Les premières mesures prises par le gouvernement d'Edouard Philippe ne sont pas en faveur des plus faibles. Ce qui fait dire à Raphael Pradeau qu'Emmanuel Macron sera plus que jamais le président des riches !
Oui Emmanuel Macron est bien le président des riches
Les premières mesures annoncées par le chef de l’État et le gouvernement sont scandaleuses. Lorsque les Français vont revenir de vacances, ils vont se rendre compte de l’étendue du massacre. Alors non, ce n’est pas une caricature de dire qu’Emmanuel Macron est le président des riches. Au lendemain des élections, certain·e·s avaient reproché à Attac d’avoir qualifié Macron de « dernier avatar du néolibéralisme » et « d’ami de la finance, des banques et des multinationales ». Le nouveau président vient pourtant de lever le peu de doute qui subsistait sur son vrai visage.
Deux poids, deux mesures : c’est comme cela que l’on pourrait qualifier les premières mesures du gouvernement. D’un côté, il accélère sa marche vers l’austérité et la précarité avec « la loi Travail XXL », la hausse de la CSG (qui pénalise notamment les retraités), la baisse des APL (qui pénalise les plus pauvres, dont beaucoup d’étudiants), ainsi que la suppression annoncée de 125 000 postes de fonctionnaires et le gel de leur point d’indice.
« En même temps », selon son expression favorite, Macron prend le prétexte du Brexit pour dérouler le tapis rouge aux banques et à la finance : il enterre la taxe sur les transactions financières (TTF) à l’échelle européenne et rabote la TTF française. Il multiplie les cadeaux aux ultra-riches, notamment en transformant l’impôt sur la fortune (ISF) en impôt sur la fortune immobilière (IFI), ce qui revient à en exclure les placements financiers. Macron, c’est un peu l’anti Robin des bois ! Dans cette nouvelle France qu’il nous dessine, il vaut mieux être banquier et riche, sinon on n’est « rien ».
Le maintien du « verrou de Bercy » est un scandale
L’un des symboles de ce président des riches est le maintien du « verrou de Bercy », dans le projet de loi pour « la confiance en l’action publique ». Le « verrou de Bercy », c’est ce monopole que possède le ministère du Budget pour décider s’il y a poursuite ou pas devant un tribunal, en cas de fraude fiscale. De ce fait, chaque année, seulement 2 % des infractions fiscales sont transmises à la justice, un ratio à faire pâlir d’envie tous les autres délinquant·e·s !
C’est un sénateur communiste, Éric Bocquet, qui a profité du projet de loi de moralisation de la vie politique pour proposer de supprimer ce monopole. Le 11 juillet, le Sénat a voté en faveur de la suppression, contre l’avis du gouvernement et dans un Sénat majoritairement de droite. Mais l’Assemblée Nationale, archi-dominée par les député-e-s de La République en Marche, a finalement rejeté cette suppression, donnant l’impression de voter mécaniquement ce que lui demande le gouvernement. C’est une occasion ratée.
Après tout, il aurait été surprenant que ce gouvernement, qui mène une politique très favorable aux riches, prenne une mesure pour lutter efficacement contre l’évasion fiscale de ces derniers ! On peut toutefois se féliciter que les débats parlementaires aient fait apparaître un large soutien à cette mesure, les députés de tous les autres groupes parlementaires ayant voté pour.
La théorie du « ruissellement » : privilégier les plus riches… pour que les moins aisés récoltent les miettes
Le gouvernement, censé être « et de gauche et de droite », s’apprête à mener une politique économique clairement inspirée de l’ultralibéralisme. Les baisses massives d’impôt voulues par Macron bénéficieront essentiellement aux plus fortunés, au nom d’une « théorie du ruissellement » qui prétend que si les riches s’enrichissent, cela profitera aux plus pauvres au final. La casse du code du travail se fait selon l’idée que la flexibilité est la seule manière de réduire le chômage.
On sait pourtant avec des exemples comme les réformes Hartz, en Allemagne, que la déréglementation du travail permet de diminuer le chômage par la création d’emplois précaires, ce qui a pour conséquence une multiplication des travailleurs pauvres et des inégalités.