Le mouvement né de la Manif pour tous voulait s'inviter Place de la République pour une veillée sur le thème du travail. C'est raté. Les deboutistes ont vu rouge et les ont virés manu militari.
République, Paris 3e – Ils sont arrivés le sourire aux lèvres et le pull noué sur les épaules. Ils sont repartis sous les broncas, les jets de canettes de bière et les slogans moqueurs. Annoncée depuis trois semaines sur les réseaux sociaux, la veillée des Veilleurs de la Manif pour Tous a tourné court place de la République.
Virée par le service d’ordre de Nuit Debout, la joyeuse troupe a du se replier sur le quai de Valmy avant de plier bagage à nouveau, après qu’une trentaine de militants est venue les déloger. Charles, polo Ralph Lauren sur le dos, se serait bien passé de cette soirée de galère. Ce membre de l’orga’ des Veilleurs ne s’attendait pas à un tel comité d’accueil :
« Tout ça m’inquiète pour la France. Si on se fait chasser comme ça, c’est que la France court un grand péril. »
La soirée des veilleurs s’est finalement terminée du côté de l’Assemblée Nationale. A l’abri des flashs des appareils photos et de l’ire des deboutistes.
L'un des veilleurs négocie un accès à la Place de la République / Crédits : Pierre Gautheron
Virés de République, les veilleurs y croient encore
Place de la République, tout le monde était au courant de la venue des Veilleurs. « On en a parlé entre nous. On a décidé qu’on ne voulait pas d’eux ici. En plus ils font ça pour le buzz. », raconte Thomas, membre de la commission Accueil et Sérénité de Nuit Debout.
Quand deux veilleurs se pointent finalement sur la Place, lui et ses potes leur intiment de partir. « On a des points de vue divergents bien sûr. Mais on doit se parler » s’emporte l’un des émissaires du mouvement né de la Manif Pour Tous. Réponse d’un deboutiste :
« Vous êtes homophobes ! Ce que vous avez fait n’a rien à voir avec qui se passe sur cette place. »
« Vouloir devenir meilleur avec le Christ » / Crédits : Pierre Gautheron
Les slogans moqueurs pleuvent. « Dehors les fachos ! », « Salut les marquis ! » Aux abords de la place, Nicolas, prêtre en « région parisienne » et en soutane veut croire qu’une entente entre Veilleurs et deboutistes est possible. « Si de part et d’autres tu as des gens qui veulent dialoguer bien sûr », précise-t-il.
Rémi, 30 berges et une jolie veste en tweed sur le dos, d’ajouter :
« Nous, on voulait juste être ensemble. On a pas parlé aux bonnes personnes, je pense. »
Du rififi Quai de Valmy
Axel Rokvam, le boss des Veilleurs, bat le rappel de ses troupes. Direction Quai de Valmy. A peine posé, le jeune mec au polo rose et à la petite mèche annonce le thème de la soirée. Ce soir, on parlera du travail. Plusieurs prises de parole sont prévues, dont celle de “Gauthier Bès”:http://www.streetpress.com/sujet/1445856179-gaultier-bes-catho-pop-et-ecolo-reac, prof de philo, proche des Veilleurs, et co-fondateur de la Revue Limite.
En haut de la passerelle, on n'est pas chaud d'être pris en photo / Crédits : Pierre Gautheron
A peine le temps de chanter quelques chants scouts cathos qu’une trentaine de militants débarquent sur le Canal Saint Martin. “Coup de pression, bousculades, courses poursuite et prises de bec…”:https://twitter.com/TomasStatius/status/740627819731025920 les Veilleurs déguerpissent. « Non mais ça va ! On a envie de réciter des textes de Bernanos , on récite des textes de Bernanos ! » s’offusque une jeune femme, des trémolos dans la voix. Sur la passerelle Quai de Valmy, plusieurs militantes LGBT confisquent l’instrument de musique d’une veilleuse et menacent de le jeter dans le canal. « On te le rend si tu dis que tu es pour l’IVG ! »
La débandade se poursuit à deux pas, rue de la Fontaine au Roi où les anti-mariage pour tous auraient été pris à partie par des militants, selon un journaliste du Figaro. Selon ce dernier, un Veilleur a été transféré aux urgences après un coup sur la tête.
Elles ne partiront pas en vacances ensemble / Crédits : Pierre Gautheron
Les Veilleurs se réfugient à l’Assemblée Nationale
Vers 22h30, sur les bords du Canal Saint Martin, alors que les derniers badauds discutent de la GPA, de l’IVG ou de la gay pride – « où les hommes sont quand même très dévêtus », ce qu’il reste de la veillée se retrouve sur le quai du métro. Direction l’Assemblée Nationale et ses trottoirs spacieux pour terminer la soirée. A peine arrivés sur place, un officier de police les prévient : à minuit, il faudra rentrer faire dodo.
Mais que fait la police ? / Crédits : Pierre Gautheron
La veillée se déroule dans le calme mais le cœur n’y est plus. Après tant d’émotions, Axel Rokvam appelle son crew à une minute de silence :
« [Il faut] étouffer la violence vécue, non pas la faire disparaître mais la laisser mourir »