Arriveront-ils à faire annuler un teknival ? Depuis une semaine, une coalition de maires de la région de Béziers se mobilise pour faire capoter la fête. « L’événement a été monté en toute légalité », répondent les organisateurs.
Ce doit être l’évènement à ne pas manquer pour tous les teuffeurs de la région de Béziers. Vendredi 22 mai, 5.000 amateurs de techno sont attendus dans le petit village de Corneilhan pour assister à un festival de musiques électroniques. Soundsystems, bière bon marché et écarteurs d’oreille, le week-end de la Pentecôte s’annonce fameux dans la cambrousse héraultaise où plus de 150 DJs seront réunis. Mais patatras, l’évènement pourrait être annulé in extremis. Depuis une semaine, plusieurs élus de la région se mobilisent tous azimuts pour faire capoter l’événement, avec en tête de gondole Robert Ménard, le maire apparenté Front National de Béziers.
Coalition anti-rave
« Si on faisait du bruit pendant 72 heures devant leur porte, je ne pense pas qu’ils seraient contents », s’énerve Robert Gély, le maire UDI de la commune voisine de Lieuran-Les-Béziers. Depuis le 5 mai, il est mobilisé comme une quinzaine de maires de la région de Béziers pour tenter de faire annuler le festival décrit comme « une feria de l’ecstasy ». Dans cette coalition, les barons de la droite locale comme le député UMP Elie Aboud ou Robert Ménard, le maire apparenté Front National de Béziers. Mais aussi un élu PS, le sénateur Henri Cabanel.
La belle brochette anti-ecsta a envoyé une lettre au préfet de la région Languedoc-Roussillon Pierre de Bousquet pour lui demander d’interdire l’évènement. « Personnellement, je suis contre. Dans les raves party il y a des drogues, de l’alcool, des viols », soutient Alain Durand, premier adjoint à la mairie de Boujan sur Libron et « grand ami » du maire de Corneilhan, le village de 1.638 habitants qui doit accueillir la fête. Joint par StreetPress, ce dernier n’a pas donné suite à nos demandes d’interview.
Un organisateur qui a tout fait dans les règles
Du côté des teuffeurs, c’est l’incompréhension. « On ne fait pas des soirées dans le but de nuire », insiste Romain, un des responsables de Sud Konexion, l’organisateur de l’événement. Il ajoute :
« Nous ce qu’on veut, c’est que notre culture soit reconnue par le Français lambda et par le gouvernement. »
Le sentiment d’injustice est d’autant plus fort que pour son festival du 22 mai, l’association a mis les petits plats dans les grands. Tout a été fait dans les règles, puisqu’ils ont déposé leur manifestation en préfecture, signé un contrat avec le propriétaire du champ où la fête doit avoir lieu et même souscrit une police d’assurance.
Sud Konexion a aussi fait appel à FreeForm, une association qui bénéficie du soutien du ministère de la Jeunesse et des Sports, pour être accompagné dans l’organisation du raout. « On veut être reconnus comme n’importe quel mouvement culturel et ne plus être perçus comme les vilains petits drogués », continue Romain, qui rappelle que 3 associations de prévention des risques doivent accueillir les consommateurs de drogue. Des bennes à ordure pour aménager un tri sélectif sont mêmes au programme. Ecofriendly qu’on vous dit !
Pas sûr que cela suffise. Devant la pression exercée par les élus locaux, le propriétaire du champ a décidé de renoncer au contrat de location. Les organisateurs se sont mis en quête d’un nouveau terrain dans les villages avoisinants. Une dernière chance pour les teuffeurs héraultais de se dandiner sur les beats de Sismik et Apotek.
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