23/01/2015

Texi Latex

« Plutôt que de faire de la merde, j’ai préféré arrêter le rap »

Par Camille Diao

Sur StreetPress, Teki Latex et Orgasmic parlent voyages, musique et rentrée des classes. Avec leur label Sound Pellegrino, ils sortent Melodic Mechanism, une compil’ electro-mélodique.

Non, Sound Pellegrino n’a rien à voir avec une marque d’eau minérale. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore, il s’agit du label monté en 2009 par Teki Latex, membre de TTC, et son compère Orgasmic, ex-producteur du Klub des Loosers. Deux potes qui, après le hip-hop, avaient envie de partager leur amour de la musique électronique avec le reste du monde.

Depuis son lancement, Sound Pellegrino a sorti une petite dizaine d’EP par an et produit également les compilations SND.PE, dont le 4e volume vient tout juste de paraître. Au programme de Melodic Mechanism, 13 titres d’horizons disparates, composés aussi bien par des artistes confirmés comme Chilly Gonzales que par des producteurs émergents, et qui ont en commun de mettre à l’honneur la place de la mélodie dans la musique électronique.

À l’occasion de la sortie de la compil’, on est allés faire un tour chez Barclay, leur distributeur, pour leur poser quelques questions.


Chez StreetPress, on est très branchés hip-hop. Ça ne vous manque pas trop le rap ?

Teki Latex : Pas du tout ! J’ai dit ce que j’avais à dire dans le rap. Aujourd’hui, j’en écoute de moins en moins et je suis excité par d’autres musiques. Plutôt que de faire de la merde, j’ai préféré arrêter.

Orgasmic : Pour Sound Pellegrino en tant que label, la page rap n’est pas tout à fait tournée. D’ailleurs, moi j’en fais encore : mon morceau sur la compil, c’est du hip-hop instrumental. Et l’année dernière, j’ai fait un album de rap avec Fuzati, Grand Siècle.

Vous êtes – en vrac – rappeurs, chanteurs, producteurs, DJ, patrons de label, organisateurs de festivals, présentateurs télé… C’est quoi votre métier en fait ?

Teki Latex : Expliquer ce qu’on fait, c’est le grand problème de notre vie ! Le point commun entre tous ces métiers, c’est une envie de faire découvrir de la musique aux gens. Le terme « DJ » synthétise bien le truc.

Orgasmic : En fait, le job de DJ se matérialise de plein de façons différentes. Moi, j’ai une fille de 11 ans, elle comprend déjà ce qu’est un DJ : c’est tellement ancré dans notre culture aujourd’hui. Mais sur la fiche de renseignements à la rentrée scolaire, à la rubrique « profession du père », elle écrit « chef d’entreprise » !

En solo, vous avez tous les deux navigué d’un style à l’autre : hip-hop, techno, pop, house… Et vous continuez ce grand écart au sein de Sound Pellegrino. C’est une démarche volontaire ou quelque chose d’inconscient ?

«Les genres, ça existe surtout pour le marketing.» Orgasmic

Orgasmic : En termes d’esthétique, on suit la même ligne depuis qu’on fait de la musique. Avant, c’était au sein d’un groupe de rap, maintenant c’est sous la forme d’un label de musique électronique. Mais dans notre tête, il n’y a pas de barrière : presque tout est musique électronique ! Les genres, ça existe surtout pour le marketing.

Teki Latex : Parfois, à des milliers de kilomètres, on retrouve exactement les mêmes sonorités, sous des noms différents. Sauf que d’un côté, c’est la communauté gay du ghetto qui écoute ça ; de l’autre c’est des petits anglais qui font de la musique en laboratoire. Mais c’est la même chose ! Avec Sound Pellegrino, on essaie de tisser des liens entre ces choses qui existent parallèlement mais dans des contextes différents.

Vous serez tous les deux au Showcase le 30 janvier pour la 2e édition de votre soirée Bosses . C’est quoi les ingrédients d’une bonne soirée Sound Pellegrino ?

Teki Latex : D’abord, de très bons DJs, ceux qui se mettent au service de la soirée, qui savent qu’on ne joue pas la même chose à 22h ou à 3h du matin. Des gens comme Seth Troxler , Soul Clap , ou encore les Martinez Brothers .

Orgasmic : Et puis des gens qui te font découvrir des choses. Pour cette soirée en particulier, on n’invite que des patrons de labels, donc des connaisseurs, des défricheurs. Mais on aime bien aussi tous chanter ensemble, bourrés à 5h du mat !

Teki Latex : Quand il y a eu de la techno toute la nuit, c’est cool de jouer un petit morceau de rap que tout le monde connaît, ça réunit les gens. Ça s’est manifesté superbement à la première édition. Là, c’est le deuxième épisode, alors il faut pas rater ça.

Et à part au Showcase, ça se passe où la fête à Paris en 2015 ?

«La Java, c'est comme la fête au village, tout est hyper propice à la teuf !» Teki Latex

Teki Latex : Moi j’adore la Java . Surtout le jeudi soir, pendant les Jeudi Minuit d’“AZF et Parfait”:https://soundcloud.com/la-stereotype , la prog’ est toujours hyper bien. C’est convivial, les verres sont pas chers, y’a des lampions, c’est comme la fête au village ! Et en même temps, le public rassemble des gens très différents : des chinois, des arabes, des blancs, des gays, des bourgeois, des mecs ghetto… C’est hyper propice à la teuf.

Orgasmic : Dans un autre genre, il y a L’Isolé , un bar qui a ouvert à Pigalle il y a quelques mois. Au fond, il y a une salle karaoké avec que du rap et R&B des années 2000 – Destiny’s Child, Nelly, Aaliyah… Parfait pour commencer une soirée ! Et on peut même nous croiser là-bas de temps en temps…

Vous voyagez partout dans le monde grâce au label et à vos DJ sets. Même question : où se passe la fête dans le monde en 2015 ?

Teki Latex : Mexico City !

Orgasmic : L’Amérique Centrale et l’Amérique du Sud en général. Ce sont des pays très jeunes où il y a tout à faire ; les gens ont envie, ils sont ouverts. C’est là-bas qu’il se passe quelque chose en ce moment. À Mexico, la ville vit 24h/24.