Elsa Carrère publie Paris Trash, son premier livre illustré dans lequel elle raconte ses 20 ans de déambulations dans la capitale. Pour StreetPress elle revient sur la genèse du projet.
Place de la République, Paris – « Viens on va faire des photos devant les Autolibs, ça fera de la pub à mon patron ! », lance Elsa, tout juste la quarantaine. La petite brune aux yeux en amande bosse chez Groland sur Canal+, propriété de Bolloré donc d’Autolibs. Elle tient également une chronique sur Ouï FM et fait du stand-up. Le rendez-vous est pris avec l’auteure au café Fluctuat Nec Mergitur. Elle prévient de son arrivée par texto :
« Je suis là, la seule qui a une bière ! »
Pour son premier bouquin, elle a signé chez Fluide Glacial, maison d’édition référence dans la BD. Aux pinceaux, c’est Stéphane Trapier, qui dessine pour la presse et crayonne les affiches du Théâtre du Rond-Point. Derrière le titre du bouquin, Paris Trash, une vingtaine d’anecdotes plus pittoresques que scandaleuses. Une histoire par arrondissement, tirée de ses vingt piges de déambulation dans Paris : une promenade Porte de la Chapelle, se faire couper les tiff à Strasbourg-Saint-Denis ou se faire draguer au distributeur à billets de Ménilmontant. Retour sur le projet :
Toutes les histoires que tu racontes sont vraies ?
(repitw) Elsa Barrère : Oui et non. Disons que ça part d’histoires qui me sont vraiment arrivées et je rajoute un peu de fiction. Donc non, ce n’est pas 100 vrai que les CRS ont du intervenir dans une boutique Nespresso parce qu’il n’y avait plus de Volluto ! Mais la vraie histoire était tout autant ridicule. Une vingtaine de clients tous super bien sapés dans la boutique du BHV Marais ont commencé à s’énerver contre les vendeuses parce qu’il n’y avait pas les bonnes dosettes. %
Y’en a que t’as pas voulu raconter ?
Forcément, je n’ai pas pu résumer vingt ans de vie en 80 pages. Mais j’en ai une vraiment glauque. C’était il y a quelques années, aux alentours de 19h30 dans les couloirs du métro, un gamin d’une vingtaine d’années genre bon chic bon genre, tête d’étudiant à Dauphine, commence à me parler. Très sérieusement, les yeux dans les yeux, il me sort « Quand le métro va arriver, je vais te pousser sur les voies ». J’ai tellement flippé. J’essayais de partir mais il me tenait par le bras. Au final, j’ai réussi à me barrer mais cette histoire m’a traumatisée.
Coucou ! /
Comment est né le projet ?
Je bosse depuis quelque temps avec Yan Lindingre chez Groland, qui est aussi le rédac chef du magazine Fluide Glacial. Marketinguement parlant, il avait envie de sortir une « BD de fille ». On s’est rencontrés avec le dessinateur, il est venu me prendre en photo pour s’inspirer dans ses dessins et moi j’ai commencé l’écriture. Au début, j’ai eu un peu de mal à m’y mettre. Et puis en juin dernier, j’ai loué pendant un mois un studio pas très loin de République pour m’y mettre à fond.
T’as grandi à Paris ?
Presque ! Quand je suis née, mes parents ont décidé d’emménager au Kremlin-Bicêtre, en banlieue sud de Paris. Au moment où j’ai commencé à bosser, vers mes 20 ans, j’ai pris un appart dans le 20e. Mes aventures dans Paname commencent à ce moment-là ! Aujourd’hui, j’ai emménagé dans le 93, à Romainville. C’est nul comme ville et c’est loin, mais au moins c’est calme. Au bout d’un moment, j’ai commencé à saturer de l’ambiance générale de Paris, la crasse. Je continue à sortir, à bosser sur Paris. J’aime bien trainer au Rosa Bonheur, dans les Buttes Chaumont, qui est un des repères de la communauté lesbienne.
C’est quoi Paris pour toi ?
Pour moi, c’est plein de contrastes, à la fois la Ville Lumière et il y a une noirceur super sombre. Quand tu vois ce qu’il s’est passé avec les migrants à Stalingrad c’est chaud. Moi j’aime décrire Paris sans concessions, comme je le ressens et comme je le vois, avec les bons et les mauvais côtés.
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