Des articles au long cours et des vannes, c’est l’ADN des Cahiers du football. En 1997 ils débarquaient sur le web. En 2018, devenus cultes, ils ont lancé une revue papier. Pour poursuivre l’aventure, ils ont besoin d’abonnés.
« Laissez-nous une chance de foirer la saison huit ». Sur le visuel de communication, Daenerys Targaryen pose fièrement sur le trône de Fer, un regard glaçant qui semble annoncer « Winter is coming ». Sauf que derrière elle ne s’affichent pas les lettres GOT, pour Game of Thrones, mais CDF : Cahiers du Football.
Il reste une semaine pour soutenir la deuxième saison des
cahiersdufoot</a> <br>Ou comment faire un beau geste tout en trouvant déjà un super cadeau de Noël <a href="https://t.co/8ZJDWQsXSm">https://t.co/8ZJDWQsXSm</a> <a href="https://t.co/cyLOdOC5JN">pic.twitter.com/cyLOdOC5JN</a></p>— Artus HSA (
artushsa) November 25, 2019
La revue de foot bi-annuelle a lancé la saison 2 de sa campagne d’abonnements. Les lecteurs ont jusqu’au 9 décembre pour financer les trois nouveaux numéros. Les Cahiers visent les 2.000 abonnés pour sortir du bénévolat. « Là, il y a urgence car la situation ne peut durer éternellement. On y prend énormément de plaisir mais il faut remplir la gamelle », explique prosaïquement Jérôme Latta, le rédacteur en chef des Cahiers.
Atteindre les 2.000 abonnés, c’est aussi se donner « les moyens de se développer ». « La distribution en librairie demande un travail spécifique. Il faut du temps et des moyens pour recruter des nouveaux abonnés et vendre mieux chaque numéro », détaille Jérôme Latta.
« On a voulu faire le média dont on rêvait »
C’est sur le web, en 1997, que commence l’aventure des Cahiers du Football. Le nom est un clin d’oeil aux Cahiers du Cinéma. « À l’époque, on ne trouvait pas notre bonheur en tant qu’amateurs de foot dans les médias existants. On a voulu faire le média dont on rêvait », rembobine Jérôme Latta, rédacteur en chef. Au menu, des articles fouillés sur les petites divisions du football anglais ou des analyses tactiques de certains matches. Le site a même une partie dédiée au foot féminin, ni buts ni soumises, depuis 2011.
Les signatures sont nombreuses. Autour du noyau dur qui rassemble des journalistes professionnels, on retrouve des internautes passionnés, des avocats du sport ou encore des universitaires. La communauté autour des Cahiers est importante. Après leur création, l’équipe crée un forum qui existe encore. Il reste une référence pour les fans de ballon rond.
En plus de montrer un autre versant de la culture footballistique, les Cahiers sont irrévérencieux et enchaînent les vannes et les parodies. Ils inventent une fausse AFP, l’Agence Transe Presse, qui fait des dépêches humoristiques. Dans l’une d’entre-elles ils racontent l’histoire (fausse) d’un cimetière indien enfoui sous l’enceinte du Stade Rennais, club moqué à l’époque pour sa lose consubstantielle. Le lien avec Simetierre, le livre de Stephen King, est complètement assumé. L’Équipe Magazine prend la boutade au premier degré et reprend l’info. Plus c’est gros, plus ça passe.
Allez, on vous remet cette dépêche Agence Transe Presse parue dans numéro 13 de notre mensuel en janvier 2005 – "info" alors reprise par L’Équipe Mag (car oui, nous avons AUSSI inventé le Gorafi). pic.twitter.com/uAHIP8DwP7
— Cahiers du football (@cahiersdufoot) January 8, 2019
En 2003, les Cahiers transposent leurs vannes des pages web au papier et lancent un tabloïd mensuel distribué en kiosque. « Une sorte de Charlie Hebdo footballistique », détaille Jérôme Latta avec « beaucoup de contenus satiriques ». L’aventure s’arrête en 2008, après 43 numéros, en raison d’un « épuisement total car on fonctionnait à 90% sur du bénévolat ». « On a eu la chance d’avoir toute une équipe motivée et brillante pendant quatre-cinq ans mais après c’est devenu mentalement difficile de continuer. On était à l’équilibre mais on n’avait pas les moyens de développer et de pérenniser vraiment l’aventure », se rappelle le rédacteur en chef des Cahiers.
Une revue singulière en France
Presque dix ans après l’aventure du mensuel, l’équipe décide de revenir au papier avec une revue bi-annuelle de 170 pages. De Charlie Hebdo, on est passé à XXI et aux longs-formats. On y retrouve des entretiens fleuves, des dossiers illustrés (les premiers numéros étaient sur la beauté, Dieu et l’enfance), des romans-photos, de la BD et bien-sûr des reportages au long-cours. Ainsi, un feuilleton nommé « Bondy building », en immersion au sein de l’AS Bondy, club formateur de Kylian Mbappé s’étale sur trois numéros.
« Des revues de ce type existent dans la plupart des pays de football, même aux États-Unis [où le football n’est pas un sport majoritaire, ndlr], mais pas en France », lance Jérôme Latta.
« On défend une vision du football ultra-menacée »
Les Cahiers vivent uniquement des abonnements et dons de leur lectorat : pas de publicités dans leur revue ! « Ça impliquerait de faire des compromis éditoriaux qu’on ne souhaite pas faire », détaille Jérôme Latta. Depuis leur création, les Cahiers ont toujours critiqué la mutation du « foot populaire » vers un « foot-business ». Ils ont d’ailleurs publié un « Manifeste pour sauver le football » qui propose l’interdiction de la cotation des clubs en bourse ou la limitation du nombre de compétitions internationales. Aux Cahiers on défend aussi les droits des supporters et « une vision du football qui est aujourd’hui ultra-menacée. Ce côté militant fait notre singularité ».
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— Cahiers du football (@cahiersdufoot) November 22, 2019
L’auteur de l’article a contribué plusieurs fois à la revue des Cahiers du football