Dans la nuit du 3 juillet 2024, à Montpellier, Simon a été frappé et menacé de mort pour avoir déposé des tracts du Nouveau Front populaire sur des voitures. Apprenant qu’il militait pour la gauche, la police aurait refusé d’intervenir.
« Je n’ai pas eu l’impression qu’il voulait me faire peur mais plutôt qu’il voulait me faire vraiment mal. » Simon ne se sent plus serein dans sa résidence, pourtant fermée au public, du quartier Estanove, à Montpellier (34). Depuis le 3 juillet 2024, l’homme de 31 ans n’ose plus aller sur son balcon et frissonne au moindre bruit de porte. Ce soir-là, à 23h30, alors qu’il déposait des tracts pour le candidat écologiste Jean-Louis Roumégas en bas de chez lui, un inconnu l’a violemment agressé. L’homme a profité de la pénombre pour lui tomber dessus par surprise. Le militant a porté plainte contre X le lendemain, comme l’a révélé Actu.fr.
« Je vais te tuer »
Entre-deux-tours des législatives. Le juriste de profession et militant associatif n’a pas eu le temps de tracter dans la rue ou de manifester. « Je n’ai presque rien fait de la campagne », explique par téléphone Simon, qui se dit engagé à gauche mais n’est pas encarté. « Du coup, je me suis dit que j’allais descendre dans le parking de ma résidence et mettre des flyers sur les pare-brise des voitures. »
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À la fin de sa distribution, alors qu’il remonte une allée peu éclairée, un homme au crâne rasé aurait surgi et l’aurait agressé. « Il m’a demandé ce qu’était mon tract, je lui ai donné et il m’a lancé : “Tu as mis ça sur ma voiture ?” Et là, c’est parti direct. J’ai n’ai pas eu le temps de répondre. » Son agresseur tente d’abord de l’étrangler, le saisit par la nuque et lui enfonce le visage dans une haie puis au sol. « Il me dit qu’il est un “facho” et qu’il ne veut pas de moi dans sa résidence », se remémore Simon, encore sonné. « Si je te recroise dans la résidence, je vais te tuer, je vais t’enculer », lui aurait répété son voisin. Simon finit par s’extirper à reculons et rejoint son bâtiment en courant. « Il a dû me voir par sa fenêtre et descendre pour m’attendre », suppose le Montpelliérain.
Pendant sa fuite, le trentenaire appelle son coloc’ pour lui demander d’ouvrir la porte. Dans son attestation transmise à la police, ce dernier témoigne : « Je l’ai retrouvé au milieu de la cage d’escalier, il avait le souffle court et l’air très apeuré. Il avait une coupure au visage, de la poussière, une grande quantité de feuilles et de graviers dans les cheveux, des coupures et éraflures sur les deux jambes. » Son médecin et sa psychologue attestent de blessures ainsi que d’un syndrome anxieux post-traumatique.
La police lui demande pour quel candidat il milite
Arrivé chez lui, Simon compose le 17. Second choc de la soirée. Lors d’une conversation téléphonique de quatre minutes, l’agent lui aurait demandé à trois reprises pour quel candidat il tractait avant de lui dire que la police ne pourrait pas se déplacer. « La question n’est pas pertinente par rapport à la situation ! », s’agace Simon. « Il m’a dit qu’ils ne pouvaient pas venir parce que les perquisitions sont interdites entre 21h et 6h du matin. Sauf qu’il s’agissait d’une intervention pas d’une perquisition » , ajoute le juriste, qui connaît son droit. Le policier lui aurait ensuite conseillé d’aller porter plainte le lendemain.
Simon a décidé de ne pas en rester là. Il a déposé une deuxième plainte contre l’agent de police pour « refus d’intervention discriminatoire à raison des opinions politiques ». Il a également fait une demande d’accès à l’enregistrement de son appel au 17, censé être conservé deux mois. Contacté par StreetPress, le Service d’information et de communication de la police nationale (Sicop) n’a pas répondu.
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Des groupuscules identitaires violents
Le 7 juillet 2024, le candidat du Nouveau Front populaire Jean-Louis Roumégas est arrivé en tête dans la première circonscription de l’Hérault avec 55.19% des suffrages, face à la candidate Rassemblement national (RN). Reste que l’extrême droite est bien implantée dans le coin. Simon ne rentre plus chez lui sans être accompagné et évite de marcher près des fenêtres depuis son agression. Il a prévenu d’autres voisins qui l’ont assuré de leur soutien. Sa mère Marine, 64 ans, a reçu un appel paniqué de son fils cette nuit-là. « On sait qu’il y a des gens qui ont voté RN dans notre voisinage vu leur score », dit l’enseignante de 64 ans à la retraite. « Mais qu’ils se sentent investis de ces idées fascistes au point d’attaquer et de menacer de mort, c’est très inquiétant pour la suite. »
Illustration de Une de Nayely Rémusat.
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