Derrière une façade défraîchie du 8e arrondissement se cache une chapelle vieille de 2 siècles. Depuis 2012, le bâtiment géré par l’asso’ Aurore héberge chaque soir plus de 200 SDF et réfugiés.
Paris 8e, Rue de Saint-Petersbourg – La Nef est cachée derrière une façade quelconque et jaunie par le temps. Impossible de deviner l’existence de cette chapelle vieille de 200 ans, à deux pas de la place de Clichy. Dans la salle oblongue baignée de lumière, Audrey se charge de la visite :
« La Chapelle de l’Immaculée Conception de la Sainte Vierge, c’est le premier nom du lieu. Vraiment… »
Voilà un an que la petite brune de 25 ans travaille pour l’Archipel, qui se veut un espace « d’activités solidaires ». Le bâtiment comprend un centre d’hébergement d’urgence où habitent 220 personnes de 27 nationalités différentes.
Audrey, avec la marinière, entourée de membres de l'Archipel / Crédits : Inès Belgacem
Le concept
Le lieu est géré par Aurore, une association dont la mission est la réinsertion sociale et professionnelle des femmes et des familles en situation de précarité et d’exclusion. En 2012, l’Etat confie le lieu à l’asso’ dans le cadre de la campagne hivernale. Depuis, Aurore accueille des femmes et des familles adressées par le 115.
« On a tout de suite mis en place le centre d’hébergement d’urgence. Et, en plus, on a voulu organiser des activités ouvertes à tous. »
L’Archipel, le pôle d’activités de l’association dans ce centre, est lancée en janvier 2015. D’abord réservés aux habitants du centre d’hébergement, les différents ateliers sont ensuite ouverts au public. L’ambition de la petite équipe de 7 salariés est de se faire rencontrer riverains et habitants du centre.
« Aurore comprend aussi un volet réinsertion. Et l’Archipel y participe. »
Viens pécho une veste en jean à l'espace de troc de l'Archipel / Crédits : Inès Belgacem
Les activités
Tous les week-ends, le centre est ouvert au grand public. Les livres de la bibliothèque, tous offerts par des asso’ ou des riverains, sont en libre-service. Un café est ouvert. Un espace de troc est installé dans un coin du bâtiment. Quant aux activités, la liste est longue : couture, ping-pong, chorale, cours d’échecs ou encore concerts. Les ateliers organisés par des bénévoles sont ouverts au public et gratuits à condition de réserver à l’avance.
Plus surprenant, l’Archipel organise aussi des concerts… en hamac. Le public s’y installe, les musiciens jouent entre les transats. Par contre, cette fois, c’est payant :
« Il y a le Yoga et les brunchs du week-end qui sont également payants. Ce qui permet de faire rentrer un peu d’argent dans les caisses. »
L’Archipel loue aussi sa Nef à des entreprises ou à des associations pour des conférences. En plus, le bâtiment comprend un espace de co-working, mis également en location.
Dans la nef de l'Archipel / Crédits : Inès Belgacem
La story
L’Archipel est la première expérience d’occupation d’un bâtiment laissé à l’abandon. Après avoir été un couvent puis un hôtel, le lieu a abrité les bureaux de l’Inpi (Institut national de la propriété industrielle) entre 1945 et 2012. Au départ de l’établissement public, les locaux n’avaient plus d’utilité et l’Etat les a confié à l’asso.
L’expérience est si concluante que l’Etat a permis à l’association Aurore de s’installer dans un second lieu : un énorme hôpital à côté de Denfert Rochereau, dans le 14e arrondissement.
Quant à la chapelle de l’Immaculée Conception de la Sainte Vierge, elle est destinée à se transformer en logements sociaux d’ici 2017, concluant ainsi le bail d’occupation de l’Archipel. La saison culturelle se poursuit jusqu’en juin, pas sûr qu’elle reprenne en septembre.
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