Suite aux révélations de StreetPress, Arnaud Robinet a finalement admis l’utilisation d’un logiciel de vidéosurveillance utilisant l’intelligence artificielle. Le maire n’a pas averti ses concitoyens de l’expérimentation.
« Notre Centre de Surveillance Urbain (CSU) a effectivement expérimenté le logiciel Savari de Thalès. Loin des caricatures et des menaces de dérive orwellienne, il s’agissait simplement d’un logiciel destiné à faciliter la relecture des vidéos dans le cadre très strict des réquisitions judiciaires », a déclaré Arnaud Robinet, à l’ouverture du conseil municipal du lundi 30 janvier 2023, à Reims.
Le maire de la ville, affilié au parti Horizons d’Édouard Philippe, confirme les informations révélées par StreetPress le 26 janvier dernier. En 2021, la police municipale locale a utilisé un algorithme vidéo utilisant l’intelligence artificielle (IA) pour ses 225 caméras de surveillance. L’outil, nommé « Savari », permettrait de « surveiller, superviser et analyser automatiquement les situations (regroupement, intrusion,…) mais aussi détecter, identifier et classifier les formes et les objets (arme, vélo, …) ». C’est ainsi que Thalès présente sa solution sur le site du Salon des maires, un séminaire annuel pendant lequel les entreprises tiennent des stands pour draguer les élus.
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« On peut le déplorer, je m’en félicite », insiste le maire de Reims, qui poursuit :
« C’est un combat d’arrière-garde, je ne connais pas un membre de cette assemblée qui ne se félicitera pas qu’on puisse rapidement identifier un agresseur d’un de ses proches. »
Dans les faits : ni les habitants et ni les élus de l’opposition n’avaient été informés de cette collaboration avec le géant français de la défense Thalès.
Silence radio à la mairie de Reims
Contacté par notre rédaction à plusieurs reprises, des semaines avant la publication de l’article, Arnaud Robinet n’a pas souhaité répondre à nos questions. Mais deux jours après la publication de l’article de StreetPress, samedi 28 janvier 2023, le maire de droite a envoyé un « démenti » à France 3 Régions. Il y admet l’utilisation de l’outil mais dénonce l’usage du terme « vidéosurveillance », préférant utiliser le terme « vidéoprotection ».
L’édile de droite s’est ensuite exprimé sur le sujet devant les élus de sa commune, lors du conseil municipal. Il précise que l’expérimentation a été autorisée par le procureur de la République et qu’elle n’aurait duré que quelques semaines car Thalès aurait décidé de l’arrêt du logiciel. « Ce logiciel n’a jamais servi à surveiller en direct la voie publique qui est une activité strictement limitée », tonne-t-il.
StreetPress, « blog d’extrême gauche »
Plutôt que de se justifier sur le manque de transparence de la ville, le maire préfère s’en prendre à StreetPress qu’il qualifie de « blog d’extrême gauche » dont l’article au style à la fois « outrancier et mensonger » serait « ouvertement hostile à la vidéoprotection ».
Précisant que les « 60.000 euros » qu’aurait coûté le logiciel ont été remboursés par Thalès, Arnaud Robinet ne lâche rien. Il martèle sa volonté de trouver l’IA idéale pour Reims :
« Nous recherchons toujours une telle solution technologique qui permet de faciliter le travail d’enquête et donc qui aide nos forces de l’ordre. »
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