Souvent traité «d'enculé» par la majorité UMP de sa ville Puteaux, l'élu-bloggueur Christophe Grébert s'est fait expulser manu-militari du dernier Conseil municipal. Il dénonce «les actes anti-démocratiques» de la maire Ceccaldi-Raynaud.
Sur quel sujet étiez vous en train d’intervenir avant d’être expulsé du Conseil municipal?
Le maire nous soumettait une délibération pour que la ville prenne en charge ses frais judiciaires dans le cadre d’une plainte pour diffamation déposée contre moi et le site internet du Figaro, à propos d’un article qui traitait de l’affaire du Canard enchaîné . Cette affaire va être jugée le 3 juillet au tribunal de Nanterre, elle a pris un avocat, elle a des frais de justice, d’huissiers etc… Donc c’est 10.000-15.000 euros de frais et elle souhaite que cet argent soit pris en charge par la ville. En tant qu’élu de l’opposition, je fais une intervention pour expliquer pourquoi je vais voter contre cette délibération. Je décris l’affaire, et au bout de 15-20 secondes, le maire me coupe mon micro, elle m’ordonne de me taire, et annonce qu’elle va passer au vote. Or, il n’y a rien dans le texte que j’étais en train de lire qui soit diffamatoire ou injurieux. Le texte rapporte des faits démontrés. Elle n’avait aucun motif pour m’interrompre, c’est de la censure et un acte anti-démocratique. Donc, j’ai décidé de continuer sans micro, je parlais plus fort pour que l’assemblée m’entende. En tant qu’élu de l’opposition, j’ai le droit de parler et d’expliquer mon vote : j’ai un comportement normal, je ne suis pas un sous-élu mais un élu à part entière.
Qui es-tu Christophe Grébert ?
Auteur du blog MonPuteaux.com qui critique depuis 10 ans la gestion de la ville par la maire Joëlle Ceccaldi-Raynaud, Christophe Grébert siège au conseil municipal de Puteaux sous les couleurs du MoDem. Candidat aux cantonales de mars 2011, il recueille 47,7 Et c’est là que ça chauffe ?
Une dizaine de secondes plus tard, cinq hommes de la police municipale sont entrés, ils m’ont soulevé, pris par les bras, par les jambes, éjecté manu militari, traîné dehors, tordu dans tous les sens… Je suis courbaturé, j’ai des bleus dans le dos. On a tenté de m’arracher mes papiers, mes affaires : c’était violent. La police municipale est revenue chercher mes affaires dans la salle. On a fouillé mes affaires, on a peut-être regardé mon ordinateur je ne sais pas… La situation était en dehors de toutes règles démocratiques.
Ce qui est scandaleux c’est qu’il n’y a aucun motif d’expulsion. C’est la police municipale qui est intervenue. Or il se pose un problème d’autorité : s’il y a un souci au conseil municipal le maire ne peut réquisitionner en principe que la police nationale, avec une motivation légale. C’est un peu comme si Sarkozy faisait arrêter les députés de l’opposition à l’Assemblée Nationale sans motif légal.
J’aimerais qu’il y ait un fonctionnement démocratique normal à Puteaux comme partout en France
Et puis la séance se poursuit, avec des votes sans la présence de l’opposition…
Certains élus de l’opposition étaient restés dans la salle pour dénoncer cette expulsion, mais voyant que le Conseil municipal se poursuivait ils sont sortis par solidarité. Il restait une dizaine de questions à l’ordre du jour et tout a été voté sans la présence de l’opposition et sans débat. 10 questions ont été votées en 10 minutes ! Ce qui pose un problème juridique. A Puteaux, il y a un problème très grave : le fonctionnement démocratique n’est pas assuré par le maire, et ce n’est pas la première fois que ça arrive. En décembre, c’est un élu d’EELV qui a été expulsé manu militari de la même manière par des policiers municipaux. Il n’y a pas de débat au Conseil municipal, je suis systématiquement interrompu quand j’interviens : mon micro est coupé, je suis insulté, pris à parti par les élus de la majorité UMP. Je reçois des insultes homophobes. Il se trouve que je suis homosexuel. Je suis traité « d’enculé », on me dit « va te mettre un seau dans le cul ça te fera du bien » ou « casse-toi dans le marais ». Tout ces faits, je les rapporte, je les signale au préfet de mois en mois, j’ai des menaces physiques au sein même du Conseil municipal. Et il n’y a aucune réaction.
Vous allez porter plainte. Combien d’affaires vous opposent à la maire de Puteaux, Joëlle Ceccaldi-Raynaud?
Depuis dix ans, il y a une douzaine de procédures judiciaires. Là en ce moment, j’ai cinq procédures en cours, je suis sans arrêt au tribunal, c’est un véritable harcèlement judiciaire. Depuis 40 ans c’est la même majorité, mon espoir est qu’aux municipales en 2014 on réalise l’alternance à Puteaux. Si l’affaire du Canard enchaîné avait éclaté un an plus tôt, je suis sûr qu’aux cantonales ils étaient battus. J’espère qu’aux prochaines élections municipales, ces gens indignes de leur mandat, au comportement délirant, seront mis dehors. J’aimerais qu’il y ait un fonctionnement démocratique normal à Puteaux comme partout en France.
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