Ce mardi 17 novembre au petit matin, Brahim Ouanda découvre que deux quotidiens belges le présentent en une comme l’un des terroristes de Paris. Le jeune Bruxellois, tout sauf jihadiste, se précipite au comico. Les policiers l’accueillent armes au poing.
Il est 4 h du mat’ à Molenbeek, ce mardi 17 novembre. Brahim Ouanda vient de sortir du commissariat. Face cam’, dans une vidéo visionnée plus de 110.000 fois sur Facebook, il brandit la couv’ de 2 journaux belges : La Dernière Heure et Het Laaste News. Les canards l’ont pris pour Brahim Abdeslam, l’auteur des attentats de Paris. Ils ont collé son visage en première page. Les larmes aux yeux, il lance :
« Ils se sont trompés de photo. Sous ma photo il est marqué Brahim Abdeslam alors que moi c’est Ouanda Brahim. Je le répète Ouanda Brahim »
La vraie histoire de Brahim
2 heures plutôt, c’est le frère de Brahim qui lui annonce la nouvelle. Une photo de lui, prise en 2004 à l’occasion d’un match de foot, a atterri en une de 2 des plus grands quotidiens belges. En panique, Brahim Ouanda appelle son pote Brahim Tchen. Ce jeune travailleur social le connait depuis l’enfance. Ensemble ils décident de se rendre au commissariat du quartier pour porter plainte :
« Les policiers nous ont braqué dès qu’on a passé la porte. On est au niveau 3 de stress là. Puis ils nous ont expliqué qu’on devait porter plainte en civil et donc contacter un avocat »
Devant le comico’, démunis, ils tournent ce témoignage en forme de bouclier. Le travailleur social d’expliquer :
« On a décidé de faire cette vidéo pour le protéger. On ne savait pas ce qu’il pouvait se passer. »
Le lendemain, alors que ses potes lui font parvenir des mots de soutiens, Brahim se mure dans le silence. Il refuse de parler directement à Aloha News, un site d’info bruxellois qui a été le premier à sortir l’histoire. Il accepte cependant que son pote face l’intermédiaire. Ce dernier explique à StreetPress :
« Il est en état de choc. J’ai passé toute la nuit avec lui et sa mère. »
Pour lui, le pire a quand même été évité :
« On ne sait pas ce qui aurait pu se passer s’il avait été suspecté »
Les médias s’excusent du bout des lèvres
Brahim se demande comment cette plantade a pu se produire venant de 2 quotidiens plutôt sérieux et ce en simultané :
« On veut les rencontrer pour qu’il nous explique. »
Contacté par StreetPress, Maître Joke Callewaert, l’avocate de Brahim Ouanna, indique qu’une procédure était en cours :
« On a demandé un droit de réponse mais on a aussi engagé une procédure en civil pour obtenir des dédommagements »
Du côté des 2 canards, on la joue profil bas. A l’heure du déjeuner, la rédaction de Het Laaste News s’est fendue d’un petit erratum publié sur son site internet. Dedans on invoque « une erreur douloureuse » et on assure que les éditeurs « vont examiner les processus existants à nouveau pour éviter de telles erreurs à l’avenir ».
Quant à La Dernière Heure, elle se contente d’un texte de quelques lignes en bas de l’article initial et d’un message envoyé par Facebook. Le journal s’excuse pour ce maxi cafouillage et ce bien que « cette photo ait été vérifiée par plusieurs sources ». Et pas de démenti public.
Comment une telle méprise a pu être commise simultanément pas ces deux journaux ? Brahim n’en a pas la moindre idée. StreetPress a tenté de joindre les deux journaux, sans succès.
Le footeux en a ras la casquette
Le footeux en a ras la casquette, d’autant qu’il n’a rien avoir avec une quelconque mouvance radicale. Brahim qui rappelle le pédigrée de son poulain :
« Il a pas le profil d’un terroriste quand même. Ses 2 parents sont français, c’est une famille adorable. Il a même été international français de futsal. »
Le travailleur social se gosse :
« Je me souviens lors d’un match contre la Belgique, il avait marqué 2 ou 3 buts »
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