Fin février, la Maison de la République Démocratique du Congo ouvrait ses portes dans le 18eme arrondissement de Paris. L’objectif de cette association : favoriser le retour des 70.000 Congolais vivant en France.
Rue Léon, Paris 18 – Il est 15 heures ce samedi 20 février. L’inauguration de la Maison des Congolais à l’Étranger aurait dû commencer il y a une heure. Pour le moment, seule une dizaine de personnes est présente dans le trois pièces, à deux pas de la station Château-Rouge :
« Il faudrait peut-être apprendre aux Congolais à arriver à l’heure ! »
L’homme à la grande chemise à fleurs qui râle contre les retardataires, c’est Luboya Mukadi Kaba, président de la Chambre du commerce et de l’industrie (CCI) de la République Démocratique du Congo (RDC). Il est venu de Kinshasa spécialement pour l’occasion. Il est aussi président de cette toute première Maison des Congolais à l’Étranger. Son objectif : ramener les Congolais au pays.
Le concept
Louisa Kibasa Maliba est assise derrière un bureau au-dessus duquel trône un drapeau de la RDC. La quadragénaire, cheveux bouclés et boucles d’oreilles assorties au collier, a passé 20 ans dans les assos congolaises à Londres. La « coordinatrice » de la Maison, détaille le principe de l’asso’ :
« Notre but est d’accompagner les ressortissants congolais qui vivent en France et qui formulent la volonté de rentrer au pays. »
Louisa Kibasa Maliba a passé 20 ans dans les assos' congolaises à Londres. /
Sur les 70.000 personnes d’origine congolaise vivant en France, l’association espère en convaincre la moitié de s’installer au pays. Un chiffre ambitieux, mais pas inatteignable d’après Louisa :
« Depuis qu’on a posé la devanture, qu’on est visible dans le quartier, au moins 2.000 personnes sont venues se renseigner ! À ce rythme, ça peut aller très vite. »
Les candidats au départ seront accompagnés de leur entrée dans les locaux parisiens jusqu’à leur arrivée au Congo. Louisa poursuit :
« Ce qui est primordial, c’est qu’ils aient un projet professionnel. À partir de ce moment, on s’occupe de la plus grande partie des démarches : l’aide pour trouver des financements, l’accompagnement sur place par des experts et un hébergement pendant quelques jours dans les locaux de notre association à Kinshasa. »
Les locaux ne sont ouverts que depuis quelques jours, personne n’est encore parti.
Naissance du projet
Novembre 2015, les représentants d’une soixantaine de pays se réunissent à La Valette (Malte) pour trouver des solutions à la crise migratoire. Luboya Mukadi Kaba suit les débats depuis le Congo.
« C’est à ce moment-là que j’ai eu l’idée de ce projet. »
Un mois plus tard, Luboya prend son bâton de pèlerin et part à la rencontre des ambassadeurs étrangers présents à Kinshasa afin de discuter de l’implantation de son association. Les retours sont bons. Avec une douzaine de bénévoles, ils sortent un peu plus de 200 euros et lancent l’asso qui ouvre un premier bureau à Paris. Mais dans la foulée, une autre Maison doit ouvrir à Londres dans « les semaines à venir », puis en Allemagne, au Canada et aux États-Unis.
Pour faire tourner la machine, la Maison assure se reposer sur les cotisations des futurs adhérents et pourquoi pas à terme des subventions du gouvernement congolais :
« Mais pour le moment, on doit subvenir nous-mêmes à nos besoins. Comme pour montrer l’exemple. »
Sur le site internet de l’asso on retrouve pourtant les logos de plusieurs entreprises comme « Bolloré Africa Logistics ». Interrogé sur ce sujet les responsables ont bien du mal à s’expliquer mais assurent n’avoir reçu aucun soutien financier de ces entreprises.
Lobby congolais
Avec une heure et demie de retard ce samedi, Luboya Mukadi Kaba coupe avec une paire de ciseaux un ruban aux couleurs de la RDC. Il s’empare ensuite d’une bouteille de champagne et en verse la moitié sur le sol, comme pour sanctifier l’endroit.
Le 20 février, on faisait péter le champagne pour l'inauguration de la Maison de la République Démocratique du Congo à Paris.. /
La salle est pleine. Luboya prononce son discours inaugural aux accents patriotiques :
« Les Congolais doivent retrouver leur souveraineté totale ! Quand vous vous baladez dans Kinshasa, toutes les entreprises appartiennent à des étrangers. Nous aussi avons des capacités et on doit les montrer. On doit devenir un véritable lobby congolais ! »
Dans l’assistance, presque tout le monde hoche la tête. On porte un toast au pays. Luboya en est convaincu, son projet peut faire bouger les choses. En ramenant les gens au pays, il espère créer une dynamique :
« Si des Congolais partent à l’étranger, c’est essentiellement pour des raisons économiques. Quand les gens auront un travail, de l’argent, de la sécurité, ils ne partiront plus. »
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