Révolutions arabes: 3 questions à Alain Gresh

D’après vous que préfère le gouvernement Français entre un état islamique élu et une dictature laïque ?

Ce qui est sûr c’est que tout le discours français qui justifiait sa position - soit une dictature laïque soit une dictature islamiste, et qu’entre les deux il fallait choisir le moins pire qui était la dictature laïque – s’est révélé totalement faux. Le retour d’une dictature islamiste ou d’une dictature, entre guillemets, « laïque », n’est possible qu’en cas de crise, que si la crise se prolonge. Mais je n’y crois pas non plus parce que je pense que ce qu’il s‘est pas passé est d’une certaine manière irréversible. C’est une volonté de ces peuples de ne plus être dirigés comme avant.

Pourquoi la France a soutenu ces régimes totalitaires jusqu’au bout ?

Ça fait 20 ans qu’on me dit que les dictatures laïques vont s’ouvrir petit à petit. Et on a vu que non seulement elles ne s’ouvraient pas, mais qu’elles se fermaient. La démocratie c’est un risque et il faut le prendre. Il faut faire confiance à la maturité des peuples. Elle ne va se construire en un jour, elle ne s’est pas construite chez nous en un jour et même chez nous elle n’est pas parfaite. Ça fait 20 ans qu’on nous brandit l’épouvantail islamiste pour justement justifier l’appuie aux dictatures. Mais même les gens qui votent pour les islamistes ne veulent pas d’une dictature islamiste.

Est-ce que le gouvernement Français a fait une erreur de jugement ?

Quand les gens sont élus, ils sont élus. On aurait dû faire ça en Palestine quand le Hamas à été élu, on a fait exactement le contraire. Mais le plus extraordinaire c’est comment on donnait des certificats de démocratie aussi bien à l’Égypte qu’à la Tunisie. Ça a discrédité la France à mon avis durablement.