12/04/2016

300 personnes logées et 70 assos ou entreprises cohabitent dans cet ancien hôpital

Les Grands voisins, un village utopique en plein Paris

Par Denis Meyer

Dans l’ancien hôpital, Saint-Vincent-de-Paul, plus de 70 assos et entreprises solidaires ont posé leurs valises. A Paris, sur plus de 3 hectares, s’organise une petite vie entre ferme urbaine, ateliers bricolage et hébergements.

Paris 14e – Dans la cour de Grands voisins, Benoît, 45 ans, et Wilou, 28 ans, percent des trous dans un grand bloc en bois noir. Les deux hommes construisent un bania russe, un bain de vapeur, obtenu en aspergeant d’eau des pierres chauffées :

« Le truc, c’est de rester à l’intérieur 5 minutes puis de prendre une douche froide, et de se fouetter le corps avec des branches de bouleau. Ça permet de nettoyer la peau et d’activer la circulation du sang. La température peut aller jusqu’à 100°C, faut pas trop traîner dans la boîte ! »

Construction du Bania russe dans la cour. / Crédits : Denis Meyer

Pas facile de s’y retrouver dans l’ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul, territoire de 3,4 hectares occupé par 70 assos et entreprises de l’économie sociale et solidaire. Aux manettes du lieu, Aurore, dont on vous avait déjà parlé sur StreetPress. L’association de lutte contre l’exclusion sociale propose des hébergements et des programmes d’insertion. Ici, 300 personnes sont logées.

L’association Carton plein 75 devant son atelier. / Crédits : Denis Meyer

Elle n’est pas la seule à avoir posé ses valises dans l’ancien hôpital à deux pas de Denfert. L’association Plateau Urbain lui file un coup de main. Son rôle, choisir et accompagner les occupants : artistes, jeunes entreprises et associations. Même une partie de l’équipe de StreetPress y a posé ses baskets, avec Media Maker, notre incubateur de médias innovants, qui est intégré à Mon Premier Bureau, un espace de coworking solidaire.

Antoine, Geoffrey et leur vélo de livraison. / Crédits : Denis Meyer

Geoffrey et Antoine font partie de l’équipe de Carton Plein 75. Cette association collecte, trie, et revend des cartons usagés pour des déménagements. Le tout uniquement en vélo et avec des personnes en situation de grande exclusion. Pas peu fier, Geoffrey, brun à lunettes, explique :

« L’asso vient d’acquérir un vélo triporteur XYZ, designé à Hambourg, et on l’a monté à Paris. »

La salle d’animation de la lingerie. / Crédits : Denis Meyer

L’équipe de Yes We Camp, quant à elle gère les animations du site. Elena explique :

« Nous n’avons rien inventé : ici, la vie se passe comme dans un village de campagne. Pour nous, cela n’a rien d’extraordinaire ! »

Zofia, Emma et Dominique préparent la soupe du soir. / Crédits : Denis Meyer

Quand il est question de nourriture, c’est Emma, 25 ans, et Zofia, 31 ans, qui gèrent. Et les initiatives sont nombreuses : ferme urbaine, brunchs, repas préparés chaque vendredi soir et samedi soir.

Dominique, 54 ans, leur donne un coup de main régulièrement :

« J’ai demandé un dossier d’hébergement pour intégrer les résidents de l’association Aurore. Mais ça va prendre 3-4 mois. En attendant, je donne un coup de main ! »

La terrasse de la lingerie. / Crédits : Denis Meyer

Pourtant, l’aventure aura une fin. L’association Aurore et l’APHP sont liés par un bail précaire et le site entier est en cours d’acquisition par la Ville de Paris. Son objectif : construire 600 logements et équipements urbains dans un « éco-quartier ».

Séance construction dans la cour. / Crédits : Denis Meyer

C'est l'heure de l'apéro. / Crédits : Denis Meyer