Royal ? Aubry ? DSK ? Si Laurianne Deniaud assure que le MJS « ne fera pas campagne pour un candidat » pendant les primaires PS c'est parce qu'ils l'ont déjà choisi ... pour 2017. Hamon2017.fr est déjà réservé par un militant.
Vendredi 21 janvier dans la cour du 10 rue de Solférino, QG du Parti Socialiste. Il est 14h38 et Benoît Hamon revient de sa pause déjeuner, les bras chargés de sacs griffés au noms des plus grands couturiers parisiens, soldes oblige. Laurianne Deniaud, visiblement enjouée, va à sa rencontre et le salue chaleureusement, gros poutoux et sourires à la clef. «Oui, je suis proche de Benoît» concède la présidente du Mouvement des Jeunes Socialistes (MJS) lorsque StreetPress la rencontre à son bureau. «Et c’est un profil qu’on retrouve beaucoup chez nos cadres, il y a pas mal de responsables qui étaient dans la motion Hamon».
Le bébé de Hamon Benoît Hamon a été le premier président du MJS new-look refondé en 1993. Et tous ses successeurs ont appartenu à son courant, dit « hamoniste », représentant l’aile gauche du parti. Razzy Hammadi , président du MJS de 2005 à 2007, parle du « lien humain et affectif » qui unit le MJS à son géniteur. « Les chiens ne font pas des chats c’est sûr ! », plaisante celui qui occupe aujourd’hui le poste de Secrétaire National du PS chargé des services publics. Plus explicite, Thomas, militant au MJS et « dans la minorité ségolèniste », décrit l’organisation jeune du PS comme « le bébé de Hamon »: « Ce n’est pas lui qui nomme les permanents mais il a des petites mains, voir des grosses mains qui tiennent bien l’appareil. »
Rien à foutre Que vont donc faire « les petits soldats de Hamon » – comme se plaisent à les railler certains opposants au sein du PS – pendant la campagne des primaires ? Prendront-ils parti pour le porte-parole du PS s’il se présente aux élections ? S’opposeront-ils comme leur chef à DSK si celui-ci décide de concourir ? « Le mentor » Hamon n’est pas tendre à l’égard du président du FMI dont il a dit qu’il faisait « chier » et à qui il conseille « de poursuivre sa réflexion » .
« On ne fera pas campagne pour ou contre un candidat », coupe sans hésitation la présidente élue à 73% des voix, Laurianne Deniaud lorsqu’on aborde le sujet avec elle. « Les jeunes n’en ont rien à foutre des motions internes. Le MJS doit être l’organisation de tous les jeunes qui ont envie que ce soit le candidat de la gauche qui remporte les présidentielles en 2012 ».
Les chiens ne font pas des chats c’est sûr !
Les jeunes n’en ont rien à foutre des motions internes
Autonomie Mais ça c’est pour la forme. Dans les faits, pas de doute que le Mouvement des Jeunes Socialistes a sa petite préférence. D’abord leur proposition majeure – « le parcours d’autonomie », qui doit entre autres mettre en place une allocation de 800 euros pour « permettre à tous les jeunes de vivre dignement » – ne fait pas l’unanimité chez tous les candidats. Si Deniaud assure que « Ségolène est pour » et que « c’est une proposition que porte forcément Martine Aubry », elle regrette que François Hollande « ne soit pas convaincu » et avoue « ne pas avoir de relations avec Manuel Valls. » Quant à Arnaud Montebourg, il faudra qu’elle « vérifie sa position ».
Caliméro Par élimination, reste le super trio des sondages à porter la proposition: DSK, Royal ou Aubry. « DSK et Royal ? Entre la peste et le choléra ça va être compliqué pour le MJS! », rigole Thomas, le jeune ségolèniste. « Avec DSK, c’est un problème d’idées, avec Ségo une haine personnelle ».
Si Laurianne Deniaud assure qu’il n’y a aucun problème avec Ségolène Royal – qui a été « chaleureusement accueillie par tous les militants du MJS » lors du dernier conseil national – la gué-guerre de 2007 est dans toutes les têtes. « Il y avait eu des bagarres entre les jeunes ségolènistes et le MJS » se souvient Florian, ancien cadre de Désirs d’Avenir qui se demande toujours « à quoi sert le MJS ».
Du côté du MJS on reproche à l’équipe de Royal de les avoir « court-circuités ». Un cadre du mouvement balance: « Vous aviez deux organisations concurrentes, une qui est un fan club – 10 personnes dans leur chambre d’étudiant – alors que l’autre est structurée. De toute façon il suffit de regarder aujourd’hui: ils sont où ceux de la Ségosphère ? ». Les plus « hamonistes » des militants refusent d’entendre parler de la dame du Poitou: « Ce sont des contradictions idéologiques ! ». « Royal est plus proche du Modem que du MJS ». Et Thomas – un des quelques ségolènistes du MJS à Paris – de jouer à Caliméro: « A cause de mes idées je ne suis jamais invité aux cafés militants ».
Les militants du MJS ne sont pas à fortiori membres du Parti Socialiste et conservent donc leur autonomie. Mais sa présidente depuis 2009, Laurianne Deniaud de rappeler « qu’autonomie ne veut pas dire indépendance ». Le MJS est en effet subventionné par le Parti Socialiste.