Au cœur de la capitale allemande, un hôpital protestant est devenu un lieu prisé par les anars. Mais pas que : des réfugiés y croisent trans et musiciens. Sur StreetPress, Peter explique : «Cela paraît utopique, mais ce sont nos convictions»
Un immense lieu dédié aux projets culturels, artistiques, politiques et sociaux, en plein cœur de la capitale allemande. Si vous allez vous y balader, impossible de le louper : le Béthanien, c’est le centre névralgique des assos de gauche, des anars, des homos, des féministes, des pacifistes, des réfugiés et de multiples groupes communautaires.
Dans le bâtiment principal, une école de musique, une imprimerie, un café-restaurant et des ateliers réservés à de jeunes artistes. Environ 25 organisations locales se partagent l’aile sud, New Yorck. Dans l’autre aile, différentes cuisines pour satisfaire les locataires qui viennent du monde entier : au moins une végétalienne et une autre pour carnivores. Ici, tout le monde est le bienvenu. Il suffit de savoir s’adapter à la vie en communauté.
Ancien hôpital À l’origine, ce squat géant (aujourd’hui légal), c’était le Bethanien, un hôpital protestant fermé en 1970 et racheté peu de temps après par la municipalité. Un bâtiment magnifique. Pour de nombreux Berlinois, impensable de laisser les lieux vides. C’est comme ça qu’en quelques années, ce complexe hospitalier est devenu un symbole des scènes anar et d’extrême-gauche. Un complexe découpé en plusieurs ailes, la plus célèbre étant l’aile sud baptisée en 2005 New Yorck (non, on ne s’est plantés dans l’orthographe).Un nom donné par les dizaines d’anars qui s’étaient fait virer d’un autre squat très connu de Berlin, celui de la rue de Yorck (Yorckstrasse). Probablement le plus beau souvenir de Peter qui vit à New Yorck depuis :
“Le meilleur c’était de voir comment l’occupation d’un bâtiment a finalement été légalisée. C’est très rare”.
Oui, parce que depuis, l’immense squat est devenu légal.
Le Bethanien, c’est où ?
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Le but ? Avoir un lieu où se retrouver, où discuter politique, où refaire le monde jusqu’à pas d’heure. Ici, des films censurés à l’étranger sont projetés, de nombreux débats politiques et concerts organisés. Le principe est assez simple : « développer l’échange et l’autodétermination », comme l’expliquent les locataires. Peter et Leoni, deux habitants du New Yorck, racontent :
“On rejette le système de partis politiques, les parlements, les institutions étatiques. Pour nous, chacun devrait pouvoir décider par et pour soi-même. On rejette aussi le système de propriété privé qu’on considère comme un vol à la collectivité. On veut une société sans pouvoir étatique et l’autonomie de chacun. Cela paraît utopique et très éloigné de la réalité, mais ce sont nos convictions.”
Ensemble, mais habillés Si c’est un lieu de création, ce n’est pas non plus complètement la fête. Pif, un Français installé depuis deux ans dans le Georg von Rauch-Haus, l’un des autres bâtiments du Béthanien, nous raconte qu’il vit sur un étage avec une quarantaine de personnes. Chacun sa chambre. Alors, forcément, quelques règles de vie sont les bienvenues.
“Un jour, un des colocs, qui habitait là depuis 30 ans, a ouvert sa porte à poil ! Imagine si c’était un enfant qui avait frappé. En plus, il avait une pile de magazines pornos dans sa chambre. Et le jour où il a tripoté une copine pendant une soirée, c’était fini. Il pouvait plus rester.”
Moralité, il s’est fait virer.
La teuf Mais le Bethanien, c’est quand même surtout un des épicentres de la fête berlinoise. Plusieurs fois par mois, les associations du New Yorck organisent des concerts et des soirées en faveur de causes comme la lutte contre le racisme. Niveau style musicale, tout le monde est servi : techno-électro, ska latino en passant par du punky reggae, de la drum & bass et du hip hop punk. Et surtout pas de dress code, ni de videur ! L’entrée ne coûte que trois euros.
Signe également d’une solidarité entre les différents sites culturels : des partenariats sont organisés avec les autres projets alternatifs de Berlin.
Un des colocs a ouvert sa porte à poil ! Imagine si c’était un enfant qui avait frappé. Il pouvait plus rester.
L’immense bâtiment du Béthanien, impossible à louper
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