Il y a un an le Zimbabwe fêtait les 30 ans de son indépendance. Eugénie Baccot a assisté à ces célébrations « nord-coréennes » dans le stade de Harare à la gloire de Mugabe et « sa moustache brosse à dent ».
Ce matin du 18 avril 2010 les habitants de la capitale zimbabwéenne semblent tous suivre la route qui avance vers le lieu de célébration des 30 ans d’indépendance du pays. Ce stade est le plus grand de la capitale, certains diront qu’il a été construit « par les Chinois », d’autres par les Coréens. Le bâtiment circulaire ressemble un peu au stade de France ou alors au « Nid », symbole des Jeux Olympiques de Pékin. Cette année la municipalité a mis en place un système de transport public, alors tous les habitants peuvent se rendre au stade gratuitement.
Grand aigle zimbabwéen Les Zimbabwéens sont nombreux à attendre ce jour avec impatience et comme bon nombre de citadins, Mary fera le déplacement mais, seulement « après la messe ». Grace quant à elle ne célèbre plus le jubilé depuis longtemps, parce que « cela fait 30 ans que c’est la même histoire ! ». Les routes sont calmes ce matin mais un embouteillage attend l’automobiliste à l’entrée du site où les bus libèrent leur flot de passagers. La foule s’engouffre sans plus attendre dans le monument en forme de soucoupe volante. Le public est hétéroclite, familles, groupes d’adolescents ou amis, tout le monde se retrouve dans la joie et l’excitation. La fouille est succincte, les vêtements tâtés à la recherche d’un quelconque objet suspect. Sur le sol s’entassent des bouteilles en verre et quelques décapsuleurs. Une imposante statue du grand aigle zimbabwéen, symbole de la nation, se dresse à l’entrée du bâtiment. L’esplanade parsemée de cocotiers a des airs de foire populaire en ce dimanche. Des nuages de fumée émanant des barbecues et de la musique entrainante envahissent l’air. Même si il semble difficile de distinguer un militaire en service d’un quidam vêtu d’un costume patriotique, la présence policière se fait sentir. Les visiteurs sont orientés d’une porte à l’autre, au fur et à mesure que les quelques 60.000 places se remplissent. Des agents de sécurité montent alors la garde pour bloquer l’entrée.
C’est où Harare ?
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Cela fait 30 ans que c’est la même histoire !
Pyongyang La scène qui se présente aux yeux du spectateur offre une vision nord-coréenne. Le stade est presque plein et des milliers de petites têtes bougent au loin. Armes à la main, des rangs de militaires sont dressés sur une pelouse plus ou moins verdoyante. Le pavillon officiel accueille Robert Mugabe, le président à la tête de l’État depuis son arrivée au pouvoir en 1980.
Les discours ont déjà commencé et le flot de logorrhée est incessant, il n’y a pas une minute de silence. De loin il est impossible d’apercevoir les pontes du gouvernement alors un écran géant permet de suivre la cérémonie. Même en ce jour historique pour le pays, rares sont les auditeurs attentifs aux propos des intervenants. Dans les gradins on ne parle pas de politique ; pas une once de désaccord ni un quelconque signe de mécontentement n’émane des masses. La célébration de l’indépendance est une rencontre bien plus sociale que politique, une occasion rêvée pour une sortie familiale. Les marchands d’esquimaux vendus US$ 1 sont nombreux, ils sautent les barrières, paniers en bandoulière et se faufilent dans l’assistance. Assommés par la chaleur ambiante, quelques spectateurs partent à la recherche d’un coin d’ombre et l’écran géant sert alors de parasol. Encerclé par d’imposantes colonnes d’enceintes, l’orchestre se tient prêt à côté de la tribune officielle. La fanfare, trompettes et tambours à la main, patiente sur la pelouse postée derrière la parade militaire. Telles des sentinelles, officiers et policiers sont à leurs postes. Aux motos et vieux engins de police se sont ajoutées onze ambulances stationnées sur le terrain.
1987: L’ancien chef de guérilla Robert Mugabe devient le président du Zimbabwe
2003: Crise agraire sans précédent suite à l’expropriation des fermiers blancs.
2005: Le ZANU, parti de Robert Mugabe remporte les élections législatives sur fond de violence et de fraudes électorales
2009: Robert Mugabe accepte un partage de pouvoir avec son opposant Morgan Tsvangiraidu MDC