En 3 saisons, Nordine et Karim, les deux acteurs des Déguns, ont accumulé des millions de vues avec leur web-série. Ils jouent le quotidien de deux bras cassés dans une cité marseillaise.
Le rappeur Jul, le footballeur Benjamin Mendy ou Bengous, le célèbre débriefeur des matchs de l’OM… ils ont tous fait une apparition dans les Déguns, une web-série qui cartonne depuis maintenant deux ans. La série raconte le quotidien de Nordine et Karim, deux galériens d’une cité qui enchaînent les plans foireux. Il y a le grand un peu niais et le petit tyrannique. Deux inséparables qui se tirent dans les pattes. La saison 3 vient de commencer et Nordine et Karim étaient de passage à Paris.
Karim et Nordine, les deux acteurs des Déguns / Crédits : Les Déguns
Vous avez grandi à la Sauvagère, un quartier du sud de Marseille. Ça ressemble à quoi ?
Nordine : C’est dans le 10e arrondissement, pas loin du stade Vélodrome.
Karim : Ça ressemble à n’importe quel quartier de France. L’école et le collège sont en ZEP. Il y a un centre social qui a fermé, il servait de squat aux Roms. C’est le bendo, le ghetto.
Votre série raconte le quotidien de deux jeunes de quartiers. Pourquoi ça cartonne autant d’après vous ?
N : Les jeunes de cité se reconnaissent dedans. Et les gens qui ne sont pas issus de banlieues, ils découvrent cet univers. C’est comme si demain il y avait une série sur la campagne. Les mecs de campagne ils vont se reconnaitre dedans et les mecs de cités ils vont regarder à quoi ça ressemble.
K : On a découvert des trucs en regardant La petite maison dans la prairie !
Vous regardez quoi à part La petite maison dans la prairie ?
N : Moi j’aime bien Koh Lanta. Et l’émission Chasse et pêche aussi sur Arte (ndlr. en fait cette émission passait sur TF1) . Comme je fais souvent des nuits blanches, je me mets ça vers 4-5h du matin. Je trouve que la voix du narrateur est captivante. Elle me met bien dedans !
Ça te donne envie de pêcher ?
N : Ah non pas du tout, je n’aime pas les animaux. J’ai peur d’eux. Mais j’aime bien regarder leur caractère.
Et pas de série comique ?
N : La seule que je regarde c’est H. Pour moi, il n’y a pas mieux. Les personnages ont vraiment amené quelque chose. Tu n’as pas besoin de regarder 40 épisodes pour les connaître. Tu sais que Ramzy est débile, le professeur Strauss pareil. Tu sais qu’Aimé, il fait le mec qui parle anglais et Jamel le standardiste un peu foufou.
L’un des épisodes des Déguns qui a le plus marché, c’est celui avec Jul.
N : Jul, on le connait depuis qu’on a 12 ans. Il devait en avoir 17-18 ans. Il vient de Saint-Jean, c’est juste à côté. L’été, il restait avec des grands de ma cité. Du coup il nous amenait tous à la plage. On y allait à 40.
Il était comment ?
K : Il n’a pas changé. On allait à La Ciotat, juste à côté de Marseille. On rigolait, on draguait, on jouait au foot. C’était les vacances à Marseille.
Vous avez pensé quoi de son clip où il danse avec une chemise à fleurs ?
N : Il a fait sa parce que la musique était dansante. C’est un son pour l’été …
K : En plus c’est Marseille ! Nous l’été on a tous des chemises à fleurs. J’en ai 4 ou 5 chez moi !
N : Moi je n’en mets pas parce que je trouve que ça ne me va pas. Mais je n’ai rien contre les chemises à fleurs.
K : Chemise à fleurs, pantacourt, paire de mocassins, c’est l’esprit marseillais.
On parlait moins de Marseille ces derniers temps. Là il y a un retour avec pas mal de rappeurs qui marchent …
N: Oui, il y a Jul, Alonzo, SCH et même Lacrim. Il est de Paris, mais quand il a pété, il était à Marseille.
K : D’habitude, les rappeurs montent à Paris pour que ça marche. Lui il est descendu à Marseille.
C’est du à quoi selon vous ?
K : Les gens sont attirés par l’illicite, les règlements de compte, les histoires marseillaises. Ils sont fascinés par ça. C’est un peu comme un livre pour eux.
N : Les rappeurs en jouent. Les gens des autres villes savent qu’à Marseille ça ne rigole pas trop. Quand t’as toujours entendu que Marseille c’est chaud, que tu vois un clip avec une kalash, les gens kiffent.
Est-ce qu’il y a un humour typiquement marseillais ?
N : Il y a des mots qui viennent de chez nous : gadgi, tarpin.
K : Ça fait rire les gens d’ailleurs. Ils entendent « je vais voir ma gadgi », ça les fait marrer alors que nous non. On ne force pas sur ces choses-là. C’est le vrai marseillais. Si on caricaturait, les Marseillais ne nous regarderaient pas.
C’est quoi la suite pour vous ?
N: La saison 4 va sortir en DVD. Mais notre but, c’est de faire un long métrage pour le cinéma.
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