11/02/2010

¡ Microbuseros Hasta Siempre ! - Partie 3

A Mexico DF, les chauffeurs de bus ont peur de devenir des pauvres

Par Robin D'Angelo

Dernière partie du documentaire ¡Microbuseros Hasta Siempre! L'arrivé du Metrobus à Mexico DF ne plaît pas beaucoup aux chauffeurs : Ils craignent de perdre leur emploi et un retour à la pauvreté.

Retrouvez la partie 1 du documentaire : Reggeaton, portraits du Christ et bière mexicaine: Avec les chauffeurs de bus de Mexico et la partie 2 : Avec Moustaches et Champi dans un bus à Mexico

Remplacer les peseros par des Métrobus

Aujourd’hui les peseros sont en voie de disparition : Les pouvoirs publics rêvent de nettoyer les rues de Mexico de ces affreux petits bus verts. Leur plan c’est de les remplacer par des bus modernes, organisés comme des grandes entreprises, avec des chauffeurs ayant reçu une formation.

Le Metrobus, c’est le rêve de la Setravi, la RATP locale. Ils l’ont mis en place il y a deux ans et c’est un véritable succès. Le Métrobus fonctionne comme un tramway et presque comme un métro. Il y a des stations fermées, avec un portique pour entrer et des tickets à passer. Quant aux véhicules, ce sont d’immenses bus en accordéons, avec télé et places réservées pour les handicapés. Ils circulent sur des voies spéciales, ce qui garantit une fréquence régulière et des temps de parcours réduits.

Un système ultralibéral et caduque

Le pesero ne peut pas lutter avec le Metrobus. L’utraliberalisme du système précèdent avait engendré une mauvaise qualité de service. Payés à la course et tous en concurrence, les chauffeurs de peseros se tiraient la bourre en faisant des courses pour arriver les premiers aux points de passage les plus rentables. Les axes les plus utilisés, les gros bassins d’emplois, et les zones résidentielles solvables, constituaient des niches économiques : ses axes routiers étaient saturés. Et la concurrence entraînait des accidents

Autre problème la vétusté des unités. Le transport en commun étant un buisness et non un service public, les propriétaires font le maximum pour maximiser leurs profits. Concrètement cela donne un investissement minimum dans les bus.

Bonus track 4 : Blagues de chauffeurs :

La fin de la débrouille

Pour les chauffeurs, le remplacement des peseros par des Métrobus ou des entreprises centralisées, c’est un drame. Certains ont passé leur vie à économiser pour devenir propriétaire de leur bus. Champi a la folie des grandeurs: Avec ses deux bus qu’il possède, il espère payer sa retraite et l’université à sa fille.

Autant que l’aspect financier, c’est aussi leur liberté qu’ils craignent de perdre. Indépendant, le chauffeur de peseros n’a aucune obligation, si ce n’est de rentrer dans ses frais à la fin de la journée. Pas de patron, pas d’horaire fixe et pas de restriction pour écouter de la musique ou s’accorder une pause tacos entre deux départs.

Aussi, le pesero a permis à des travailleurs peu qualifiés, de devenir de petits entrepreneurs. Grâce à la débrouillardise et la dérégularisation du secteur, les chauffeurs ont eu accès à une petite situation: Leur salaire mensuel moyen tourne autour de 8.000 pesos (environ 400 euros). Soit le même revenu que gagne un comptable.

Camacho a 57 ans et est paralysé de la moitié gauche du visage. Sa maladie lui a empêché d’accéder à un poste de chauffeur routier. Il craint que l’arrivée d’une entreprise structurée comme Metrobus, signifie pour lui la fin de sa carrière et le retour à la pauvreté.

Bonus track 5: «Quand la musique est bonne tes pieds bougent tout seul»

¡ Microbuseros Hasta Siempre !

Partie 1 : Reggeaton, portraits du Christ et bière mexicaine: Avec les chauffeurs de bus de Mexico
Partie 2 : Avec Moustaches et Champi dans un bus à Mexico
Partie 3 : A Mexico DF, les chauffeurs de bus ont peur de devenir des pauvres

Source: Robin D’Angelo | StreetPress