Sur StreetPress les canadiens de Random Recipe donnent leur recette pour mixer rap et rock. «Le beat box c'est la trame générale et les instruments donnent une autre dimension». Le 2 février ils débutaient leur tournée au Point Ephémère.
Si on écoute votre groupe en plat, pour l’entrée et le désert, on écoute quoi ?
Franny : Je commencerais par quelque de doux comme Cocorosie…
Fab : Et pour finir, quelque chose de drôle comme Outkast !
Le nom du groupe signifie “Recette au hasard”… vous êtes des cuisiniers musicaux ?
Franny : Des cuisiniers ? Moi c’est le fast-food ! Vynz c’est la fine cuisine, Liu-Kong c’est la bouffe asiatique et Fab c’est italien. « Recipe », c’est parce qu’on utilise beaucoup d’ingrédients différents dans notre musique. « Random », ça vient des choses qui nous arrivaient au début, de manière complètement aléatoire. Par exemple, un jour dans le métro à Montréal, un homme s’est assis sur moi pendant 3 stations ! J’étais choqué mais je n’avais pas réagi. J’ai appelé Fab pour lui raconter, et elle me rappelle sa rencontre avec Rihanna quelques mois avant…
Shipwreck
Fab, tu peux me raconter ton histoire avec Rihanna ?
Fab : En fait, j’étais en pause dans le magasin où je travaillais. Une copine de la boutique de fringues à côté me dit que Rihanna y était. Je m’en foutais un peu, mais je trouvais ça drôle d’aller voir. Mais pendant qu’elle sortait de la boutique, un gros mec devant sa grosse voiture me dit de monter. J’avais tellement peur… je ne savais pas quoi faire donc je suis rentrée dans la voiture ! Je me suis retrouvée entre Chris Brown, Rihanna et un monsieur qui était son père. Pendant 10 minutes, Rihanna avec 3 gros appareils a pris une quinzaine de photos de moi… enfin surtout de mes cheveux ! Deux jours plus tard, sur une émission américaine, elle avait la même coupe ! C’est à cause de moi qu’elle a les cheveux courts, même si les gens ne me croient pas !
Mais tu as oublié de lui donner des conseils musicaux …
Fab : J’aurais pu en effet… (Les 2 filles se mettent à chanter la scie « Only girl », le single produit par Guetta)
Franny : Bon en fait, notre single c’était celui-là ! Mais pour éviter les problèmes, on lui a laissé… On touche juste les droits d’auteur !
div(border). La tournée française
Le 3 février à Marseille (au Cabaret Aléatoire), le 4 à Avignon (Les Passagers du Zinc), le 5 à Toulouse (Connexion Café), le 9 à Nancy (L’Autre Canal) et le 11 à St-Lô (Le Normandy).
C’est à cause de moi que Rihanna a les cheveux courts
A propos de votre musique : comment c’est venu l’idée de faire du beat box avec des instruments ?
Fab : On se complète tous un peu, personne dans le groupe ne compose les sons. À la base, il y avait juste le beat box : je donnais le rythme et Franny faisait la mélodie. Ça donne le corps des morceaux et on a rajouté les instruments après. Mais on ne joue pas l’un sur l’autre… En général, j’arrive avec un beat et Franny va jouer le contraire, donc on se répond. Le beat box c’est la trame générale de l’album, et les instruments donnent une autre dimension… On a aussi rajouté les garçons pour le sex appeal !
C’est donc vous les filles, les leaders du groupe ?
Franny : On nous voit plus car c’est nous qui avons le micro. Mais chacun a sa place dans le groupe… Fab est excellente devant une grosse foule. Moi, j’ai une forte présence devant un petit public. Les garçons sont de bons musiciens, charmants ! Et on est tous de très bons potes avant tout…
Qui a trouvé le titre de l’album ? (en français : « Pliez-le ! Moulez-le !)
Franny : Tout est parti du design de la pochette : un avion en plastique et en pâte à modeler. L’idée c’est : « prends-le et fais-en ce que tu veux ! » On pense que les gens qui écoutent du hip-hop ou de l’indie peuvent autant l’aimer. Nous, on a grandi avec le rap des années 90 et on a découvert le reste après. On ne connaissait pas la new wave, on n’a pas grandi avec… Ça ne nous empêche pas d’être un groupe indie ! Si on devait nous classer, il faudrait créer le genre « hybride » ou « compilation ».
Dans le métro à Montréal, un homme s’est assis sur moi pendant 3 stations
Vous pouvez me donner quelques ingrédients que vous utilisez dans votre musique ?
Ensemble : Pour faire une bonne chanson, il faut être soit heureux, soit vraiment déprimé ! Donc de l’intensité. Ensuite de la folie… et puis de la sensualité ! Il faut toujours du charme dans les histoires de nos chansons…
Quelle est l’histoire de « Shipwreck » ? (en français : « Naufrage »)
Fab : Lorsque j’ai rencontrée Franny, j’étais étudiante en anthropologie. Je venais de regarder des vidéos sur la vie de tribus dans le nord de l’Australie. Ils vivent au milieu de nulle part et ils doivent chasser et pêcher pour vivre. En sortant de là, je suis allée travailler dans une boutique haut de gamme qui vend des vestes à 500 dollars. Ca m’a choqué de penser que notre monde était si différent ! Je me demande dans cette chanson quel monde choisir.
Franny : A la base, j’avais repris les paroles de « What a wonderful world » sur le refrain, mais on n’a pas eu les droits d’auteurs, j’ai donc changé le texte ! Mais sur ce titre, je fais la positive et Fab la dépressive, alors que dans la vraie vie c’est l’inverse…
La bonne humeur, elle se ressent dans votre musique…
Franny : Il y a une émission télé populaire à Montréal « Mange ta ville », qui va chercher des groupes de la scène émergente. Le jour où l’on est passé, le thème c’était « la joie », alors que nos paroles sont généralement assez sombres. On ne comprenait pas trop ce qu’on faisait là, mais les gens de l’émission nous ont vraiment perçus comme un groupe joyeux. On devait être joyeux pour eux car on est comme des enfants sur scène, mais nos paroles sont très réalistes et critiques, sans être déprimantes non plus…