Depuis l’intervention brutale de la police Nantaise et la disparition de Steve Maia Caniço, le 22 juin dernier, les regards se tournent vers le commissaire Chassaing, responsable de l’opération sur le terrain.
Nantes, aux alentours de 4h30 le samedi 22 juin. – La fête de la musique se termine sur le quai Wilson et progressivement les différents soundsystems coupent le son. L’un des DJ fait de la résistance et lance un dernier morceau : Porcherie, de Bérurier Noir. La police décide d’intervenir. « Ils nous ont direct arrosés de lacrymos, sans sommation », raconte Gwen de l’asso Media’Son. « Le DJ s’est fait taser », raconte-t-il. « Le reste des troupes a chargé les gens avec les chiens. Ils nous traitaient de sales gauchistes quand ils nous frappaient. » Coups de matraques, tirs de LBD, l’intervention est brutale. Plusieurs fêtards tombent dans la Loire. Quatorze personnes seront repêchées par les pompiers. Mais le compte n’y est pas : Steve Maia Caniço, animateur périscolaire de 24 ans, manque à l’appel.
Le commissaire Chassaing dans le viseur d’un syndicat de police
Fait rarissime, dans un communiqué le syndicat de police SGP-FO « pointe la responsabilité d’un chef de service », sans le nommer. Il s’agit du commissaire Chassaing, responsable de l’opération sur le terrain. C’est lui qui donne l’ordre d’intervenir. Le syndicat reproche « une faute grave de discernement ». Interrogé par Ouest-France, Philippe Boussion (1) secrétaire régional SGP Pays de la Loire, enfonce le clou :
« La responsabilité incombe à celui qui dirigeait les opérations et se trouvait même sur place. (…) Nous demandons à ce que l’IGPN fasse son travail et pointe la responsabilité du donneur d’ordres ! »
Selon Marianne et Ouest-France, son supérieur Thierry Palermo, qui suivait l’opération depuis la salle de commandement de l’hôtel de police, aurait tenté de mettre fin à la manoeuvre en donnant l’ordre de « stopper tout de suite les jets de lacrymogènes ».
Chassaing et ses hommes voulaient en découdre
Sur le quai de la Loire, quelques instants avant la charge policière, plusieurs organisateurs et fêtards ont tenté de calmer le jeu. « Un premier groupe d’une dizaine de policiers est venu », raconte Gwen. « On leur a dit qu’on pouvait les accompagner aux amplis pour couper le son. » Chassaing et ses hommes refusent le dialogue. La réponse est sèche : « Ils nous ont directement insultés et bousculés. Ils nous ont dit : “Fermez vos gueules, on vous parle pas !” », racontent plusieurs témoins, pour qui les policiers voulaient en découdre. « Ils sont repartis s’équiper. » Alex, un autre participant de la Fête de la musique qui a lui aussi tenté de dialoguer abonde :
« Je n’ai jamais vu un climat de violences comme ça pour de la musique, ni cette impossibilité de communiquer. »
Est-ce la méthode Chassaing ? Depuis son arrivée à Nantes en 2015, le commissaire s’est taillé une petite réputation d’adepte de la méthode forte. Dans l’entretien accordé à Ouest-France, le policier Philippe Boussion (1) assure que son syndicat a « déjà alerté à plusieurs reprises sur la vision de la sécurité de ce commissaire qui expose régulièrement nos collègues par ses prises de décisions et sa vision exclusivement musclée de la sécurité. »
Chassaing est de ceux qui défendent la présence des Brigades anti-criminalité (BAC) dans les dispositifs de maintien de l’ordre. « On ne peut pas se permettre de retirer la BAC à Nantes. C’est une unité d’intervention et d’interpellation. Quand on sait que l’ultra-gauche sera présente, on la déploie », déclarait-il à Médiacités en 2017.
Blackface
Au cours de notre enquête, nous avons également débusqué une photographie du commissaire Chassaing dans une situation peu glorieuse. L’image prise dans un cadre privé le montre, aux côtés de son épouse, le visage maquillé en noir, une perruque afro sur la tête. Un blackface, donc, pratique raciste régulièrement dénoncée. Antoine Griezmann, qui s’y était maladroitement essayé en décembre dernier, avait dû présenter ses excuses.
Le commissaire prend du bon temps... / Crédits : DR.
La photo du commissaire Chassaing a été repérée par un internaute (@Taleboules) qui l’a publiée sur Twitter. StreetPress a remonté le fil et découvert l’image sur le compte Facebook public de son épouse (dont nous avons choisi de masquer le nom). Elle date de 2014. Le commissaire Chassaing est à l’époque en poste à la sûreté départementale de Tours, où il a posé ses valises après deux missions à l’étranger (attaché de sécurité intérieur au Caire et à Bangkok entre 2005 et 2011). Sur cette même page sur le réseau social, la femme du fonctionnaire dénonce en vrac la « PMA sans père », le mariage gay et l’avortement. Ambiance.
Contacté par StreetPress, le syndicaliste a refusé d’en dire plus.
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