Quelques semaines seulement après la mort de Mohamed Bouazizi , le producteur tunisien Tarak Ben Ammar a annoncé la préparation d'un film retraçant l'histoire du martyr.
Les récents évènements tunisiens séduisent déjà l’industrie du cinéma. Le producteur tunisien Tarak Ben Ammar a en effet annoncé son projet de préparer un film sur la vie de Mohamed Bouazizi, ce vendeur de fruits et légumes de Sidi Bouzid, décédé le 4 janvier dernier.
Un vendeur de fruits et légumes devenu martyr de la révolte tunisienne
Rappel des faits: après la saisie de son stock par la police de Sidi Bouzid, Mohamed Bouazizi avait tenté en vain de faire valoir ses droits auprès des autorités. Désespéré, il s’était immolé par le feu devant le siège du gouvernement le 17 décembre. Son acte a entraîné la révolte en Tunisie, révolte dont il fait aujourd’hui figure de martyr.
Sur le site hollywoodreporter.com , Tarak Ben Ammar a expliqué sa vision de cet acte extrême. «Mohamed Bouazizi a accompli le sacrifice ultime. En agissant ainsi, il a permis aux yeux et au coeur d’une nation de voir l’injustice qui la cernait. En plus, il a réussi à le faire en se sacrifiant, sans faire de mal à personne. Son appel pour la liberté, la dignité et le travail est devenu le cri de ralliement de toute la jeunesse de la région.»
Le tournage du film aura lieu en Tunisie où Tarak Ben Ammar dispose de plusieurs studios. Le producteur a d’ailleurs exprimé son désir de travailler avec la famille de Mohamed Bouazizi et a promis que tous les bénéfices du film leur seraient reversés. Quelle bienveillance!
Mais… Tarak Ben Ammar avait signé l’appel au maintien de Ben Ali
Malgré toutes ces bonnes attentions, un certain scepticisme règne autour de ce film. D’abord il s’inscrit dans une nouvelle mode peu excitante de l’industrie cinématographique certainement à cours d’idées: s’inspirer de l’actualité, de ces faits réels qui font de l’audience et deviennent des valeurs sûres. Les meilleurs exemples de cet engouement sont nombreux: un film sur les désormais célèbres 33 mineurs chiliens, un autre sur Mickael Jackson, des long-métrages toujours annoncés peu après que les évènements n’aient eu lieu. Une démarche que certains n’hésitent pas à qualifier d’immorale.
Mais il y a pire autour de ce nouveau projet car Tarak Ben Ammar lui-même n’a pas toujours été un ardent défenseur de la liberté. Pour preuve, il faisait partie des signataires d’un appel à Ben Ali pour que ce dernier reste au pouvoir en 2014. De quoi rester pantois.