Gideon Levy, figure du journalisme israélien, présentait vendredi soir son livre Gaza, articles pour Haaretz, 2006-2009. L'ennemi de l'extrême-droite israélienne répond à StreetPress.
Dans vos reportages vous racontez la vie qu’impose Israël aux habitants des territoires. Vous ne vous sentez-pas un peu coupable d’être israélien ?
Je ne me sens pas coupable d’être israélien. Mais je me sens coupable et honteux de ce qui est fait en mon nom, par l’armée et le gouvernement israélien. Je me sens responsable de chacune des balles et des obus qui sont lancés à Gaza, en Cisjordanie et au Liban. Chaque israélien a une part de responsabilité.
Ce n’est pas un peu frustrant d’être sur place et de ne rien pouvoir faire ?
C’est très frustrant en effet. Mais, la seule chose que je sais faire dans la vie, c’est écrire. Donc, c’est ma seule arme. C’est la seule manière que j’ai pour essayer de lutter.
Certains supporters d’Israël vous accusent de pourrir l’image de votre propre pays …
J’écris pour les israéliens, pas pour les autres ! Je sais que je suis lu partout dans le monde parce que le journal Haaretz [grand quotidien israélien de gauche pour lequel Gideon travaille] est traduit en anglais. Mais, mes principaux lecteurs sont israéliens. C’est pour eux que j’écris. J’essaie de ne pas les insulter. J’essaie de les faire penser, de les faire comprendre. Je fais ce que je peux.
Et le gouvernement israélien, il vous a déjà menacé ?
Non, jamais. Israël est encore une démocratie. Elle est valable seulement pour les citoyens juifs mais pour eux, c’est une vraie démocratie et ils jouissent d’une entière liberté. Si je suis menacé là-bas, c’est par les lecteurs mécontents. Mais, ça fait partie de mon travail.
En France vous êtes publié par un éditeur d’extrême gauche et proche de sites pro palestiniens …
Ce n’est pas moi qui décide. Je viens en France et ceux qui viennent m’écouter sont ceux qui le veulent. Bien sûr, j’aimerai aussi, en Israël, ne pas m’adresser qu’à des gens de gauche mais parler aux dirigeants. Mais être journaliste, c’est tout ce que je puisse faire.
Gideon Levy en quelques dates :
1953 : Naissance à Tel-Aviv
1978-1982 : Conseiller de Shimon Peres
1983 : Devient journaliste à Haaretz
Depuis 1998 : Écrit la chronique hebdomadaire « Twilight Zone » qui décrit les conditions de vie dans la bande de Gaza
Quelques citations de Gideon Levy:
« La détresse des gazaouis me rend honteux d’être israélien »
« On ne demande pas à Israël de donner quelque chose aux palestiniens. Mais simplement de rendre : rendre la terre qu’on leur a volée »
« Israël est le policier, c’est à dire le gangster, du Moyen-Orient »
Source: Armelle de Rocquigny / StreetPress
“Gaza: Articles pour Haaretz, 2006-2009”:http://www.lafabrique.fr/catalogue.php?idArt=446
220 pages, 14euros, La Fabrique Éditions
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