21/04/2016

Ils viennent parler business avec les étudiants

Kader Aoun et Booba à Harvard

Par Mathieu Molard

Le producteur français de Norman, Kader Aoun était invité à Harvard pour une discussion avec des étudiants de la business school. Booba a donné son accord pour venir à la rentrée prochaine, explique Samir Nuntucket à l’origine de cette rencontre.

Harvard University, Massachussetts (USA) – Blouson de cuir et cheveux noués en arrière, Kader Aoun déambule dans le campus de la prestigieuse université américaine. Le créateur du Jamel Comédie Club et auteur pour une bonne partie du gratin de l’humour français écarquille les yeux. A StreetPress, il raconte :

« C’est un des endroits les plus luxueux que j’ai eu l’occasion de voir ! On sent le poids de l’histoire. Tu savais qu’Harvard était antérieur à Louis XIV ?! »

Si Kader Aoun est à Harvard, ce jeudi 14 avril, c’est pour une discussion avec un petit groupe d’étudiants de la Business School. Booba devrait intervenir à son tour au mois de septembre prochain.

Kader School

(img) Kader, OKLM

« C’était très informel », rembobine Kader Aoun. Une discussion à bâtons rompus de près de 3 heures, consacrée aux médias français et à son parcours, de Bobigny (93) aux couloirs de Canal+. L’occasion de dresser un parallèle entre la France et le pays de l’oncle Sam :

« En France, le monde de la culture est assez fermé. C’est difficile de réussir sans avoir de réseau. Aux États-Unis, ils ont une approche plus commerciale, sans forcément nuire à la qualité. Ce qui compte, c’est l’audience. »

Et de citer en exemple, les Simpson diffusés sur la Fox, « une chaîne ultra-conservatrice ». Si Kader Aoun adore les États-Unis, il se fait aussi ambassadeur du « modèle social » français. « Pour ces gens-là, je suis un horrible communiste. Harvard c’est le cœur de Babylone », ironise l’intervenant.

Le public

Le débat est détendu. Kader Aoun pousse les futurs cadors du business dans leurs retranchements :

« Je leur ai dit que l’héritage, c’était une honte. Ils ont déjà hérité, pour une bonne partie, du capital culturel de leurs parents. Et que rien ne justifiait leurs futurs salaires ! »

Pas sûr qu’il les ait convertis aux idéaux de Marx :

« Ils veulent tous faire du consulting, pour gagner un maximum d’argent et rembourser l’énorme prêt qu’ils ont sur le dos. »

En face de lui, une quinzaine d’étudiants du Club francophone de la Harvard Business School. Des Français, des Canadiens mais aussi un Camerounais, une Grecque… Dans la salle sont affichés les drapeaux des pays d’origine de chacun :

« Ils ont un rapport hyper ouvert avec tout ça. C’est aussi marrant de voir le nombre de filles voilées qui se baladent dans les couloirs, sans que ça n’émeuve personne. »

Et Kader Aoun de pester contre la France « qui se recroqueville » sur ces questions.

Samir, l’homme de l’ombre

L’invitation, Kader Aoun, l’a reçue d’un autre frenchie, qu’il « aime beaucoup, plein d’énergie » : Samir Nuntucket. Ce « consultant en marketing » de 28 ans y est allé au culot. En 2015, il contacte le club et propose de faire venir des entrepreneurs issus des quartiers populaires français. A StreetPress, il explique sa démarche :

(img) Samir est dans la place

« Le but, c’est de mettre en avant des personnalités médiatiques qui ont accompli des choses dans le monde de l’entreprise, pour qu’ensuite ça ouvre des portes à d’autres entrepreneurs moins connus. »

Un taf 100% bénévole. Et même Kader Aoun a payé de sa poche le billet d’avion. « Samir m’a proposé de me le rembourser, mais je suis un grand garçon », explique Kader.

Samir Nuntucket ne compte pas s’arrêter là. D’autres rencontres sont prévues : « Booba a donné son accord, il va sans doute venir en septembre. » Il devrait aussi publier prochainement une série de petits bouquins racontant les coulisses des business montés par des gens issus des quartiers populaires. Le premier opus sera consacré à Fati Niang, une jeune femme d’origine Sénégalaise qui a reçu le prix de « l’entrepreneur africain 2014 », pour son concept de Food Truck 100% cuisine africaine.