08/12/2016

« Diva is a female version of hustler »

Girls Do it Better, le collectif de nanas qui va retourner Paris

Par Inès Belgacem

Avec son crew Girls Do It Better, la Djette Kendra Yukiji compte bien montrer que les femmes ont leur place dans le monde de la nuit. Le collectif a déjà été repéré par le Vogue US.

Paris, 10e – À la sortie du métro Colonel Fabien, Kendra Yukiji marche d’un pas assuré, manteau de fourrure beige sur le dos et Nike Tn aux pieds. Maria, elle, est vêtue d’une fourrure noire qui descend jusque mi-cuisses et d’un jogging. « On sort en squad ! », rigole Kendra en nous entraînant sur le boulevard, direction le Fraîche. Le restaurant appartient à Tiffany, une copine chef-cuistot.

C’est qu’avec la DJ, il est souvent question de nanas. Voilà 3 ans qu’elle a créée Girls Do It Better, un collectif de musique exclusivement féminin :

« Girls Do It Better c’est un esprit ! Un truc un peu groovy, un peu rétro. »

Elles sont cinq – trois Djs et deux chanteuses – âgées de 19 à 27 ans. Si le crew se consacre aujourd’hui exclusivement à la musique, il s’est d’abord fait remarquer grâce à ses soirées éponymes. Du Social Club à Paris au St. Georg à Berlin, elles ont ambiancé les clubs hypes d’un paquet de villes européennes. Aux platines, uniquement des djettes :

« On voulait une soirées organisée par des filles pour les filles. Et on les faisait taffer, ce que personne ne fait ! »

Du style / Crédits : Instagram Girls Do It Better

Du style

Assise à une table en bois du petit resto, Kendra se lance dans un monologue girls power. Pourquoi laisser le hip hop aux bonhommes ?

« On est dans une société qui discrimine les femmes, pourquoi ne pas s’entraider entre nous ? »

Elle cite Panama Bende, L’Entourage, A$AP Mob ou Odd Future comme modèles. « Les collectifs de mecs qui se donnent de la force, ça existe. Nous on est le premier groupe de femmes qui le fait et on espère ne pas être le dernier. » Girls Do it Better, c’est surtout une bande de filles avec un sacré sens du style, remarqué par le Vogue US
. « Meet the new rulers of parisian style », littéralement Rencontrez les nouvelles dirigeantes du style parisien, titrait le magazine :

« On tournait une vidéo en tant que mannequins. Ils ont kiffé le concept Girls Do It Better et ont enchaîné sur un article. »

Dans le Vogue US / Crédits : Instagram Girls Do It Better

Crop top, survet’, larges lunettes de soleil rondes aux verres colorés, colliers ras du cou, les nineties sont à la mode. Un style hip hop girly qui rappelle les meilleures heures du RnB ricain, type Aliyah et TLC.

Un premier EP arrive

L’organisation de soirées et la programmation, c’est maintenant fini. Kendra compte consacrer tout son temps à la musique. Elle a d’ailleurs filé les rênes du management à leurs nouveaux associés de Panamaera. Le studio créatif made in France est à l’origine de jolis productions, dont des clips avec Kendrick Lamar ou Schoolboy Q. Mais compliqué de lâcher du lest pour la control freak. « Je suis une selfmade woman », justifie-t-elle.

2009. La DJ a 18 ans et se lance dans le blogging. « J’étais une des seules blogueuses noires. » Son rêve à l’époque : entrer dans le monde de la mode. Un objectif qui évolue lorsqu’elle entre à Radio Marais, en 2012. Pendant 2 ans, elle y anime un talk-show constituée exclusivement… de nanas :

« J’ai trouvé à la radio une liberté qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Quand c’est dit au micro, c’est dit ! C’est des réactions sincères, à chaud. »

Kendra est toujours cash selon ses copines de Girls Do it Better. Une liberté de ton qu’elle compte bien garder dans la musique. Une fraîcheur qui a séduit DJ Nxxxxxs un beatmaker qui monte. Publié début novembre, le morceau Brown Sugar signé sur le label Orfèvre comptabilise pas loin de 18.000 vues sur Youtube.

Girls Do it Better ne compte pas s’arrêter là. Leur premier EP est prévu pour février 2017. Elles doivent d’ailleurs filer en studio, ultra motivées :

« Avant, on avait l’habitude de dire que notre crédo est “money money money”. C’était des bêtises ! Maintenant ça serait plus “le travail paye”. »