17/06/2016

Face à Le Pen et Collard, le Pink Bloc se mobilise

Avec les militants LGBT qui voulaient s’incruster à la Manif pour tous

Par Tomas Statius ,
Par Pierre Gautheron

Machine à bulles, confettis, perruques… Jeudi soir des militants du Pink Bloc ont tenté de saboter avec humour un défilé de la Manif pour tous contre la GPA.

Métro Sèvres-Lecourbe (Paris 15e) — « On a décidé d’une action non violente. Quelle soit physique ou verbale. » Sous le métro aérien, une jeune fille donne les dernières instructions avant que le Pink Bloc ne se mette en mouvement. Direction, le métro Duroc. Là-bas, la Manif pour Tous organise un rassemblement anti-GPA (le recours à une mère porteuse). Ils sont une trentaine de militants LGBT à vouloir leur rendre visite.

Ça bulle. / Crédits : Pierre Gautheron

"Jésus avait deux pères et une mère-porteuse." / Crédits : Pierre Gautheron

Une militante, bandeau rose autour du cou et petites lunettes noires, prend la parole à son tour : « Les totos seront là aussi [les militants autonomes, ndlr]. Ils ont aussi décidé d’être non violents ». Éclats de rires dans l’assemblée. La petite troupe passe alors aux derniers préparatifs. Déguisements, banderoles, et machines à bulles sont de sortie. Un jeune mec à la coupe asymétrique et sa pote ont même préparé une grande pancarte qu’ils veulent remettre aux responsables de la Manif pour Tous. Dessus, en lettre capitale :

« Grand Prix des LGBT+Phobies »

Une action décidée après les Veilleurs

« On a eu une mauvaise expérience avec les Veilleurs [mouvement issu de la Manif pour Tous, ndlr] quand ils ont voulu venir à Nuit Debout. Ça s’était mal passé. C’est pour ça qu’on a décidé d’une action non violente », explique Aminata, une jeune étudiante de 21 ans au large sourire. Son pote Samuel renchérit :

« Le retour dans les médias était catastrophique. Cette action, c’est juste histoire de dire que la rue n’est pas à eux. »

Pink Bloc VS Manif pour Tous / Crédits : Pierre Gautheron

LGBT + phobie meurtrière / Crédits : Pierre Gautheron

Le jeune écrivain était déjà là en 2012, lors des premières manifs contre la loi Taubira : « A la base, je m’en foutais du mariage. Mais quand j’ai vu cette déferlante de haine et la violence de certains commentaires, je suis descendu dans la rue. Pour l’égalité des droits. » Quatre ans plus tard, il est toujours là avec ses longs cheveux bruns, son anneau à l’oreille droite et son nœud rose autour du cou :

« La Manif pour Tous, c’est le baroud d’honneur d’une France qui s’accroche au vieux monde. Ces gens-là, ce sont des morts vivants, la frange la plus réac’ que tu puisses trouver. »

Quand tu vois la Vierge. / Crédits : Pierre Gautheron

Le Pink Bloc bloqué par la police

La petite troupe se met en route. « Et tous les queers détestent les intégristes ! », lance une manifestante. A 200 mètres de la station Duroc, le Pink Bloc est repéré. Une trentaine de gendarmes empêchent le cortège d’avancer. On se retrouve coincé sur un bout de trottoir.

A deux rues, autre ambiance. Aux abords de l’hôpital Necker, les sympathisants de la Manif pour Tous occupent presque tout le carrefour aux angles de la rue de Sèvres et du boulevard de Montparnasse. Selon les organisateurs, le rassemblement a réuni 4.000 personnes. Ici, c’est plutôt coupe de cheveux bien dégagée derrière les oreilles et pull sur les épaules.

Ici, c’est plutôt coupe de cheveux bien dégagée derrière les oreilles. / Crédits : Pierre Gautheron

Les militants Manif pour Tous. / Crédits : Pierre Gautheron

Alors qu’une sono installée sur un char ambiance les participants, les politiques se montrent. Marion Maréchal Le Pen, Gilbert Collard sont là en guest star. Devant les caméras, la présidente de la Manif pour Tous, Ludovine de la Rochère, serre la pince d’Hervé Mariton, député républicain et candidat à la primaire.

Coucou Marion. / Crédits : Pierre Gautheron

« Je suis bi, et ? »

Certains membres du Pink Bloc ont quand même réussi à passer entre les mailles resserrés de la sécu de la Manif pour Tous. Alors que le cortège bleu et rose se met en branle, une jeune fille, au look bon chic bon genre, déambule au milieu de la foule, mains au niveau du visage. Sur ses paumes, elle a écrit : « Je suis bi, et ? ». Un policier en civil la ceinture et tente de la mettre à l’écart, avant de la laisser partir.

"Je suis bi, et alors ?" / Crédits : Pierre Gautheron

Un manifestant observe :

« Moi, je ne suis pas homophobe. Par contre je ne veux pas que cette sexualité déviante soit enseignée à l’école. »