Le documentaire sur le rap alternatif français voit sa grosse sortie DVD annulée. La faute à qui ? A Fuzati.
Les réalisateurs du documentaire Un Jour Peut-Être, une autre histoire du rap français jettent l’éponge. Fuzati, le rappeur masqué du Klub des Loosers, bloque la sortie en DVD. Celui-ci refuse l’utilisation de son image et de ses chansons à l’écran, alors qu’il était l’une des têtes d’affiche du projet. Projeté pour la première fois il y a 1 an, le documentaire était dispo depuis quelques mois en VOD, mais la grosse sortie DVD, pour lequel un financement sur KissKissBankBank venait d’être lancée, est avortée.
Une bande de mecs sympas
En 2011, Romain Quirot, réal, Antoine Janin, journaliste et François Recordier, passionné de rap, décident de partir sur les traces de Gérard Baste, Teki Latex, Grems, La Caution ou du Klub des Loosers. Les trois compères veulent raconter l’histoire de cette nouvelle génération de rappeurs français qui a émergé fin 1990 et a fait exploser les frontières du rap.
Rapidement, le projet d’ Un Jour Peut-Etre prend forme. Publié le 12 décembre 2012, un premier trailer annonce sa sortie imminente. A l’écran : la fine fleur du « rap alternatif » mais aussi des observateurs de choix comme Olivier Cachin, Fred Musa de Sky ou encore Guillaume Le Goff, ancien boss de Clarks Magazine.
Il faudra finalement attendre plus d’un an pour voir le long-métrage dans une salle obscure. Une première projection a lieu le 14 février 2014 à la Bellevilloise (20e). Preuve de la bonne ambiance : après le film, James Delleck, le Jouage, Grems, La Caution ou Gérard Baste se passent le mic pour un concert évènement et (presque) improvisé.
Le vengeur masqué
(img) Le DVD auquel vous avez échappé
Le docu est dans un premier temps mis en ligne en VOD en janvier 2015 sur Canal Play et connaît son petit succès. Et le 19 avril dernier, l’équipe d’ Un Jour Peut-Etre lance un KissKissBankBank pour financer sa sortie en DVD. La mise demandée, 25.000 euros, devait payer les droits d’auteur et assurer les coûts inhérents à sa commercialisation.
Deux jours plus tard, patatras. Publié sur la page officielle du film, un message annonce que Fuzati, le rappeur masqué du Klub des Loosers, bloque la sortie du DVD. Il refuserait qu’on utilise ses chansons dans le docu et exige d’être coupé au montage. Plutôt remontée, l’équipe du film se lâche sur Facebook :
« Merci à toi, Fuzati. Tu es le seul artiste qui nous a demandé des modifications du film suite à certains propos tenus que tu n’assumais plus. (…) Tu as coulé le Klub des 7, tu coules aujourd’hui le seul documentaire qui s’intéressait à ton histoire. »
Du côté des fans, c’est l’incompréhension totale. D’autant que le rappeur de Versailles apparaissait dans la version définitive du docu’. Celle qui a été projetée à la Bellevilloise. Celle qui est depuis disponible sur Canal Play.
Contactée par StreetPress, l’équipe du film s’en tient à ce qu’elle a écrit sur Facebook et fustige l’attitude du rappeur. Du côté de Modulor, le label de Fuzati, on confirme l’info. L’attachée de presse de Fuzati explique à StreetPress que l’artiste n’aurait pas été prévenu du projet de DVD. Pas très « Peace, Love & Unity », il refuse depuis toute discussion.
Un clap de fin triste pour un chouette projet.
Fuzati répond aux producteurs
Edit – 30.04.15 : Une semaine après la sortie des réalisateurs d’Un Jour Peut Etre, le rappeur Fuzati livre ce jeudi sa version de l’histoire. Dans un court texte publié sur la page Facebook du Klub des Loosers, il justifie son refus de participer au projet. Pour lui :
- l’équipe du film ne l’aurait pas prévenu de la sortie du film en VOD et en DVD
- les réals ne se seraient pas acquittés des droits auprès de son label Record Makers et auraient essayé de filmer son visage pendant l’interview qu’il leur a accordée.
- Fuzati questionne enfin le montant demandé sur le KissKissBankBank (25.000 euros) et fustige un teasing putassier (un bonus du DVD devait être consacré à un clash Orelsan/Fuzati)
« Je n’ai aucun souci pour que vous mettiez le docu tel quel sur Youtube » finit-il pourtant par conclure.