt, djellaba, sarong, pagne, paréo ou mini-jupe Les Hommes en Jupe regroupe des aficionados du kilt, de la djellaba, du sarong, du pagne, du paréo ou de la mini-jupe. « Pour certains, participer aux activités de l’association, c’est un peu comme un coming-out », ajoute Alain Guéret.
Plus encore, dans leur manifeste, les hommes en jupe proposent une « redéfinition du masculin » :
« La restriction vestimentaire masculine en Occident est symptomatique d’une conception particulièrement étriquée du masculin, lequel symbolise l’esprit au détriment de la chair, l’insensibilité, la fonctionnalité et la performance; (…) l’action de Hej s’inscrit donc dans une redéfinition du masculin dans un sens plus large.»
«En Occident, une conception particulièrement étriquée du masculin»
Et le shopping dans tout ça ? Les habitué(e)s de H&M ou C&A se doutent à raison qu’il n’est pas évident de s’habiller en jupe pour un homme. Trop féminine, sans poches, sans passants de ceinture, ce sont autant de raisons qui frustrent ces messieurs qui doivent la majorité du temps se contenter d’une relative mixité des jupes au rayon femme.
C’est pourquoi l’association HeJ permet à tous les amateurs de jupes de suivre l’actualité des créateurs partenaires, et mets en lien de nombreux sites commerciaux, hélas pour la plupart étrangers.
C’est cher Le gros bémol reste le prix exorbitant chez les créateurs : « Je fais du sur-mesure donc c’est assez cher, entre 500 et 1.000 € », nous explique Céline , une jeune créatrice qui commence tout juste dans le monde de la mode, en s’attaquant directement à cette gent. Cette dernière reconnaît qu’elle a de plus en plus de commandes de jupes masculines.
Et même si certains grands noms tels que Jean Paul Gauthier font également des jupes pour hommes, ils ne sont qu’exceptionnellement cités tant les prix sont hors d’atteinte pour le lambda aux jambes nus.
Et les femmes ? Pour les septiques qui auraient peur de voir leur virilité ou leur succès auprès des dames remis en cause pour le plaisir des volants d’une jupe, Frédéric Thomas , secrétaire de l’association assure : « ça intéresse les femmes au contraire. Je me suis rendu compte que la première chose qu’elles demandent c’est : est-ce que vous avez quelque chose dessous ? ». Il rajoute même que « rien dessous… ça dépend des situations, si vous voyez ce que je veux dire. » Et ce n’est pas Alain Gueret qui dirait le contraire « ça facilite le contact, ça intrigue, les gens viennent plus facilement parler. »
Tout cela sans parler « du confort, de la liberté et du style », précise la brochure de l’association.
StreetPress va devoir rajouter une ligne en plus à son Top 10 des spots des beaux mecs à Paris .
L’équipe de HeJ pendant le «Diversity Day» chez EDF
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