C’est un squat bien connu des habitants du quartier : Depuis 1999, une vingtaine d’artistes, principalement africains, logeait dans un immeuble Villa de l’Ermitage. Jusqu’à ce vendredi matin où la police a débarqué.
« Je dormais ce matin quand les flics sont arrivés », raconte Bachir, joueur de djembé, devant le squat de l’Ermitage, dans le 20e arrondissement à Paris. Depuis 15 ans, ce petit immeuble vétuste d’un étage accueillait une vingtaines d’artistes africains. Mais vendredi matin, la police est arrivée à six heures et a mis tout le monde dehors. « On ne nous a même pas prévenus », s’indigne Faye Papa Madiakhate, quadragénaire dégarni, et peintre de métier.
Artistes africains
Situé dans un passage fleuri qui joint la rue de l’Ermitage à la rue des Pyrénées, le squat était occupé par une vingtaine d’habitants. « Mais en tout, il y a une cinquantaine de personnes qui gravitent autour », ajoute posément Gassimou, chanteur d’une trentaine d’années. Guitaristes, joueurs de djembé, de balafon, peintres, la grande majorité des occupants sont originaires d’Afrique. Le lieu servait de refuge pour ces artistes à la situation précaire, en attente de logement.
« Nous n’avons ni avocat, ni association pour nous soutenir », se désole Gassimou, qui loge au squat depuis l’été 2005. Quelques voisins sont venus les soutenir. « Le DAL ne répond pas, personne ne nous répond », conclut amèrement l’une d’entre elle. Faye Papa Madiakhate s’offusque :
« Nous n’avons reçu aucun préavis d’expulsion. Nous sommes allés nous plaindre à la mairie ce matin, eux-mêmes n’étaient pas au courant. »
Il faut dire que personne, parmi les squatteurs, ne sait réellement qui est le propriétaire. Un arrangement aurait été conclu avec les premiers arrivants en 1999. Mais depuis, les pionniers ont tous quitté les lieux, compliquant le dialogue avec le proprio.
Show must go on
En fin d’après-midi, chaises, matelas et valises ont été sortis à la va-vite du squat sur les trottoirs. Désemparés, les occupants s’agitent pour trouver des solutions au plus vite tandis que la tension monte. Un maître-chien surveille dorénavant le petit bâtiment, derrière un grillage. « On va quand même continuer à jouer de la musique », affirme crânement Abdoul, un guitariste guinéen. Ce vendredi soir, ils donneront leur concert prévu au Petit campagnard, un bar de la rue Pyrénées.